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Philippe Forcioli, 1953-2023

Philippe Forcioli

Philippe Forcioli (photo Michel Ingrand)

Comment parler d’un chanteur si à l’écart de la chanson mais si présent dans le cœur de ceux qui savent le bonhomme et son importante œuvre ?

L’ultime CD dans lequel il aura été présent fut celui de la Collection NosEnchanteurs, au printemps 2022, sur Brassens, avec sa reprise de L’Enterrement de Paul Fort. J’ai depuis, toujours punaisée sur le mur de mon bureau, cette lettre manuscrite au feutre bleu « Merci pour ton hommage à Brassens. Heureux que tu aies pensé à moi. »

Il y a peu, pas même un mois, nous avions discuté au téléphone, quelques minutes avant qu’il ne parte pour une nouvelle chimio. Sa voix trahissait le temps qui lui restait. Et la peur aussi…

Gardons-le en nous au présent. Philippe Forcioli est un ermite de la chanson qui, derrière un air parfois bourru, en est la plus pure poésie. Oranais de naissance, il a adopté la Provence pour pays. Et cet accent, qui fait chanter ses chansons plus que de raison. Il est poète mais chante aussi d’autres que lui, notamment et surtout René-Guy Cadou (son ultime opus est un double album fait d’une cinquantaine de chansons de Cadou).

D’aucuns tiendront Forcioli pour catho, donc à distance. Il est vrai que son répertoire fait place belle à la spiritualité. Je le vois plus comme un homme, un artiste se questionnant et questionnant le monde, tutoyant le mystère, l’éternel. A l’heure qu’il est, il doit d’ailleurs savoir et valider ou non ces foutues questions. Nulle surprise de trouver dans sa discographie le François d’Assise puis le Jeanne d’Arc de Joseph Delteil, La Prière au Saint-Esprit de Marie Noël ou encore ce récent et double album au titre de On n’est jamais trop près du ciel fait de chansons qui approchent l’idée de Dieu. Mais Forcioli est un laïque, d’aucune religion, aucune obédience, lui qui évolue dans une chanson justement peuplée de chapelles… « Je crois au tout et au rien, au oui et au non. Je crois que c’est dans le choc franc de ces deux silex que sont la vie et la mort, qu’une étincelle nommée poésie s’éclaire et nous éclaire » écrivait-il en exergue d’un de ses albums.

Forcioli est la douceur même dont les mots évoquent les saisons, célèbrent l’oiseau, se frottent à l’écorce de l’arbre, prennent le temps d’admirer, de reconnaître et fêter la beauté. « Il donne des ailes aux évidences, de la force aux papillons et du rêve à qui veut l’entendre. Qu’il chante ses textes ou ceux de Delteil, Brassens ou Cadou, il offre une chance au genre humain » ai-je lu : c’est difficile de mieux le définir, le retenir.

Forcioli nous sert à aimer la vie, à nous réconcilier avec ce que nous avons perdu. Sa force d’évocation poétique est telle que le découvrir c’est à jamais l’adopter. C’est à l’évidence en faire un de nos favoris de la chanson tout en appréciant sa différence, ses déférences.

A l’ignorer, les acteurs de la chanson comme les prétendus historiens de la chanson ne savent pas ce qu’ils ont perdu. C’est un sage qui vient de partir pour on ne sait où, peut-être dans ce là-haut qui l’intriguait.

MICHEL KEMPER.

 

 

Un ultime livre tissé dans les feux du matin

 

FORCIOLI Les impromptus de la sauvegarde 2023-02-20Philippe Forcioli, Les impromptus de La Sauvegarde. Histoire vraie d’un petit miracle132 p., 15 € l’exemplaire (frais de port 4,50 €), aux éditions Jean Lavoué, L’enfance des arbres. 3, rue vieille ville- 56700 Hennebont. Tél. 07 89 98 98 28. Site : www.editionlenfancedesarbres.com

Qu’il est bon d’imaginer une fois encore la voix de Philippe Forcioli, décédé ce jeudi 16 février. « A l’heure du déjeuner. Il était très entouré » assurent ses proches. Cette voix, c’est celle que l’on entend en découvrant son ultime chant à la vie, Les impromptus de La Sauvegarde, écrit au fil des heures alors qu’il était hospitalisé. Il s’en explique en ouverture : « C’est un homme qui esquisse des sauts, des entrechats modestes en s’aspergeant les mollets d’une eau de mer entre fraîcheur de nuit et tiédeur de la journée passée sous le soleil. Il a l’air de transporter avec lui de bonnes nouvelles à livrer à l’aube et qui embaument les rues d’un nard aussi gentil que le parfum des petits chocolats qui sourd des boulangeries qui travaillent en même temps que lui-même danse. Dieu veuille que je voie le printemps, Dieu veuille que je tienne un jour dans mes mains ces impromptus sauvegardés… Que la joie quotidienne qui m’anime ici dans ce lit de malade m’accompagne jusqu’au bout ».

