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Jean-Michel Boris, 1933-2020

Jean-Michel Boris lors de la soirée "NosEnchanteurs" de mars 2015 (photo David Desreumaux/Hexagone)

Jean-Michel Boris lors de la soirée « NosEnchanteurs » de mars 2015 (photo David Desreumaux/Hexagone)

Le monde du chaud biz est – on le devine plus qu’on ne le sait vraiment – un univers de requins, où souvent, à quelque niveau et quelque fonction que ce soit (chanteurs, programmateurs, journalistes, techniciens…), chacun jalouse l’autre, médit et maudit, se prend pour lanceur de couteaux tout en arborant par devant un grand, un large sourire. Mais j’en connais un, au moins un, qui fait et mérite l’unanimité dans le métier. Il en est comme un référent, un totem,un phare. Je dis encore « il est » ; il faudra désormais s’habituer à dire « il fut ».

Lui, c’est Jean-Michel Boris, neveu par alliance de Bruno Coquatrix, auteur compositeur, imprésario aussi, devenu le mythique directeur de l’Olympia, qui resta vingt-cinq ans à ce poste, jusqu’à sa mort, en 1979.

Dès son arrivée à l’Olympia, Coquatrix appelle à ses côtés son neveu Jean-Michel, Bordelais qui se destinait alors à des études de médecine dans la Capitale. Boris fera tous les métiers dans ce métier, découvrira l’Olympia de fond en comble. Il y sera d’abord machiniste puis électricien, projectionniste, sonorisateur, régisseur. Et programmateur, co-directeur… Il en devient le patron au décès de son oncle. Il a tout vécu des hauts et des bas, des moments de gloire et des difficultés de cette salle. Vécu tout ou presque des grands moments de la chanson : Gilbert Bécaud, Edith Piaf, Johnny Hallyday, les Beatles et les Rolling Stones, Alan Stivell… Jean-Michel Boris totalisera quarante-sept ans au seul service de l’Olympia, presque un demi-siècle, avant que Vivendi se rende propriétaire de la salle et en congédie son directeur. L’Olympia perdra du coup sa liberté, son indépendance, son esprit de découverte, son côté frondeur qu’incarnaient si bien Coquatrix puis Boris.

124167570_10160296740353222_7396936271105911917_oRésumer Boris au plus beau florilège de la chanson qui soit, au seul fronton du boulevard des Capucines, n’est cependant pas suffisant, ne peut le définir tout à fait. Boris fut, à chaque instant, un professionnel curieux de tout ce qui se faisait en chanson, même la plus modeste. A être au plus près du terrain, et pas qu’à Paris. Dans les salles, dans les festivals. A repérer, à encourager, à conseiller. A partager ses découvertes, leur donner un coup de pouce. A transmettre. Impossible de dénombrer toutes celles, tous ceux, qui doivent un peu, beaucoup, à Jean-Michel. Ne serait-ce qu’une attention, un encouragement, un bravo, un merci. Alors qu’il n’était déjà plus aux destinées de l’Olympia, il découvrit, bouleversé, Rémo Gary. Et s’excusa auprès de lui, humblement, avec regret, de ne pas l’avoir découvert plus tôt, de ne pas l’avoir programmé dans sa salle.

Boris était un homme au chevet de la chanson, parfois à son berceau. Un grand, un très grand professionnel, un comme on n’en fait plus, ou si peu. J’ai peur que le moule ne soit cassé.

Le seul concert que NosEnchanteurs a organisé à ce jour, à Paris au Théâtre 13, le fut avec et autour Jean-Michel Boris, en mars 2015 (avec, pour lui faire sa fête, Rémo Gary, Clarika, Valérie Mischler, Céline Caussimon, Louis Ville, Monsieur Poli, Jérémie Bossone et La Marquise…). Pourquoi Boris ? Parce que ! On n’explique pas ce qui relève de l’évidence.

Merci pour tout, Monsieur Boris. On vous embrasse.

