Marion Cousineau, le doublé du Prix Moustaki !
Par deux fois reporté cause au climat social dû à la contestation de la réforme des retraites, le Prix Moustaki 2023 vient de se tenir dans une salle de la Sorbonne.
Comme à l’accoutumée, sept concurrents en lice, issus de plusieurs étapes de la sélection : Blaubird, Ben Herbert Larue, Trois Vagues, Checler, Lupo, Nicolas Tarik et Marion Cousineau.
Et le sacre de cette dernière, peu de temps après son Coup de Cœur par l’Académie du disque Charles-Cros. Les lecteurs de NosEnchanteurs, ceux qui fréquentent les festivals et programmations de chanson « à texte » (je n’aime guère cette appellation mais), connaissent cette franco-québécoise née artistiquement lors du festival-étalon qu’est Barjac m’enchante (dont elle est régulièrement bénévole, derrière le bar comme aux cuisines) quand, il y a quelques années, elle a osé se produire nuitamment en scène ouverte : remarquée par Jean-Claude Barens, alors directeur artistique du festival, elle était programmée officiellement dès l’année suivante. Fidèle de La Chansonnade de Pourchères, elle s’y produit aussi, puis très rapidement, un peu comme une traînée de poudre (c’est de la dynamite, cette jeune femme !) elle gagne tous les lieux ou presque, les îlots de résistance où la chanson peut encore s’exposer.
A la fois Prix du jury et Prix du public (ce n’est pas toujours le cas, tant qu’on a parfois l’impression de le public répare sans le savoir les excès, errements ou manquements du jury), Marion Cousineau dénote au vu de précédents palmarès que les amateurs de chanson ont pu, à tort ou à raison, critiquer, voire dénoncer, tant certains lauréats étaient éloignés d’une idée de la chanson compatible avec la matrice qu’est Georges Moustaki, avec des paroles un tant soit peu consistantes.
Solidement ancrée dans la tradition chanson, Marion s’en détache cependant par une poésie, une posture autres : un art à ce jour inédit qui vous touche plus encore, à la fois direct et impressionniste. Qui plus est avec une voix douce, lente, des gestes n’évoquant que le calme : ça tranche avec l’actuel spectacle vivant qui gesticule souvent en pure perte. C’est sans doute cela qui a su toucher ce jury qui a parfois éprouvé un relatif détachement de la chanson au profit de tocades du moment, d’un air du temps qui réduit la chanson à une simple expression musicale, loin, très loin de Georges Moustaki, son inspirateur.
Cette année, au vu de la sélection entre autres de Marion Cousineau, Nicolas Tarik et Ben Herbert Larue, les amateurs de chanson, par nature plus exigeants que les auditeurs de la F.M. et des téléchargements, ne peuvent que s’y retrouver. Que le public vote Cousineau, c’est normal ; que le jury l’élise aussi (semble-t-il d’une courte tête devant Blaubird), c’est aussi surprenant que franchement remarquable. Et encourageant.
Bonne pioche pour le Moustaki (faut-il le souligner, un des prix les plus importants qui soient, malgré l’existence de centaines d’autres) : il suffit de voir à quel point le post qui annonça la double victoire de Marion Cousineau, dès le lendemain matin, fut viral : du rarement ou jamais vu !
Belle opération pour Marion (pourvu que la presse, majoritaire au sein du jury, suive et se mette à parler d’elle, à la diffuser sur les ondes…). Et, entre nous, le chanteur du Temps de vivre, si toutefois là-haut et ses anges existent, doit être fier de celle qu’il peut sans mal prendre pour légitime filleule.
Le site du Prix Georges-Moustaki, c’est ici. Le site de Marion Cousineau, c’est là ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit d’elle, c’est ici.
« Combien de fois et à qui ? » :
Marion Cousineau belle humaine, je l’associe à « Sarment » qu’elle chante, dont elle nomme les humains : auteur /compositeur/interprète : Leprest/Pierron/ Solleville. « Un rien bien ! »…. qu’elle continue , intelligence pas artificielle, pas un produit . Merci !