Hal Collomb, 1945-2021
par Dominique Bouchery,
Hal était modeste, trop sans doute. Il ne s’est jamais donné le droit d’être l’artiste qu’il était. Tant d’autres font le contraire… Lui venait de loin. Né près de Beaune, il pousse à Lyon, graine de voyou. Mais que faire, ce gars-là est l’honnêteté même, il ne peut pas faire bandit. Quelques tours du monde plus tard (sur un bateau océanographique militaire !), il fait artiste. Pardon, artisan du spectacle. Artiste ? Trop prétentieux. Il est tombé dans la folkerie. Et pourquoi pas ? On peut tomber plus bas ! La Chifonnie se fait une place dans le folk des années 1970, à l’ombre des Malicorne et autres Bamboche. Mais la Chifonnie n’est pas qu’un groupe de musique. C’est une sorte de Magic Circus paumé dans la Drôme, qui égrène des spectacles complètement loufoques, déconnants, foisonnants… Le Diois en rit encore. La Dioise aussi.
Mais au fond, Hal, ce qu’il sait vraiment faire, c’est chanter. Il se débarrasse vite d’un timbre un poil nasillard contracté dans le folk, et trouve sa voix. On la reconnaît, grave et chaude, dans les nombreux spectacles de sa Compagnie de l’Épouvantail, dans l’anthologie de la chanson française de Marc Robine, dans Chansons volées par amour, un trio mythique, dans le Trio Balivernes… La place manque, y en a trop ! On peut même apercevoir sa moustache dans les débuts d’Entre 2 Caisses. Si, si, il est là ! Mais regardez vite, il ne reste pas longtemps. C’est un boulimique du voyage. On ne sait pas comment, il se débrouille pour monter des tournées exotiques, Saint-Pierre et Miquelon, l’Inde, le Liban, la Finlande, l’Indonésie, la Chine ! Oui, on peut le voir là-bas, seul sur une scène immense, représentant en play-back la France éternelle, entre un ballet de deux cents danseurs et un hymne à trois cents choristes, devant cinquante mille personnes et quinze millions de téléspectateurs. Agacé d’être suivi, contrôlé, en laisse, il avait réussi un soir à fausser compagnie à ses gardes du corps pour aller faire un tour dans les bas-fonds, on a frisé l’incident diplomatique…
Il écrivait aussi, des contes, des spectacles de rue, par exemple pour la Cie des Quidams. Sa phrase favorite, par laquelle il concluait tous ses courriers : « Et tout laisse à penser que ce n’est pas fini… » J’ai toujours pensé que c’était vrai. Sauf que depuis sa mort, hier, j’ai un doute…
Dominique Bouchery est, entre autre, un des quatre d’Entre 2 Caisses.
Hal Nous manquerons vos messages doux, créatifs et beaux que vous nous avez parfois envoyés. Nous nous souviendrons toujours de vous comme d’un ami proche. Repose en paix.
Condoléances et beaucoup de force pour toute la famille
Nick van Raaij,
Zaagmolendijk 6, 4339NG, Nw en St Joosland, les Pays-Bas
Hal, un grand chanteur, un bel homme, une sacrée personnalité, un formidable artiste, généreux et foisonnant. La dernière fois que nous nous sommes rencontrés, c’était par hasard, dans un petit chemin qui longe le lac du Parc de la Tête d’Or à Lyon.
J’ai aimé toutes ses voix, du début du folk à celle d’après. Et même si nous n’étions pas des proches, son univers était bien présent dans ma tête il le restera. Il a donné beaucoup de couleurs sensibles au folk avec la Chifonnie, inoubliable.
Merci Hal Collomb de nous avoir fait rêver et d avoir ouvert les portes de la musique Folk…..Prévenchères les Hautes Alpes 1978 jeanlou Lays