8 Réponses à Jean-Michel Boris, 1933-2020

  1. Jean François Dantin 6 novembre 2020 à 18 h 05 min

    En ces temps ou la culture est mise à mal par ce virus et l’incurie de nos cher dirigeants, le décès de ce monsieur est comme un symbole de cette année de merde 2020 !!

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  2. Charlotte Etc. 6 novembre 2020 à 18 h 24 min

    Je n’ai rien à écrire après ce bel hommage et tous les autres que je lis depuis ce matin. Un grand Monsieur s’en est allé. Que l’humanité s’en souvienne. ❤️

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  3. NosEnchanteurs 6 novembre 2020 à 18 h 56 min

    Lu sur facebook, ce témoignage de CLARIKA :

    Alors oui c’est vrai, il fût le directeur de L’Olympia pendant des décennies mais Il était avant tout un homme délicieux (nul ne porte mieux cet épithète que lui) attentif, curieux, et d’une rare bienveillance. Et le « Il aimait les artistes » qu’on dégaine souvent, dans son cas, n’est pas un vain mot et je crois qu’on est plein à être VRAIMENT triste aujourd’hui.
    Il avait toujours ce petit mot, cette attention. Sa présence discrète comme une ombre rassurante et protectrice lors des concerts… et le croiser à ceux des autres était toujours une joie. Il aimait inlassablement découvrir de nouveaux talents et continuait même lorsqu’il avait quitté la direction de sa salle mythique à courir les salles de spectacle.
    Il fût l’un des premiers « pro » à venir me voir (c’était hier :-) ) dans la loge du Sentier des Halles et comme j’étais fière et impressionnée oh mon Dieu ! … et il ne m’aura jamais lâché. Je sais qu’il avait cette fidélité et cet engagement avec nombre de mes collègues de micro…
    J’ai encore dans mes tiroirs un ou deux de ses télégrammes (et oui !) qu’il envoyait avant les spectacles, et que je collais fièrement sur le miroir de la loge comme un trophée et un porte bonheur. Et Quand j’ai fait L’Olympia, il ne le dirigeait plus mais il était là.
    La dernière fois qu’on a partagé de longs moments ensemble, c’était aux Nuits de champagne en 2013 ou 2014 ou nous étions invités pour l’ensemble du festival… On se retrouvait à la cantine du festival, on allait voir des spectacles et puis on trinquait avec nos petits verres de rouges, il me racontait mille anecdotes… et on a bien rigolé !
    Tu vas nous manquer Jean Michel.

    (NB) Une anecdote qui lui ressemble : En 1996 alors que nous avions monté une comédie dramatique musicale « La marée d’Inox » avec le jeune et fougueux collectif Lula Ramona, Jean-Michel Boris nous avait ouvert les portes de L’Olympia et offert la salle un lundi soir. Il n’y avait ni nom connu, ni producteurs derrière nous. Juste notre projet, notre enthousiasme… C’était ça Jean Michel. La passion ET la générosité…

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  4. NosEnchanteurs 6 novembre 2020 à 19 h 00 min

    Lu sur facebook, ce témoignage de GILBERT LAFFAILLE :

    (…) Il vient de nous quitter. Tristesse. Chapeau bas à ce grand professionnel, intègre, généreux, drôle et amical. Dans les années 90 il avait offert l’Olympia à trois artistes de la chanson qu’il aimait: Allain Leprest, Véronique Pestel et moi. Ça ne s’oublie pas. Merci Jean-Michel pour tout ce que tu as apporté à notre métier, pour tous ces spectacles que tu as produits, pour ta présence chaleureuse dans tous les lieux de chanson car tu étais aussi un grand spectateur: te savoir dans la salle nous donnait des ailes. Condoléances émues à sa famille et à ses proches.