La citation est un peu longue et décrit la réalité d’un ouvrage arraché aux obscurités pour faire entrer la lumière des jours. Le livre vient de paraître. Comme un printemps avant l’heure. Poésie et foi, Philippe Forcioli questionne l’une et partage l’autre. Poète ? Voilà que « ce grade suprême dans la hiérarchie des dons, des talents » lui est attribué. Il est devenu poète affichant plus de 500 chansons-poèmes, 15 CD, 3 recueils et nombre de prix et donc : « Tout pourra être » écrit-il, et même être sauvé assure-t-il en citant François Cheng. Et voilà que le poète balise la route : « J’ai beaucoup pensé au rôle, à la mission, au devoir et à l’honneur de l’artiste, beaucoup demandé ce qu’était un artiste ». Avec la volonté de «  toujours choisir l’étoile lointaine du ciel plutôt que le projecteur du marché chantant du temps… Beaucoup cru aux mots de témoignage, Parole, résistance, maquis, liberté, balade et ballade, vent, oiseau, route, ensemble ». L’esprit de François d’Assise ne cesse de parcourir ces pages. Philippe Forcioli, celui qui avait adapté le livre de Joseph Delteil, a dansé en apprenant l’élection du Pape François. Espérant un souffle « françoisier » sur l’Eglise. Ces impromptus sont aussi le recueil d’un « petit miracle ». Comme un signe envoyé par l’écrivain Christian Bobin. « Sacré Bobin », envolé le 23 novembre 2022. Où l’on découvre la dédicace de l’auteur de « L’homme-joie » à l’ami Philippe : « Pour Philippe qui met le soleil en chansons ». Tout est dit.

ROBERT MIGLIORINI.

 

Les obsèques de Philippe Forcioli auront lieu le mercredi 22 février à 13h30 en l’église de Labastide-en-Val (11220). Un hommage lui sera rendu le 9 août à Villar-en-Val.

Le site de Philippe Forcioli, c’est ici

 

« Les Quatre saisons » : Image de prévisualisation YouTube

« Le Pays de l’ami » : Image de prévisualisation YouTube

18 Réponses à Philippe Forcioli, 1953-2023

  1. Audibert 16 février 2023 à 20 h 11 min

    Quelle tristesse! La qualification de poète est souvent galvaudée, mais s’il est un chanteur qui la méritait, c’est bien lui… Il y a bien longtemps, dans le cadre de la publication d’un fanzine provençal, Philippe Forcioli nous avait reçu dans le corps de ferme qu’il occupait du côté d’Aubagne, plus tard je l’ai croisé par hasard devant la poste de Digne, ville près de laquelle il s’était installé. Je me souviens aussi d’une série de récitals qu’il avait partagé avec le tout aussi regretté Morice Bénin, autour du poète René-Guy Cadou… Comme vous dites souvent, bien sûr il reste les disques, mais quand même… quelle tristesse!

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  2. babou 16 février 2023 à 20 h 59 min

    Un artiste, chantre de la douceur, à la plume aussi légère que l’oiseau, libre comme l’air, un jardinier des friches, l’âme toujours accrochée à un nuage.

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  3. Juton 16 février 2023 à 21 h 48 min

    Ah merde ! Quelle tristesse. Un poète, un auteur, compositeur et interprète de talent. Un homme exquis.Dans une « autre » vie professionnelle je l’avais invité à chanter en Ardèche. Je le revois chanter « Louisfert » de René Guy Cadou au pas de l’âne. L’Ardèche il y a habité, à Aizac au-dessus d’Antraigues sur Volane. Et puis, les Corbières dans l’Aude, Villard en Val, Joseph Delteil, le sentier en poésie, la Delteillerie, …. c’était lui. Un ami en poésie. Au revoir Philippe, tu auras été une de mes belles rencontres.

