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Mouhet 2022. Dautin, l’insoumis de la chanson

Yvan Dautin (photo Benjamin Laurent)

Yvan Dautin (photo Benjamin Laurent)

Festiv’en Marche, 3 juin 2022, Grange Fernand-Maillaud à Mouhet,

 

C’est un monument de la chanson, certes d’une grande modestie, mais un monument qui est là, devant nous, sur cette scène si chaleureuse de Mouhet : Yvan Dautin, que ni les aléas ni les vagues n’ont réussi à nous faire oublier. Sur scène avec toujours ce complice que tout artiste soucieux de beauté et de perfection doit lui jalouser : Angelo Zurzolo

Bien sûr, la voix est parfois éraillée, la mémoire hasardeuse, mais Yvan fait toujours le Dautin, ce clown blanc qui va et vient, du comique au tragique, traquant l’absurde de nos vies, parfois l’insoutenable. C’est un monde mis à nu, pas étonnant que, dès l’entame, il chante une dame qui s’effeuille. Puis les feuilles, les papiers de cet huissier lui-même saisi par le froid.

Dans le fief d’un certain Gauvain Sers, porter une casquette pour tenue de scène relève une certaine proximité, je n’ose dire une parenté, mais j’aime l’idée d’un tel couvre-chef comme signe de ralliement. Pour affirmer son antériorité, Dautin porte en plus des bretelles, ça lui confère belle allure et force l’admiration des dames.

« C’est le vent qui colporte la mauvaise nouvelle / Plus d’abeilles, plus de miel / Et notre terre est morte ». L’Yvan alterne le show et l’effroi, tel est son art de colporteur de nouvelles.

Des nouvelles, il n’en fera que deux (il nous faudra patienter encore quelques mois pour la prochaine livraison discographique). Dont une sur ces négriers des temps modernes par le truchement de cette quasi esclave, exploitée, humiliée, corvéable à merci, « elle ne sait ni lire ni écrire », qu’on a privée de ses papiers ; un autre peu commun qui s’inspire de La Commune : « Les bourgeons versaillais / Fleurissent au mois de mai / Sanglante est la Semaine / Elle dure toute l’année ».

Éternel Dautin dont le timbre dentelé et fantaisiste, se prend parfois pour Bourvil, parfois pour Julien Clerc. Qui s’aventure en de sombres et périlleux quartiers : « Monsieur William, vous manquez de tenue / Qu’alliez-vous faire dans la cinquième avenue ? » Dautin, avec pour père la poésie et pour fille l’insoumission : il nous chante ce qui restera pour longtemps son manifeste, Un monde à part : « Et j’ai du mal à suivre / Le pas des décideurs… » Un Dautin doucereux qui met son Cœur à l’encan, qui, comme un de ses personnages, aimerait un ciel sans nuages, toujours bleu. Mais comme médusé par la marche de notre société, qui va à sa perte. Est-ce pour cela que, comme une gracieuse ponctuation d’humour, il nous ressort La Méduse, son premier tube du siècle passé ?

 

Le site d’Yvan Dautin, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui, c’est là.

« Au saut du lit », audio Image de prévisualisation YouTube
« Monsieur William » Hexagone, 2017 Image de prévisualisation YouTube
« Le cœur à l’encan », audio, DécOuvrir 2020  Image de prévisualisation YouTube

 

Une réponse à Mouhet 2022. Dautin, l’insoumis de la chanson

  1. Tocade 6 juin 2022 à 10 h 05 min

    Un très grand artiste , libertaire en ces temps de caporalisme !

    Répondre

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