Romain Didier, 364 titres, 485 grammes de bonheur

Romain Didier (photo non créditée tirée de son facebook)

C’est une modeste boîte, un « petit cube cartonné » qui, mine de rien, contient l’œuvre de toute une vie : 364 titres, ce n’est pas banal ! Qui plus est pas n’importe quelle œuvre. La modestie du coffret tranche avec le somptueux de l’intégrale de certains rimailleurs vedettes au répertoire indigent, vite oublié. Ici, c’est la renommée sans les trompettes qui vont souvent avec : en quelques lignes seulement au dos de l’objet, notre chanteur au piano nous le présente, avec modestie : « J’ai fait le choix de l’exhaustivité. Tout ce que j’ai chanté est là. Si j’ai choisi de conserver les chansons dans leur environnement musical d’origine, c’est que je sais que c’est la mode qui date et que c’est elle qui, comme par magie, place des petits drapeaux indélébiles dans nos mémoires. » Un livret, avec les textes des chansons, et la préface, simple et émue, de Laurent Valéro, programmateur à France-Musique et directeur du festival des Nuits de nacre à Tulle.

Ça tient en à peine un demi-kilo, mais c’est un bel objet, riche de son contenu : tout Romain Didier ! Tout dans son jus d’origine, son liquide amniotique. C’est dans le triple album D’hier à deux mains, ici inclus, dans les trois CD en concert et dans le Dans ce piano tout noir de 2016 qu’on trouvera d’autres propositions, autres orchestrations plus sobres, plus intemporelles.

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C’est en 1980 qu’à la faveur d’une collection de RCA, Paroles et Musique (créée par François Dacla qui, bien plus tard, créera le label EPM !), sur « la nouvelle chanson française » (un concept de l’époque) que sort un premier 33 tours de Romain Didier. Premier titre de la face A : Promesses, Promesses sous-titré Les Tramways de Shangaï. « Un album d’arrangeur assez fouillé pour intéresser d’autres musiciens » en dira après coup celui pour qui la carrière de chanteur ne semblait pas être une perspective. Ce n’est que l’année suivante que sortira Amnésie, mais en 45 tours.

L’irruption de Didier, jusqu’alors pianiste accompagnateur de vedettes de la chanson (de Nicole Croisille entre autres, pour qui il écrit des premières chansons) fit grand événement dans le petit milieu de la chanson : « funambule nonchalant qui déambule au fil du temps », il est de ceux qui dès lors charpenteront cet art, certes à l’ombre des médias, encore qu’il en bénéficia un peu à ses débuts et pu ainsi se constituer ce public qui, quarante ans après lui, est toujours fidèle. Ses vers sont troussés avec rare élégance. Je parle des siens, que dire alors de ceux de l’ami et complice Leprest avec qui Romain Didier fit copain-copain, addition de talents au sommet, ce talent des artistes qui durent dans le cœur des gens. Leprest pour qui Didier se fit compositeur et souvent interprète

De « Paroles et Musique » à « Souviens-moi », tout Romain Didier !

Un tel coffret est pur festival, c’est de la pyrotechnie appliquée à la chanson, un cadeau sans fin mais avec grand appétit. C’est l’occasion et c’est pas si fréquent, de mesurer le parcours d’un artiste, de sentir les oscillations, les avancées de son art. Ceux qui se contentent d’une ou deux chansons – des tubes – sur un fichier téléchargé ne sauront jamais rien de la notion d’œuvre, de parcours artistique. Eux consomment tandis que nous, nous apprécions, nous savourons, nous nous délectons ici de quatre décennies d’une chanson impeccable, implacable, sans beaucoup d’équivalent.

Ne vous demandez pas l’exhaustif générique de ce coffret : tout y est, tout. Y compris cet album jeune public Vive les vacances ! (le contenu de ce livre-disque paru dans la collection Gallimard Jeunesse Musique en 2010 a été réenregistré pour l’occasion), y compris (quel bonheur !) quatorze vieilles chansons populaires (Aux marches du palais, Le Roi a fait battre tambour, Tu t’laisses aller…) enregistrées pour Sélection du Reader’s digest.

Vous avez déjà des albums de Romain Didier et ça vous fera des doublons ? : tant mieux, offrez-les, propagez le Didier, vous ferez des heureux !

Romain Didier, L’Intégrale, 16 CD, EPM/MCA/Universal 2022. Le Wikipédia de Romain Didier, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui, c’est là.

« Amnésie » : 

« La Nostalgie » : 

« Chinamour » :