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  4. Gallet 17 février 2023 à 8 h 09 min

    Il se savait condamné et publiait tout récemment un bouquin écrit pendant une hospitalisation. Chez Jean Lavoué, édition  » l’enfance des arbres ».

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  5. jean philippe buresi 17 février 2023 à 13 h 16 min

    Louis philippe Forcioli de Forciolo (Corse)Athos de 4 pré ados mousquetaires en pleine liberté dans le maquis, amoureux d’ Amstrong , Jean Christian Michel, de l’illustre sétois, de Jehanne, De Delteil et bien d’autres. N’en revenant pas d’avoir pu vivre jusqu’au bout sa vie de baladin, de troubadour comme il l’aimait.
    Très triste adieu

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  6. DE BEAULIEU 17 février 2023 à 15 h 02 min

    Oui, il faut vraiment vous précipiter sur ce livre de Philippe, qu’il a pu avoir dans ses mains une semaine avant de passer sur l’autre rive. Vous aurez tout ce qu’il faut en allant sur l’adresse indiquée ci-dessous.
    Et pour tous les amoureux de Bobin, qui attendait Philippe, un « petit miracle à la fin du livre ».
    Olivier
    https://www.editionslenfancedesarbres.com/philippe-forcioli–les-impromptus-de-la-sauvegarde.html

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  7. DE BEAULIEU 17 février 2023 à 15 h 06 min

    Oui, il faut vraiment vous précipiter sur ce livre de Philippe, qu’il a pu avoir dans ses mains une semaine avant de passer sur l’autre rive. Vous aurez tout ce qu’il faut en allant sur l’adresse indiquée ci-dessous.
    Et pour tous les amoureux de Bobin, qui attendait Philippe, un « petit miracle » à la fin du livre.
    Olivier
    editionslenfancedesarbres.com/philippe-forcioli–les-impromptus-de-la-sauvegarde

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  8. BRES JEAN-MARIE 17 février 2023 à 15 h 34 min

    NOUS NOUS ETIONS RENCONTRES IL Y PLUS DE 40 ANS . JE T’AVAIS FAIT VENIR DEUX FOIS DANS MON PETIT VILLAGE DE VAUCLUSE ET C’EST LA QUE PHILIPPE REIS AVAIT FAIT TA CONNAISSANCE . PAR LA SUITE J’AI ACHETE BEAUCOUP DE TES ENREGISTREMENTS ET IL Y A QUELQUES MOIS ENCORE NOUS NOUS SOMMES PARLE AU TELEPHONE , SUR L’OEUVRE D’ORAN ET DE BIEN AUTRES CHOSES . J’ECRIS AU PRESENT CAR POUR MOI TU SERAS TOUJOURS PRESENT .
    JEAN-MARIE BRES

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  9. asnard yolande 17 février 2023 à 18 h 46 min

    Oh combien il a éclairé certains de mes pas , ce grand cousin!
    Sa différence, sa plume, sa volonté d’ÊTRE.
    Il a toujours chanté dans ma maison, mes enfants en sont témoins ils fredonnent aussi ses textes.
    Et il continuera à « en chanté » mes jours, toujours présent.
    Yôlande

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  10. Jean-Pierre GABILAN 18 février 2023 à 9 h 26 min

    La rencontre avec l’oeuvre de Philippe, puis avec l’homme, ont été des étapes qui marquent une vie. L’émotion procurée par les chansons et les textes, l’émotion ressentie durant les spectacles, le plaisir des moments partagés… Aujourd’hui, l’infinie tristesse a pris place. Certes, l’oeuvre demeure. Mais comment accepter que Philippe s’en soit allé si tôt ? Il n’a peut-être pas été au devant des scènes médiatiques, mais quand il affirmait dans une émission de radio  » avoir été entendu », il ne se trompait pas. Il l’a été et a bouleversé bon nombre de gens. J’en suis.

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  11. HUMENRY 18 février 2023 à 9 h 53 min

    Où vont les poètes ?
    Le soleil est à nouveau absent ce matin.
    J’ose espérer.
    L’espérance est audacieuse.
    J’ose espérer que cet ailleurs est est là, ailleurs.
    Sinon à quoi servirait de vivre ?

