Cyrille Gallais et l’amie Cordy !

Annie Cordy (photos collection personnelle Cyrille Gallais)

C’est le portrait d’une personne, une vedette comme on disait dans le temps. Une dame qui nous a accompagnés quelques décennies. Nous, les téléspectateurs, parfois chanceux spectateurs. C’est une dame qui, sous des accoutrements divers, souvent fantaisistes, a fait les beaux jours de notre écran cathodique en noir et blanc, une ou deux chaînes. Puis en couleur. Et une troisième chaîne. Avant d’être amuseuse publique chez Guy Lux dans sa quincaillerie de variétés, ou chez les Carpentier en un club très fermé, elle était de la revue, de l’opérette aussi. Hello Dolly, ce fut elle. Selon notre âge, nous avons parfois des souvenirs différents d’elle.

Je vous parle d’elle ; je vous parle de lui. Elle est une vieille dame, au soir de sa vie. A côté d’elle, lui fait gamin : ils ont cinquante-cinq ans de différence, une paille. A l’âge de huit ans, il l’a vue en scène et s’en est entiché : ce fut dès lors son idole. Il s’en fera une amie, il fut un peu sinon son confident, au moins le réceptacle de ses souvenirs. Durant des années et des années, il est allé la voir, chez elle à Cannes, à l’écouter se raconter, devant sa petite caméra. Ce n’est que sur le tard qu’il a songé faire un film de ces précieuses rencontres. Pour témoigner de leur amitié, lui le fan ; pour corriger l’image aussi de celle qui risque de ne plus être connue que comme Tata Yoyo ou La bonne du curé.

Elle, c’est Annie Cordy. Lui, Cyrille Gallais, lui aussi devenu artiste. Mais inconditionnel d’une dame, une grande dame. Le film est achevé, distribué en vidéo. Il s’en est fallu d’un bon mois : Annie Cordy ne l’a jamais vu terminé, monté. Nous, ce film nous montre une bateleuse de la chanson, une immense artiste, souvent par des images rares, je n’ose dire inédites (les trésors de l’INA sont plus riches encore que la fortune de Crésus). Et cette vieille femme qu’on adopterait bien pour en faire sa grand-mère : une femme aussi formidable qu’elle est simple, modeste. Elle a fait des chansons drôles, aussi des tragiques, avec un même talent. Ce DVD vous en convainc définitivement : Annie Cordy est une grande, grande dame.

Cyrille Gallais et Annie Cordy

Tellement parfaite que je n’en parlerai pas à l’imparfait. A son décès, les télés en ont fait des tonnes, mais avec toujours les mêmes images, les mêmes clichés, les mêmes formules toutes faites, souvent creuses. Le film de Cyrille Gallais nous la montre dans son entièreté, son génie de la scène, son rapport aux gens. Nous ne pouvions voir en Nini la chance qu’une artiste de variétés comme les autres, certes à la longévité exceptionnelle : nous la découvrons ici en amie, l’amie Cordy. Cyrille Gallais a accompli un travail que les journalistes, par nature fainéants, n’ont pas pris le temps de faire : nous la restituer, au-delà des oripeaux de derrière la sacristie.

En bonus, le film Parlez-moi d’Annie, où une vingtaine de gens du métier parlent d’elle.

Annie, film de Cyrille Gallais, DVD 80 mn. Triangle 7 – Les Films du Tambour de Soie / Distribution Marianne Mélodie 2020. Ce que NosEnchanteurs a déjà dit d’Annie Cordy, c’est ici ; ce que nous avons déjà dit du chanteur Cyrille Gallais, c’est là. Pour commander ce DVD, cliquez ici.

« Nini la chance » :