Gad Elmaleh, sans Nougaro
Gad Elmaleh (document France3 Occitanie)
Non, je ne parlerai pas ici des reprises de Nougaro par Gad Elmaleh. Depuis le jour où j’ai été accusé d’antisémitisme par un « confrère » teigneux, au seul prétexte que j’avais tiqué sur la douteuse appropriation de Barbara par Patrick Bruel, je me méfie.
Oui, Gad Elmaleh qui chante Nougaro, c’est de la merde. Mais après tout vous n’êtes pas obligé d’en consommer. La chanson est si vaste que, si vous faites l’effort d’aller à sa rencontre, vous trouverez vite chaussures à vos pieds.
Ce n’est pas parce que vous êtes label discographique d’importance (une « major ») que vous aimez la chanson. Je soupçonne même des éditeurs de livres de ne pas franchement aimer la littérature, vu ce qu’ils impriment. Alors les disquaires… Vous imaginez les convictions de celui qui produit Jul ?
Gad Elmaleh est une machine à cash, c’est bon pour l’économie du disque. Et on peut encore s’en faire avec Nougaro. Régulièrement on met en branle la planche à billets : ça flatte les ayant-droits et fait plaisir à leurs conseillers bancaires. Tout le monde n’a certes pas le talent de Maurane (Nougaro ou l’Espérance en l’Homme, en 2009) ou de Nathalie Dessay (Nougaro. Sur l’écran noir de mes nuits blanches, en 2019) mais quand vous êtes humoriste, acteur et réalisateur à succès, vous êtes le candidat idéal à la reprise. « Problème, je ne sais pas chanter ! » « Qu’importe, le public ne sait pas écouter ! » Le grand public, tu lui dis Gad Elmaleh et, discipliné, en frétillant de sa carte bleue, il achète. Le grand public est désespérant.
Pour légitimer sa démarche, Elmaleh, pour qui il n’est pas question d’« hommage » mais d’une « histoire d’amour » (je le précise pour mâcher le travail de mes confrères) vient même de donner un mini concert surprise sur la péniche Nougaro, port de l’Embouchure, dans la ville rose. Ainsi adoubé, il en aura des choses à raconter sur le canapé rouge.
Le jour là, Drucker, grand ami des seuls-artistes-à-succès, oubliera sans doute d’inviter le toulousain Hervé Suhubiette, Laurent Malot, le Commando Nougaro ou les Babx-Minvielle-DePourquery, Yvan Cujious, Didier Gustin, Jean Andreu, JeHan, Stéphane Roux, Noah Lagoutte, artistes et groupes qui, parmi bien d’autres, font ou ont fait un travail exemplaire et respectueux envers le chanteur d’Armstrong, de Bidonville ou du Jazz et la java. Mais ça, le grand public ne le saura pas. On continuera d’associer Bruel à Barbara, Barbelivien à Ferrat, Elmaleh à Nougaro (etc), comme d’affligeants automatismes.
Dégât collatéral : peu ou prou, les « stars » de la reprise ne reprennent que des titres archi-connus, condamnant de fait l’essentiel des œuvres concernées à un regrettable oubli. Au contraire des repreneurs médiatiquement moins connus mais souvent bien plus talentueux, nos « stars » affadissent et réduisent l’œuvre de celles et ceux à qui ils sont censés rendre hommage. Car ne croyez surtout pas que les acheteurs du futur disque de Gad Elmaleh (parution en novembre 2020) se précipiteront ensuite pour acheter les disques originaux de Nougaro, ou tellement à la marge que c’en est négligeable. Les reprises par les « stars » (tribute inclus) sont toujours une escroquerie.
Ce que NosEnchanteurs a déjà dit de Claude Nougaro, c’est ici.
Je suis allé écouté… Une espèce de juxbox vintage comme y en a plein sur internet… Et les émotions ? Elles sont où ? Le cri du cœur, des entrailles, celui qui déchire ? nada… du café sans caféine quoi !
Hélas ! Même « le rouge-sang », si peu mis en valeur, a pâli sous les projecteurs ! Heureusement le mixage son n’est pas terrible et il reste un bon trio de musiciens. Ce qui console c’est que la pub autour de ça permet de maintenir la péniche sans doute… Affligeant !
Gad Elmaleh. Celui qui rit de ses propres blagues tellement il se trouve irrésistible. Celui qui fait rire les bobos en présentant le compas comme le prototype de l’objet inutile que tu apprends à utiliser en classe. Le compas, inutile pour Gad Elmaleh, mai sans doute l’outil le plus utilisé dans le monde, et dans tous les corps de métier. L’outil roi du Musée de l’Outil et de la Pensée Ouvrière de Troyes en Champagne, et son incroyable collection de compas, des petits, des grands, des très grands, de toutes les formes, de toutes les matières. Encore faut-il savoir ce qu’est un outil, encore faut-il savoir ce qu’est un métier, Monsieur Gad Elmaleh.
Merci Michel pour ce « coup de gueule ». « Chacun son métier et les vaches seront bien gardées », dit le bon sens paysan auquel on devrait se référencer plus souvent. M. Gad aurait-il comme Bruel ou Pagny ou quelques autres qui s’emparent brusquement de « vêtements artistiques trop grands pour eux », un problème d’impôts à régler d’urgence pour saisir à la volée une sorte de « karaoké Nougaro » pour rentrer un peu d’oseille ?
Affligeant !!!
Critique douce comparée à la douloureuse écoute. Prestation ridicule, blasphématoire.
Pas grand chose à rajouter
En total accord
Gad Elmaleh SANS Nougaro
Nul vraiment NUL
Il envoie bien, le Kemper. Défendant les auteurs comme les interprètes. Bref, la chanson. Merci Michel !
La voix est faible, la batterie beaucoup trop en avant et pas terrible, pas très subtile, on entend presque pas la basse et le piano entre tard dans la chanson (mais il est excellent). Il chante relativement juste pour un non-professionnel, il manque évidemment d’énergie vocale et d’ampleur, il y a du travail, beaucoup de travail.
Ce qui fait la tiédeur de son interprétation c’est le manque de technique micro, on sent qu’il ne comprend pas cet objet. Un micro ça s’apprivoise.
Il y a aussi un problème de tempo dans l’orchestre, ça manque de balance, de swing, le battement du coeur n’y est pas, il suffit d’écouter la version de Claude.
Cela me rappelle Laurent Gerra croyant ridiculiser Cabrel et se ridiculisant lui-même…
à priori ça fait quelques temps qu’il n’a plus d’idée (ou alors il a viré un peu trop tôt ses collaborateurs) du coup il récupère d’abord des sketchs ; maintenant en chanson, demain il sera ministre, c’est simple !
Y a pas assez de mauvaises nouvelles pour nous balancer ça en plus !