L’intact souvenir de Michel Corringe
Concert-hommage à Michel Corringe, 7 octobre 2023, La Forge au Chambon-Feugerolles,
« Oh bien sûr / J’ai souvent faim et froid / J’ai envie de m’arrêter parfois / Mais ma route m’entraîne toujours / Désir de concrétiser un symbole / De posséder l’unique beauté / Que l’on nomme liberté… »
La chanson est tellement vaste qu’avec le temps qui passe, s’estompent le nom et l’œuvre d’artistes que nous avons chéris. Bien que disparu en 2001, Michel Corringe, lui, est resté en mémoire de ceux qui possèdent tout ou partie de ses 33 tours, l’ont vu en scène, l’ont côtoyé. Ce ne sont en aucun cas des « fans » au sens de fanatiques (rien que le terme est effrayant…) mais des amateurs de chanson pour qui Corringe fut important, qui se sont retrouvés dans ses chansons, dans une époque aussi. Parmi eux, une bande d’amis, les AMC, « Amis de Michel Corringe », qui entretiennent son souvenir.
Souvenez-vous de Corringe, un temps rival de Lavilliers, avec cependant la confortable longueur d’avance de quelques succès d’importance, tels que La Route et Les Paumés, en 1969. Une carrière courte, de 1968 à 1984 (avec pour ultimes scènes la salle Jeanne-d’Arc de Saint-Étienne puis le Printemps de Bourges) et en guise de furtif come-back un CD en 1998, fait surtout de reprises.
La notoriété de Corringe fut très géographique : principalement la région Rhône-Alpes et la Bretagne. Nos AMC viennent justement de ces régions-là. Créés il y a quatre ans pour un concert-hommage à la salle Jeanne-d’Arc, ils viennent de récidiver, en beauté, à La Forge : salle comble, guichet fermé depuis des mois, et carton plein. On vient tant retrouver un chanteur qu’une ambiance, celle de l’après-68, et beaucoup de sa jeunesse.
Car c’est ça, la chanson : des petits cailloux blancs semés intentionnellement pour retrouver son passé, son histoire, pour justement ne pas être tout à fait « paumés ». Pour absent qu’il puisse être, l’hôte de ce soir est étonnement présent : sur les affiches, sérigraphié sur des verres collectors et en tee-shirt. Dans nos têtes et dans nos cœurs il va de soi. Et, par ses copains et musiciens, sur scène, pour un concert haut en couleurs, retransmis en direct sur Légende FM, une radio du Finistère. Presque deux heures où s’enchaînent les titres en une play-list qui fait crescendo : les plus grands « tubes » seront pour la faim.
Jean-Pierre Boujard est l’interprète du répertoire de ce soir, comme il l’était précédemment salle Jeanne-d’Arc. Interprète impliqué, soucieux des mots et de la parole qu’il porte, respectueux du patrimoine qu’il transmet. Impeccable, professionnel, émouvant. A ses côtés, une brochette de cadors de la musique aux c.v. ahurissants : Patrick Audouin, Jacquy Thomas, Patrice Marzin et David Rusaquen. De la haute-pointure assurément pour un concert cousu mains. Et le public est à la hauteur de l’événement, à parfois chanter avec Boujard-Corringe, d’une seule voix, à souvent se lever et faire montre de son enthousiasme : « Venez à moi les paumés / Les rejetés les parias / Venez je vous guiderai / Là où le malheureux est roi ! » Une telle ferveur est rare, qui ne doit rien aux calculs commerciaux de juteux revival : nous sommes ici dans l’émotion vraie, dans la joie de sincères retrouvailles.
Où l’on s’aperçoit au passage que le répertoire de Michel Corringe (Brocéliande, Me reposer, La Route, Reviens chez nous, J’ai tant rêvé de toi, Liberté, Mâche ta chique, La Douce, Le Fils du grand Martin, Je chante…) n’a pas pris une ride, protégé sans doute de l’usure de trop de (radio)diffusions, qu’il est toujours solide, pertinent, même si dans la mémoire collective s’estompe peu à peu le souvenir de Jack Kerouac. C’est le grand mérite des AMC (de son président Jean-Pierre Brat et de toute sa sympathique bande) d’à sa manière poursuivre la route.
