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« Formidable Aznavour », un an après

(photo Agnès André)

L’histoire d’une légende… (photo Agnès André)

15 novembre, Palais Montcalm, Québec (capitale-nationale),

 

Il est rare que j’aille chroniquer de grosses productions. Et ce tout simplement parce que les grosses productions n’ont pas besoin d’être découvertes. En bref, on connaît la chanson et c’est le plaisir, le souvenir physique de chantonner à la cantonade des airs que tout le monde connaît qui nous fait revenir.

Mais il faut dire que Formidable Aznavour, le spectacle hommage sur un des géants – et non le moindre – de la chanson, a des raisons d’être au Québec intéressantes, le chanteur arménien ayant tissé des liens particuliers avec la Belle Province durant sa carrière, comme en témoigne cet article du Soleil, un quotidien d’ici. « Je l’ai vu dans cette même salle il y a 40 ans», me confirme d’ailleurs mon voisin qui, comme la majeure partie du public a le cheveu grisonnant.

Dans le décor romantique d’un Paris bohémien, probablement fort différent de l’hommage à Aznavour en mai 2019 à Vaison-la-Romaine, la scène avait un certain côté théâtre et la voix de Jules Grison, refaisant vivre la voix d’Aznavour, un quelque chose de la comédie musicale. Loin, donc, de la mise en scène épurée de la légende – un micro et un banc. Entonnant environ une quinzaine des 1200 chansons d’Aznavour en compagnie de cinq musiciens, et alternant succès internationaux avec titres moins connus (« La salle et la terrasse », « Jezebel », « Plus bleu que tes yeux »,…), ce sont donc des retrouvailles plaisantes. Mais sans plus… si ce n’est quelques instants remarquables : le velouté violon sur « Ma Bohème » et « J’entends ta voix », le rythme de « Jezebel », les applaudissements qui naissent à l’entrée de ses succès comme au temps d’Aznavour, la salle enfin qui se lève aux paroles d’« Emmenez-moi » qui, bien sûr, clôture le spectacle.

Formidable Aznavour qui a déjà tourné dans plusieurs pays du monde de Dubai aux États-Unis semble remporter un franc succès. Ce qui me laisse songeuse quant à la réception de la chanson française à l’étranger…

Pour moi, les chansons d’Aznavour sont définitivement liées à cette petite ville méridionale de la Hongrie, Pécs, où d’un café dans lequel nous avions fini par déjeuner s’échappait les airs d’« Emmenez-moi », seul son de français dans ces horizons hongrois. Le gérant avait mis sa sono à fond et les espoirs d’Aznavour que «?la misère soit moins pénible au soleil?» semblaient alors presque possibles. Si Aznavour est cas particulier : polyglotte, il a chanté dans 9 langues ce qui aide quelque peu à l’internationalisation, je suis toujours curieuse de savoir lesquels des chanteurs français viennent à se faire connaître outre-frontière. La plupart du temps, on reste sur des classiques : Édith Piaf bien sûr, Jacques Brel ou encore Brassens, très souvent adaptés dans la langue du pays (puisque morts pour chanter eux-mêmes, entre autres raisons!). Mais aussi Zaz, parmi les plus jeunes (et encore vivants), qui remporte un succès monstre dans les pays d’Europe centrale comme la Tchéquie ou la Pologne, sans même le besoin d’être traduite. Quand j’ai demandé à un ami tchèque ce qu’il lui trouvait vu qu’il ne pouvait pas comprendre les paroles, la chose est restée un mystère, mais j’ai cru saisir qu’elle semblait incarner une idée de la chanson française (à la Édith Piaf, accordéon, Paris bohème et voix roucoulante) en version jeune et dynamique! Même réaction du côté d’un Allemand, photographe de profession, qui n’en louait plus sa chance devant moi d’avoir pu assister à un de ses concerts. Leur amour pour certains de nos chanteurs a ainsi quelque chose de ce charme mystérieux où l’esprit sent la raison de cet intérêt, mais ne peut mettre tout à fait le doigt dessus (d’autant plus que si l’on renverse la perspective, je serais bien en mal de nommer ne serait-ce qu’un chanteur polonais… et vous ?). Et même entre Québec et France où la langue est relativement la même (ça arrive, oui !), ce ne sont pas les mêmes chansons qui rencontrent le même succès dans les deux pays : ainsi ont été plébiscité ce soir-là «Trousse-chemise », « Reste » ou encore « J’en ai marre de toi ».

Sur ce, je vous laisse sur l’une de ces adaptations, et savourer la chanson française… en tchèque.

 

Et pour goûter à Formidable Aznavour, une production Gil Marsala et Directo (France) : Image de prévisualisation YouTube

2 Réponses à « Formidable Aznavour », un an après

  1. Catherine Laugier 18 novembre 2019 à 12 h 53 min

    Anna Prucnal ?
    https://www.youtube.com/watch?v=o-1hQLP6dvM
    Mais on la connaît parce qu’elle a adopté la France et le français… jusqu’au japon !
    https://www.youtube.com/watch?v=djMn1Ojmm5Q

    Répondre
  2. André Chouinard 13 février 2020 à 15 h 53 min

    Bonne analyse et rappel historique essentiel pour comprendre les liens entre Aznavour et le Québec.
    Pas vu le spectacle, mais une version produite par le savoir-faire québécois remontrait peut-être le niveau.
    André Chouinard

    Répondre

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