    Ces quotidiens gris avec leurs petits matins soucieux des traits d’amour pour des enfants, pour une femme un homme.
    Nous nous retrouverons autres débarrassés de nos oripeaux.
    Simples et neufs !
    La foi, ma foi c’est juste la simple confiance dans l’importance du geste gracieux.
    Je te dis
    Mon ami
    Adieu, à Dieu
    Je te dis
    Mon ami
    À bientôt nous deux
    Jean Humenry

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  12. Tocade 18 février 2023 à 11 h 22 min

    Un grand passeur de poésie !

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  13. Jean Lapierre 19 février 2023 à 9 h 39 min

    Merci Michel pour cet article qui dit tant sur cet homme qui chantait et chantera au delà des nuages de l’âme…

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  14. de Samie Jean Marc 19 février 2023 à 10 h 58 min

    Un grand pan d’histoire de la musique, de la chanson et de l’amitié nous restera. Que vive Philippe.
    Jean Marc de Samie

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  15. Yves BARBERON 19 février 2023 à 11 h 55 min

    MERCI à nos enchanteurs pour le Bel Hommage à Philippe FORCIOLI. Je l’ai apprécié dès le 1er contact, depuis le temps des bleuets, 1989. Que de chemin fait à ses cotés sans jamais réellement l’avoir rencontré, par humilité, par timidité mais surtout par respect à cet Homme qui a tant écrit. C’est
    un Homme inoubliable, un Homme Auteur-Compositeur-Interprète de talent dans l’ombre des médias mais dans la lumière de ceux qui savent capter la beauté, le tendresse, l’humanité ! BON VOYAGE A PHILIPPE en espérant qu’il pourra revoir, là où il est maintenant, d’autres Artistes que j’aimais boire à leur fontaine, Jean VASCA, Môrice BENIN, Pierre MENORET, Bernard HAILLANT…

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  16. MUSIALOWSKI 19 février 2023 à 17 h 16 min

    Il est des mots qui s’élèvent si haut qu’ils conduisent au Très-Bas. Ceux de Philippe le font. Flèches décochées avec un arc en ciel, ils atteignent le cœur en plein cœur. Galets plats ricochant sur les flots de l’âme, ils trébuchent, faillissent sombrer, repartent de plus belle. C’est la mission du poète, les y maintenir, entre tourment et espérance. A l’instar d’un Bobin émerveillé, d’un Julos tendre et révolté, il y parvenait grandement. Ses poèmes rappelaient cette évidence : Dieu est Amour. Il n’est que cela. Il est tout cela …

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  17. CELEGUEGNE 21 février 2023 à 10 h 38 min

    Je suis très touché et attristé d’apprendre ton départ pour le pays d’après-vie.
    Vers 1991, tout jeune apprenti auteur compositeur interprète, j’avais été invité à te voir en concert pour la première fois. En sortant de la voiture, j’avais aperçu un type, pantalon vert et sandales, en train de fumer sur le parking de la salle de concert.
    Puis, tu es arrivé sur scène et ce type, c’était toi. J’en ai pris plein la vue et les oreilles ce soir-là. Juste avec une guitare et des mots vivants. Je pense que j’ai cherché à te ressembler, à toi l’aîné, tandis que je me cherchais quelque part entre Beaucarne et Brassens. Nous nous sommes souvent écrit. Pas seulement pour nous dire des choses très agréables car tu étais exigeant. Tu avais raison, moi je me prenais déjà pour un poète absolument génial…
    On a parfois partagé des scènes. J’ai fêté mes 20 ans dans ta bergerie à Rougiers (Var). On s’est un peu perdus de vue mais on se donnait des nouvelles de temps en temps. Puis plus rien. C’est ainsi.
    Je crois que grâce à toi et à tes remarques acerbes sur mon écriture qui tournait en rond, j’ai eu envie de tourner la page, en 2009, et d’écrire autre chose : des livres par exemple… Aujourd’hui, je t’en remercie. Je pense à Georges Moustaki, qui t’invita au Toursky un soir mémorable, à Jacques Bonnadier, à Jacques Bertin et Anne Sylvestre vus ensemble sur scène à l’Escoutille, à Michel Melchionne, à Jean Duino, à Michel Barelier, à Jean-Marc Dermesropian, à Bernard Abeille, à Pierre Castaner, à Anne Testard, pardon pour les oublis…
    Bon voyage, mon cher Philippe. Merci.
    Nicolas Céléguègne

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  18. Madeleine 22 février 2023 à 17 h 50 min

    Tu es parti
    avant le parfum des lilas
    Un nuage a posé sur ma main
    l’ombre d’un papillon

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