Mikaël Yaouank, 1947-2020
« Quinze marins sur le bahut du bord / Yop la Hoo une bouteille de rhum / A boire et l’diable avait réglé leur sort / Yop la Hoo une bouteille de rhum… » Comment ne pas connaître cette chanson de marins là ? Tant qu’à tort, on la croît exister depuis longtemps, depuis toujours… C’est en 1970, à Lorient, que Michel Tonnerre et Mikaël Yaouank créent le groupe Djiboudjep, référence pour l’éternité dans les chants de marins. Djiboubjep ? Un mot d’argot groisillon, de cette Ile de Groix, si bien chantée entre autres par Gilles Servat, où Djiboudjep se produisit les toutes premières fois, dans la taverne Ti Beudeff.
Un groupe de référence, qui non seulement popularisa ces chansons-là, bien au-delà des côtes bretonnes mais, plus encore, se mit à créer de nouvelles chansons de marins, perpétuant cet art-là, si particulier dans le fond et dans la forme. L’œuvre de Djiboudjep est sans égal, quand bien même de nombreuses autres formations (Tri Yann, Trio EDF, Soldat Louis…) ont elles aussi participé, souvent de belle manière, à la renaissance de ce chant (patrimoine pourtant immense tombé un temps en désuétude) qui à l’origine célébrait les gestes, les manœuvres, les complaintes nostalgiques et histoires fabuleuses en mer. Ça fait cinquante ans que Djiboudjep existe. Michel Tonnerre, prolifique parolier, s’en est allé il y a déjà huit ans. Pour les cinquante ans du festival interceltique de Lorient, Mikaël Yaouank travaillait au jubilé du groupe. Qu’il ne verra pas, lui aussi a dû rejoindre, dans l’admiratif cri des mouettes, les folles aventures des corsaires et boucaniers, loin au large.
En parallèle au groupe, Yaouank avait sorti deux albums sous son nom. Deux grands classiques, intemporels, puissants. Avec certes quelques titres de son copain Tonnerre (dont Quinze marins, Satanicles et La galère) mais surtout ceux issus de la tradition : Fanny de Laninon, Le grand coureur, Jean-François de Nantes, A Lorient la jolie, La Danae… A l’entendre, on sait – on savait – que c’était là le point étalon des chants de marins, qu’on n’avait jamais fait mieux, que sans doute on n’égalera pas. Voix superbe, arrangements pertinents, ces disques font école qui, sitôt épuisés, ne peuvent qu’être réédités.
Si, en terres intérieures, le nom et le prestige de Mikaël Yaouank peut vous être inconnu, ça ne peut être que par pure distraction, ou cause à pléthore d’autres chansons qui obturent votre esprit, vos oreilles. C’est un immense bonhomme qui vient de tout juste disparaître. Le vent marin n’a pas fini d’à son tour chanter ses louanges en tentant, s’il le peut, de retrouver son juste timbre, son entrain, son talent.
J’adore sa musique. Je l’ai rencontré quand j »étais en France comme étudiante. 1976 ? avec mon amie Francçise a Lorient. Adieu cher camarade et je serai toujours contente d’entendre crier les goélands.