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  5. NosEnchanteurs 6 novembre 2020 à 20 h 22 min

    Lu sur facebook, ce témoignage de CHRISTIAN CAMERLYNCK :

    Cher Jean Michel Je ne peux que pleurer. Que de souvenirs Bourges, l’Olympia, votre bureau.
    Jean Michel m’y accueillait à chaque fois que je le souhaitais. J’aurais aimé une rencontre avec les participants à nos stages À Corps Voix. Il allait partout voir des artistes et des chanteurs. Je me souviens qu’un jour il m’a dit découvrant Rémo Gary, comment ai-je pu passer à côté de lui.
    Après le premier printemps de Bourges un directeur artistique me conseillait de ne pas chanter n’importe où. Il m’a dit « chante mon fils chante partout… « Brel disait faut aller voir » ce que je fis. J’espère que les nouveaux dirigeants de l’Olympia n’auront pas l’indélicatesse de la ramener. Ils ne l’invitaient même plus à l’Olympia. Il était aussi ami de Marc Chevallier . Cher Jean Michel, dernièrement nous avons parlé de vous avec Gilles Vigneault. Cette saloperie de Virus nous empêchera de vous saluer une dernière fois. Mais tu es présent dans mes pensées chaque fois que je pense chanson. Je n’oublie pas que tu as fait venir Jacques Debronckart un soir à l’Olympia. Sans toi qui se souviendrait de Bruno Coquatrix dont tu as repris la relève avec sans doute plus d’humanité et de gentillesse pour les artistes quelque soit leur notoriété.

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  6. NosEnchanteurs 6 novembre 2020 à 20 h 49 min

    Lu sur facebook, ce témoignage de CHANSON PLUS BIFLUOREE :

    Nous sommes très tristes ce matin, Jean-Michel Boris ancien directeur de l’Olympia (il avait succédé à Bruno Coquatrix) vient de nous quitter… Il nous avait PRÊTÉ sa prestigieuse salle de spectacle du boulevard des Capucines un samedi après-midi de novembre 1988 au tout début de notre carrière !!! Jean Michel était un grand professionnel. C’était un homme charmant, généreux et drôle… Il était passionné par son métier…Le monde du spectacle et de la chanson perd un de ses plus fidèles serviteurs et beaucoup d’artistes et de professionnels un ami sincère… Merci à toi Jean Michel, nous ne t’oublierons jamais…

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  7. NosEnchanteurs 7 novembre 2020 à 8 h 10 min

    Lu sur facebook, ce témoignage d’ERIC FRASIAK :

    Tristesse.
    Jean-Michel Boris ancien directeur de l’Olympia est décédé.
    Il a été un de ceux qui m’ont décidé de « monter » à Paris en 1983. Il était arrivé, très enthousiaste, dans les loges, après notre concert au Printemps de Bourges avec une pluie de compliments.
    C’était un homme curieux, à l’écoute, tout en gentillesse et sincérité. Il aimait avant tout la chanson sans aucune considération de succès.
    Un grand monsieur. Adieu Jean-Michel…
    Sincères condoléances à ses proches.

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  8. NosEnchanteurs 7 novembre 2020 à 10 h 51 min

    Lu sur facebook, ce témoignage d’YVAN CUJIOUS :

    A Jean-Michel,
    Encore dire Adieu à des amis, des gens tendres, chaleureux, avec des rides au coin des yeux
    d avoir trop ri, trop pleuré, d avoir trop ressenti, attendu ou regretté,
    D’avoir aimé
    Aimé les autres, presque autant que soi, d’avoir écouté, entendu, soutenu, repéré, compris, juste en échange d un clin d œil ou d un signe de la main, d’une accolade ou d’un chocolat chaud
    Merci Jean-Michel Boris pour tout ça
    Tu as dirigé l’Olympia pendant des années avec tellement de passion et de bienveillance.
    Tu es parti rejoindre Claude dont tu me parlais toujours avec des larmes bleues au coin de tes yeux …
    Moi aussi je parlerai de toi toujours comme ça,
    Je t’embrasse

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