Un MP3 de l’intégralité de ce concert sera bientôt mis en ligne sur Légende FM.
« La Route », « Les Paumés » et quelques autres titres de Michel Corringe :
Mon Dieu que c’est émouvant… Notre Michel un peu parmi nous, encore qu’il ne nous a pas vraiment quittés. Je le revois, chez lui, en Bretagne quelques mois avant son départ. Il était radieux, si heureux de nous revoir. Et puis plus de nouvelles et l’annonce de sa mort sur Chorus, un triste jour. Mais comme vous le dîtes ses chansons sont toujours d’actualité et elles passent souvent sur mon vieil appareil ! Merci à ceux qui le font vivre et à vous qui nous en parlez.
Jean-guy Barkan
c’est par un automne de 68 que Michel -qui fait partie des piliers de notre « cantine » d’après la manche -le Gourguillon- déboule dans mon studio du vieux Lyon rue lainerie, et me dit faut que j’envoie mon « voie/guitare » à Danyel GERARD pour l’arrangement (J-Claude VANIER)… et on enregistre sur mon minicassette « Philips » LA ROUTE… qui aura la carrière que l’on sait… juste quelques temps avant je passe sur le quai en face de Saint-Paul, Michel est là seul assis sur le parapet ;.. »hé Jean-Guy… tu fais quoi ?? ,je lui dis que je reviens de Sète ou j’ai « manché « tout l’été… il me dit, on s’emmerde, les copains sont pas encore rentrés… je lui dis, on prend ma bagnole et on va faire la manche en Avignon ? banco !! nous voilà partis, lui n’a plus de permis, après un accident fautif !
En Avignon, on chante sur la grande place, ensemble ou séparément, et quelques terrasses plus tard un groupe nous invite à prendre un verre… ok ! sympa .!!.causettes et tout et les deux filles nous demandent où on couche ..? « Parce qu’on peut vous héberger si vous voulez » ! (clin d’oeil complice des deux compères qui voient déja la bonne « affaire » dans la poche (kangourou)… et elles nous emmènent… à l’hôpital !! ou elles sont infirmières de nuit ,et on se retrouve comme des con- pagnons de galère sur des lits d’hosto… on a quand même eu droit a un café le matin…! quelques temps après, en plein hiver on part de Lyon à minuit -Michel, ma copine et un pote- dans sa viellie americaine qui bouffait 20L /cent ,pour Paris ou michel allait signer son contrat chez D.GERARD …. pour sortir… »la route » ..!
le printemps suivant apres qq semaines au hit parade de « la route » michel revient a lyon chanter pour le centre culturel de vénissieux ,ou je milite un peu , je l’accompagne banjo/guirares …
on a connu les memes femmes (ça crée des liens) et on se revoir pour une bouffe de temps en temps au grés de nos carrieres respectives … dans les annes 80 il vient coucher chez nous à la « maison régl de la musique ,ou je suis adjoint technique , apres un concert en premiere partie de Alain SOUCHON … il fait cette tournée accompagné d’un seul batteur… par économie ??. guitare /batterie, en accompagnement ,ça fait un peu « petits bras « … je l’engueule un peu ,jugeant ça pas très pro… mais… ça c’était CORRINGE son coté « tête de lard »… ingérable…
quand j’ai retrouvé sa trace après qq années en bretagne donc , je me suis promis de monter le voir… j’ai appris sa sortie de la vie avant d’avoir pu le faire… peu de temps après la sortie discrète de son dernier album le CD de « résilience » ou je découvrait qu’il chantait encore… on ne devrait jamais remettre à plus tard…. ! mais ravis de savoir que des fans entretiennent sa mémoire !.c’était un ami des mes débuts j’ai parfois chanté « la route dans mes concerts en hommage, il m’a manqué… il me manque ; PAIX A SES OS !….
Le lien pour le podcast du concert hommage à Michel Corringe :
https://www.legendefm.fr/index.php/fr-fr/podcast/158-les-concerts-de-legende-fm