Romain Didier, douze chansons pour un subtil voyage intérieur
La même année, recevoir de la part ses pairs le prix Jacques Douai (rendu public au cours du festival estival Barjac m’enchante) et sortir un magnifique album de chansons originales, « Souviens-moi ». Le premier depuis dix ans. Ces coups de pouce se conjuguent pour Romain Didier, parfait connaisseur du répertoire et artiste multicarte au service de la scène actuelle.
Parce que durant ces dix années entre ses deux albums le pianiste amateur de Bach et de Barbara n’a pas manqué de déployer ses talents. Que ce soit notamment comme orchestrateur en hommage à l’ami Allain Leprest, avec notamment le Leprest symphonique, ou encore pour l’écriture d’un conte musical (avec Gil Chovet), d’un album pour Jean Guidoni et pour son propre compte avec le spectacle Dans ce piano tout noir. Sans compter des invitations dans des conservatoires de musique et autres interventions. Intéressant parcours depuis le premier album « Paroles musiques » en 1980, après une première partie dans un spectacle de Nicole Croisille. Des prix et la reconnaissance du public ont ponctué ces années.
« Je suis entré dans la chanson par la musique, j’y suis resté par le texte » confie aujourd’hui le septuagénaire. Dans son nouvel album le compositeur s’est pris une nouvelle fois au jeu de l’écriture. Avec succès à l’écoute des douze titres qui dessinent un univers où la mélancolie présente des couleurs délicates. A la façon d’un peintre Romain Didier choisit des éclairages doux pour entrer dans la malle aux trésors de ses souvenirs. Le fils d’un pianiste et d’une cantatrice n’a pas oublié les années d’enfance à Rome et autres escales. Comme dans « On dirait qu’ça passe : « On dirait… / Que le temps efface / Une à une les traces de tous ces petits riens / Ca refait surface / Et puis ça vous étreint ». Au fil des chansons les petits riens balisent un voyage vers l’intérieur. De ceux qui ouvrent de vastes espaces.
Si la nostalgie, au goût de paradis, est bien l’humeur ambiante, d’autres chansons changent d’atmosphères. Comme cette chanson à la Leprest « La goutte d’eau », inscrivant magistralement le destin d’une goutte vers l’Océan. Ou encore « Ce prince sans royaume », tournant non sans inquiétude le regard vers les migrants, à l’image d’un homme « lacéré aux tessons des frontières. ». Le piano, les guitares, le violon tissent ce fil de sentiments. Vite oublié les premiers rêves d’un album aux accents électro. Inscrit, logé, rehaussé, dans l’intemporel, les douze chansons parlent de lui, d’eux, de nous. Seule concession à l’agenda d’une époque ce souvenir des chansons de Sylvie Vartan, accompagnant les vacances d’antan. Romain Didier qui considère Francis Lemarque comme un frangin, aime les couleurs sépia et les filiations. Avec d’autres artistes il a participé à la nouvelle vie de la MJC de Venelles (Bouches-du-Rhône) ajoutant le nom d’Allain Leprest sur sa carte de visite artistique.
Robert MIGLIORINI
Romain Didier, Souviens-moi, 2021. Un album EPM/Universal. Pour le commander c’est ici.
Le site de Romain Didier, c’est ici. Ce que NosEnchanteurs en a déjà dit, là.
Merci d’être venus
La nostalgie, France Musique
On dirait qu’ça passe
Que la « grande presse » écrite, radio ou télé ne se soit pas fait l’écho de cette nouvelle production, à ma connaissance, ne m’étonne pas…
Mais que cet article n’ait suscité aucune réaction, aucun commentaire ici, depuis cinq jours qu’il est paru, m’inquiète beaucoup sur la santé médiatique de notre belle chanson d’auteur.
C’est quand même Romain Didier… c’est quand même l’interprète, le compositeur et souvent l’auteur de quelques monuments de notre patrimoine chanson :
Pouce
Pleure pas
Ma folie
Vie de femme
Amnésie
J’en veux pas de votre guerre
La retraite…
Et tant d’autres joyaux…
Dans l’impatience de la découverte de ces nouvelles chansons, un amical salut à Romain… en attendant le plaisir de t’écouter et te voir au coin d’une scène, ici ou là, bientôt j’espère.
Quelle émotion et quelle humanité dans la voix ,particulièrement sensible dans le titre « merci d’être venus « ….un très bel album dans la suite d’un parcours remarquable et (trop) discret. Merci