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Jean-Sébastien Bressy décoche ses flèches

Jean-Sébastien Bressy (photo)

Jean-Sébastien Bressy (photo Fabrice Solomonk Demurger)

28 avril 2024, festival « Chants ouverts » à Saint-Vincent-de-Durfort,

 

Pour se rendre au festival, il fallait ce dimanche-là affronter cette pluie diluvienne sur une route ardéchoise étroite et sinueuse… De quoi dissuader les foules. Dommage pour lui, pour nous aussi.

Car, à dispenser et disperser son art au gré des propositions au pianiste d’accompagnement qu’il est, on ne connaît que peu le nom et le talent de Jean-Sébastien Bressy. En fait, si ce ne sont les fins connaisseurs et son voisinage, on ne sait pas qu’il est également auteur-compositeur-interprète et que ce qu’il fait est, ma foi, d’importance. À mon sens de premier plan.

On ne saura pas que, malgré l’extrême sobriété de sa prestation, ce fut un des grands moments de ce passionnant festival.

Bressy a pour lui sa belle gueule, son regard franc aux yeux ronds, son sourire. Et cet accent méridional qui d’emblée enchante plus encore ses notes, les colore, les anime.

Sur scène, lui au milieu, assis à son piano électrique. Entre un grand poster le représentant en indien devant une deux-chevaux (a-t-on déjà vu un indien sans sa monture ? lui en a deux) et un chevalet où sont posés les accessoires et parures du guerrier sioux. Étonnez-vous ensuite si son tour de chant se nomme « Les Indiens », s’il ne chante que sur ces américains de souche et autres résistants de partout qui, depuis l’enfance, peuplent sa vie… Bressy est un grand enfant qui toujours transcrit ses émotions d’hier et du présent par des mots d’aujourd’hui et de demain. Avec mélancolie, passion, persuasion et souvent facétie. S’il semble accorder de l’importance au passé, il n’en oublie pas le monde dans lequel il vit, en fin observateur, en redoutable chroniqueur. Car des flèches, il en a dans son carquois : il bande son arc et bande bien. Ainsi, en une fable cruelle, il fait décimer le gratin de ce monde par les éléphants comme quand jadis Vian faisait exploser les grands chefs d’États par l’arme atomique : car s’ils aiment la nature « la réciproque n’est pas vraie ». Ainsi il conspue un dieu aux abonnés absents, lui qui « préfère la Carmagnole aux chants sacrés de vos missels »…

Derrière sa gueule de gendre idéal, Jean-Sébastien Bressy est un guerrier, un félin qui avance et chante caché, masqué, avant de fondre sur sa proie et n’en faire qu’une bouchée. Attention d’ailleurs lorsqu’il nous observe, nous son public, estimant sans mal notre âge, ironisant sur son « cimetière french tour », le concluant d’un assassin « c’est toujours chanter sur les planches que de monter sur vos cercueils ». Indien, il décoche ses flèches à tout va. Mais, quand même, c’est à l’arbalète qu’il s’attaque au père éternel : « S’il existe un dieu, il s’en moque ! »

On ne le savait pas, ou pas beaucoup, pas assez : Bressy est de ceux qui comptent dans la chanson. Absent de ses cercles, de ses chapelles et coteries, de la plupart de ses festivals, il n’en est pas moins un superbe et passionnant auteur interprète. Faites-le savoir, programmez-le !

 

Le site de Jean-Sébastien Bressy, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui, c’est là.

 

« Si dieu existe » : Image de prévisualisation YouTube

« Derrière moi » : Image de prévisualisation YouTube

3 Réponses à Jean-Sébastien Bressy décoche ses flèches

  1. Gérard Cerbelaud 1 mai 2024 à 19 h 50 min

    Même pas surpris ! J’ai applaudi son récital dans un lieu mythique dans un village du Loir et Cher l’an dernier ! Comment dire simplement ? Le pianiste, le compositeur, l’auteur et l’interprète sont formidables !
    Quant à l’homme, je laisse le soin aux dames de le définir !

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  2. Eric Frasiak 1 mai 2024 à 20 h 09 min

    Un bel artiste qui dépasse de loin son talent d’accompagnateur…

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  3. Xavier Besse 2 mai 2024 à 10 h 24 min

    Merci Michel pour ce papier ! Il le mérite assurément, l’animal, n’en déplaise à sa belle humilité et à sa discrétion de bon aloi !
    Effectivement, on peut se demander ce que foutent les programmateurs, les festivals, etc. Mais bon, ce n’est pas la première fois ni la dernière que de vrais talents passent longtemps sous les radars de certains cercles… Qu’importe, ceci dit ! Petit à petit, ceux-là font leur chemin et creusent leur sillon jusqu’à ce que les endormis finissent par s’apercevoir un beau jour qu’ils sont incontournables…

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