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Barjac 2021. Buffaud, la force intranquille

François Buffaud (photos Anne-Marie Panigada)

François Buffaud (photos Anne-Marie Panigada)

1er août 2021, Barjac m’en chante, Chapiteau du Pradet,


Quand on le voit, on se dit direct qu’on est face à un mec cool kiss la joue pas.
Quand on l’entend, on se dit qu’on est face à un chanteur heureux d’être sur scène.
Mais quand on discute avec lui, on se dit juste qu’on s’est complètement planté.
Alors, on arrête de se fier aux appâts rances et on avance…
Buffaud en concert, c’est une succession de chansons dont les textes ressemblent à s’y méprendre à des tableaux de notre propre existence. Et en ce dimanche 1er août 2021, dès que sa bouche a caressé mes oreilles, sa voix tranquille -et apparemment pleine d’assurance- m’a, d’une certaine façon, imperceptiblement raconté ma vie.
cR0801-507Alors, sa set-list, la voili ci-dessous, dans l’ordre des tableaux choisis pour embarquer le public conquis dans sa bal(l)ade barjacoise. J’ai choisi quelques vers parlants de chacune des « chansons-nouvelles » qu’il égrène du fin pinceau à peine humecté des nuances subtiles de sa large palette. Parce que ces mots-là, agencés de cette façon-là, même s’ils ne le sont pas à la façon d’un Bernard Joaillier, finissent tout de même par nous révéler des fils de soi, avec une humanité qui ressemble à du Joyet.


« Ça défile en photos en affiches épinglées en boîte à maquillage en cheveux jaune paille
Souvenir d’un vieux clown qui vient de renouer pour la dernière fois son habit à sa taille » (Laissez-moi rire)
« L’assurance de sa peau lisse m’a laissé un compte en manque
Mon cœur est tendre aux supplices je suis juste un saltimbanque » (Un compte en manque)
« Mais toi, dis-moi toi mais comment sais-tu déjà ?
Mais toi, dis-moi toi mais comment sais-tu tout ça ? » (Dis-moi… toi)
« Vous raconter Madame séchant vos vagues à l’âme
C’est vrai, j’ai coulé tous les jours sans vouloir crier au secours
C’est quand je bois la tasse que ma vie se remplit » (Les cabines de plage)
« On f’ra semblant quand on sera mort
I’ s’ra bien temps d’avoir des remords » (On f’ra semblant quand on sera mort)
« Mal à l’endroit mal à l’envers se tricotent des mots des vers
Je tisse les notes de tes silences pour m’accorder de ton absence » (Mon Capitaine)
« Car c’est là qu’un jour il a vu entrer comme une étincelle trop vite passée
Une robe rouge qui semblait danser et rendit plus belle toute sa journée » (La robe rouge)
« Le vent le vent suffit à mon bonheur
Le vent le vent disperse nos erreurs » (Y serons-nous ?)
« Ils ne s’encombrent pas de paquets de bagages
Et ne savent jamais où poser leur voyage les voyageurs » (Les voyageurs)
« Si le vieux clocher sonne encore il ne fait pas taire les cigales
Tranquille l’horloge tourne sans compter ici le temps n’a qu’une aiguille » (Vaugelas – 26400)
« Ne regarde pas mon chemin juste il faut prendre le tien
Et même si tu dois tomber apprendre à te relever, marche » (Le grand escalier)
« Garder poings serrés ça ne sert à rien
Je te laisse aller et je me souviens » (Le sablier)
« On se demande comment ça vient on sait pas trop à quoi ça tient
Ami-ami ami, frangin un peu de tout beaucoup de rien
Trament des fils tissent les liens d’ami-ami ami frangin » (À mi-frangins)
« J’avais pourtant bien conservé, dans les plis de mon vieux carnet,
Tout c’ qui ‘ fallait pas que j’oublie pour pouvoir continuer ma vie » (La gare d’Issoire)


Quelles histoires que les siennes ! Si proches des miennes ! Et c’est certainement parce qu’elles sont manifestement cousines que je me suis soudain senti con-cerné ! Et parce que, en les écoutant, je ne sais encore pas pourquoi, j’ai immédiatement pensé à l’Allain Leprest (qui nous manque tant !) de Ton cul est rond comme une horloge : J ?ai tant couru contre ta montre, voici qu’à l ‘heure de la rencontre, je me sens des doigts d’horloger.
Visuel CD 2021Mais, ceci étant écrit -ni au-delà, ni en-deçà des mots, mais faisant (à)corps avec eux-, il serait terriblement injuste d’oublier la musique qui y est délicatement -et avec beaucoup de justesse- associée. Parce que le tricotage de nacre virtuose de Sébastien
Debard et le tissage de cordes maestrien de Philippe Parent s’osmosent si bien à la guitare tranquille de François, que notes et mots finissent par devenir indissociables les unes des zôtres. D’autant plus que le 4ème artiste de ce trio à mi-frangins, l’ingénieux du son Pierre Jandaud, s’honore de nous distiller un son nickel, sous ce chapiteau pourtant si difficile à sonoriser !
Bref, j’ai adoré cette proposition qui, si elle n’a rien de révolutionnaire, m’a permis de saisir au vol pourquoi, durant ce moments suspendu, Le temps n’a qu’une aiguille (titre du superbe album qui sort ce 22 octobre 2021). Finalement, je crois avoir compris pourquoi j’aime autant François Buffaud : parce que, comme moi, il a arrêté de prendre les cons pour des gens…

 

Le site de François Buffaud, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui, c’est là.

« A mi-frangins » : Image de prévisualisation YouTube

Une réponse à Barjac 2021. Buffaud, la force intranquille

  1. J-Claude Romain 24 octobre 2021 à 17 h 47 min

    J’étais, vendredi soir à Isle pour le concert de sortie de « Ici le temps n’a qu’une aiguille ».
    Ce concert, avec les même protagonistes, plus Fernando Lopes Fadiga aux lumières, a confirmé tout ce qui est écrit dans l’article… en mieux

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