Jérémie Kiefer « Comptine finale »

Jérémie Kiefer

Paroles Jérémie Kiefer, Musique Jérémie Kiefer et Samuel Cajal. Monotitre 2024

Après Manifeste, en 2018, et Exode, en 2022, dont nous avons découvert À l’orange, d’un érotisme sulfureux, Jérémie Kiefer prépare une troisième volet de sa trilogie, qui devrait s’appeler Racines et sortir en 2025. 

Cette chanson « de larmes et de sang » ne s’intègre pas dans la trilogie. Réalisée par Samuel Cajal, c’est selon les termes mêmes de Kiefer, une comptine crépusculaire, un soleil noir. Les comptines enfantines partent souvent d’événements tragiques qui se muent en ritournelles. Ici dès le départ le décompte n’est pas souriant, enrobé de ses arrangements subtilement percutants, sombres, alarmants, et la conclusion n’est pas plus joyeuse.« Je balaie ce matin tout ce qui s’écroula de nuit / Tout ce qui s’écoula de nos vies »… Mais « Les plus désespérés sont les chants les plus beaux », disait le poète… 

Si Jérémie Kiefer se qualifie lui-même de chanteur à texte, on peut aussi le caractériser par une vision du monde acérée, noire, plutôt trash, qui se traduit par une musique forte, guitares claviers percussions, tempérée par des chœurs féminins. Et un verbe parfois  parlé, « explicite » comme diraient les plateformes. Dans ce deuxième album, des mélodies plus douces accompagnent aussi des chansons, toujours sensuelles (sa voix l’est !), comme Féminin, espérantes, Au fil des soleils, ou plus mélancoliques, comme Exode « Aimer c’est se heurter un peu / Laisser son double au fond des yeux » ou « La vie, ce voyage un peu lent / Sans écrin sans cages en passant / De narcisses en bombardements / La vie n’est pas sage, pas vraiment ». À la fois tranchant et touchant, sa nuit peut se faire tendre et longue, ses musiques, planantes et profondes, et sa Recherche, somptueusement poétique, même quand la vie s’efface en souvenirs, dans un morceau final qui rappelle les plus émouvantes ballades rock des années 70.