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Yvan Marc, le chant des ruptures

Yvan Marc

Yvan Marc (photo Franck Loriou)

Neuvième album de cet Altiligérien (de la Haute-Loire donc) dont le précédent opus, L’Ancien soleil, remonte à il y a quatre ans. On se rappelle de ce titre, Qu’ont-ils fait ?, où, du haut de sa navette, le chanteur constatait les dégâts dus à l’humain. L’homme des bois Yvan Marc, cet ours qu’il dit être, a toujours été préoccupé par ce monde qui va à vau-l’eau. C’est ce qui semble animer son œuvre (à un tel niveau de constance et de qualité, c’en est une), la nourrir pour partie. Yvan est ressorti de sa tanière avec, là encore, de sombres préoccupations qui nous parlent de rupture, de l’âge et du réchauffement climatique.

Est-ce l’active participation de Thierry Bon (qui cosigne les musiques, arrange, assure instruments et programmation), qui a travaillé jadis avec Mickey 3 D, outre de notables accents électro assez inhabituels chez Marc, de réverbs aussi, on retrouve par ci par là des intonations, ce lointain compagnonnage d’avec Mickaël Furnon. Écoutez T’entendre rire c’est retrouver en écho un peu le Tu vas pas mourir de rire de Mickey 3 D, même pessimisme (« C’est mal parti et puis. C’est pas joli, joli / Faut pas lâcher c’est dit »), même façons de formuler ses idées, même résignation que contrecarre un peu le dernier couplet : « Je sais pas comment dire, la colère nuit aux rêves / Donne-moi tes sourires s’il t’en reste en réserve / Donne-moi tes baisers, adoucis mes pensées / Je veux t’entendre rire ». Comme la chanson-titre qu’est Avant les déserts : « Comment on va faire / Comment on va vivre. J’veux pas y penser / A nous la galère / A nous les déserts. J’veux pas y penser ». Pas y songer, mais le chanter, ce n’est du reste pas la première fois chez cet ermite de la Haute-Loire. Qui, tout aussi noir, aborde quelques plages plus loin dans Sommes-nous prêts ? les rives de la guerre sous nos yeux : « C’est quand le monde dérive / Qu’on regrette encore plus le goût des bonbons ».

447748674_907452968058251_1797442950243843208_nCe n’est pas le seul propos d’Yvan Marc, mais le reste est tout aussi tourmenté. Lui parle beaucoup d’amour, des heurts de l’amour. Avec des mots et des tournures qui peuvent offrir d’autres lectures. A qui s’adresse-t-il par ces vers « On se salit après s’être tant adoré / On se détruit après s’être tant consolé » ? L’Homme et l’environnement peuvent s’envisager pareillement dans l’amour et la destruction… Quel que soit le sujet, nous sommes dans la rupture : d’avec le climat d’avant, d’avec la femme, d’avec le corps qui accuse le poids des ans. La souffrance magnifie le propos d’Yvan Marc, trouvant à sa poésie de séduisantes tournures qui tournoient, aidées de musiques obsédantes. En fait tout l’art de cet artiste qu’il vous faut découvrir si pas encore fait : nous sommes dans une niche d’exigence et de beauté, dans une chanson qui ne saura jamais rien d’une quelconque obsolescence.

 

Yvan Marc, Avant les déserts, Labeldiff43/InOuïe Distribution 2024. Le site d’Yvan Marc, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui, c’est là.

 

« Avant les déserts » : Image de prévisualisation YouTube

« T’entendre rire » : Image de prévisualisation YouTube

Une réponse à Yvan Marc, le chant des ruptures

  1. babou 28 juin 2024 à 13 h 54 min

    Artiste de talent qui mériterait une bien meilleure audience. Subtil dans l’écriture, beaux arrangements, l’oeuvre d’yvan Marc est vraiment digne d’intérêt.

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