Georges Chelon raconte le temps, la vie, l’amour, la mort

Georges Chelon (photo Bruno Vallet, site officiel)

Qui aurait dit que Georges Chelon connaîtrait de nouveau, quelques décennies après ses débuts en 1964, le format du vinyle? Chose faite avec son nouvel album, Ensemble, qui sort aussi sur vinyle. Il y a deux ans déjà l’artiste,  qui aime à se présenter comme un artisan, offrait un Essayez Dieu, adresse d’un chanteur au franc-parler et libre-arbitre intacts face à tous les fondamentalistes. Une autre chanson née sous le coup de l’émotion, Notre Dame, en écho à l’incendie de la cathédrale de Paris, s’imposait dans ce récital volontiers branché sur les nouvelles du moment.

Changement de ton cet hiver avec Ensemble, où celui qui se serait bien vu jadis journaliste délaisse l’actualité des autres pour la sienne. Plus intime, plus sombre aussi ; comme on dresse un premier bilan de vie à ses amis. Une seule chanson cette fois s’inscrit dans la veine humoristique et actualisée des chroniques enlevées de l’auteur de plus de 500 titres : On s’attendait à tout s’intéresse à ce virus qui met toute une profession, et au-delà, à terre. Cette arrivée surprise est à l’origine d’un album de quatorze titres qui conjugue un spleen, un coup de cafard bien dans l’air du temps. Heureusement qu’il y a la chanson, l’écriture, pour aller au pays de l’espoir livre le chanteur infatigable. Nombre de titres ressemblent à un carnet de santé. Celui d’un septuagénaire (78 ans) adepte de la guitare et du stylo sinon de l’ordi. Passé par l’hôpital, Georges Chelon adresse son merci au personnel soignant dans Mon staphylo. Son programme depuis Père prodigue est connu : chanter tout ce qui le touche. En 2020 l’album studio revisite les sentiments mêlés de celui qui voit se profiler un dernier tour de piste. Tomber décline toutes les situations où le verbe devient actif. Ce n’est pas un beau roman rend hommage au fils d’un ami assassiné dans la Drôme. Un fait divers passé quasi inaperçu côté opinion publique, en plein confinement. Mourir vivant, un des deux textes écrits par Frédéric Zeitoun, partage une dernière volonté, ce qui pourrait être une « coquetterie ». Par souci du panache. Conquistador tranche dans le paysage en empruntant le registre amoureux. Sois bon chante encore en forme de leçon de sagesse celui qui annonce somme toute un faux départ.

Georges Chelon devrait certainement continuer à parler de lui. Qu’on se rassure. Ensemble, la typo du titre de l’album, s’insère dans une photo montrant le chanteur avec ses musiciens. Et l’adverbe est lancé à des amis invités à se retrousser les manches pour investir le monde qui vient. Pas question d’adieux pour l’auteur de Prélude. Un Chelon peut en cacher un autre. A tout âge.

Georges Chelon, Ensemble, EPM MCA Universal 2020. Le site de Georges Chelon, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui, c’est là.

« Ensemble » :

« Sois bon » :