Jane Birkin, 1946-2023
Perdre Birkin, suivant votre âge, c’est un peu comme perdre sa sœur, perdre sa mère, perdre une mamy qui n’en a pas l’air, toujours pieds nus en jeans et son basket à la main. Cheveux au vent cachant les épreuves de sa vie. Les réactions de ses pairs, ceux dont elle était la muse, ceux avec lesquels elle a si souvent joué ou chanté, se succèdent. Biolay, Beaupain, Frédéric Bobin, Daho, Pierre Lapointe, Florent Marchet, Jean Marie Perier, Hervé Suhubiette, Johan Sfar… mais aussi la femme ou l’homme que vous croisez dans la rue. Un seul mot : tristesse.
On ne vous racontera pas à nouveau son enfance anglaise, fille d’un commandant de la Royal Navy, David et d’une actrice, Judy Campbell, elle même fille d’auteur de théâtre. Son premier mariage à dix-sept ans avec le compositeur John Barry, la perte de sa fille Kate, issue de cet amour, à quarante-six ans en 2013, le plus grand drame de sa vie.
Sa carrière au Cinéma et au Théâtre.
Sa rencontre avec Gainsbourg (je me souviens de leurs échanges mi figue-mi raisin à la télévision), auquel elle fut fidèle même après leur séparation, chantant ses amours des feintes, chansons toutes de Serge, couverture dessinée par Serge, vidéo de Serge, un an avant la mort de celui-ci en 1991, presque le même jour que son père. Le chantant encore en symphonique en 2017.
Sa rencontre avec Jacques Doillon, qui lui permit aussi d’enrichir sa carrière cinématographique. Chacun de ses amours faisant naître une fille, Charlotte avec Serge, Lou avec Jacques.
Après plusieurs soucis de santé, Jane avait le projet de rechanter, de remonter sur la scène du théâtre cet automne. Jane c’était la fille à qui l’on voulait ressembler, celle dont rêvaient les garçons, nature, engagée pour les bonnes causes. Jane c’était aussi une chanteuse, inoubliable interprète de fraîcheur naïve, qui n’osa écrire elle-même qu’au XXIème siècle, avec d’abord cet album autobiographique, Enfants d’hiver (2008), puis en collaboration avec Etienne Daho, Oh pardon tu dormais, 2020. Daho, un des premiers à réagir : « Inimaginable de vivre dans un monde sans ta lumière. »
« Amours des feintes », 1990
« À la grâce de toi » 2008
« À marée haute », 2020
Je ne sais plus quand c’était, ni où. C’était un théâtre à l’italienne et j’étais à un des balcons, sans doute le plus haut perché. Jane était sur scène. Avec un petit décolleté. Tout en savourant ses chansons, je matai sa petite poitrine. J’ai tellement aimé ce concert que, je vous le jure, je crois avoir vu ses seins. Doux souvenir, peut-être rêvé, mais c’est celui que je garde, que j’emporte.