Gwen Soli : en marge d’Évasion, se faire la belle

Gwen Soli (photo non créditée)

Serait-elle en délit de fuite, d’Évasion ? L’an passé Gwénaëlle Baudin nous présentait, non sous le manteau mais presque, un premier CD (de cinq titres), sous le pseudo de Gwen Soli. Comme un premier jet, un pari sur l’avenir. Un an plus tard, c’est tout un album, un vrai, qui reprend les cinq titres déjà pressés et en ajoute sept autres, dont un interprété par le groupe Évasion (dont elle est membre depuis l’origine).

Nous le savions tant par Gwénaëlle que par au moins deux de se collègues, on peut s’évader d’Évasion, au moins le temps de quelques escapades solitaires, de permissions, même au bout de trente-trois ans de vie de groupe. Serait-ce ce temps qu’Andrée Chedid décrit dans ce texte chanté tant par qu’ici par Gwen ? : « La femme des longues patiences se met au monde / La femme des longues patiences se donne lentement le jour ».

Sur ce même disque, Gwen Soli chante un autre titre d’Andrée Chedid, Brève invitée. Car Gwen, et c’est tout à son mérite, n’est qu’interprète, offrant sa voix, son talent, à des vers qu’elle aime et vient ici défendre ; que parfois, souvent même, elle met en musique. Des rimes d’Andrée Chedid déjà nommée, d’Amandine Barrillon, de Lalo et de Sabine Sicaud. Que des rimes féminines ? Oui, ou presque : elle interprète aussi une chanson d’Hervé Peyrard (du groupe Chtriky), vie d’une insoumise prénommée Rivière, confiée à la rivière, sirène conspuée et chassée comme sorcière… Au féminin, donc.

Les chansons de cet album sont tirées du spectacle Hertzienne, une parenthèse chantée, qui « vogue au gré de compositions originales, pour chanter de femmes en femmes, le reflet d’une intimité. Parce qu’une femme n’est pas une mais mille, un solo n’aurait pas suffi. Gwen Soli offre une palette de la féminité dans toute sa richesse et ses secrets (…) Une femme se dévoile… un peu. Miroir, miroir, dis-nous… »

Tout ici n’est que finesse. Les musiques grappillent à un large spectre sonore (de la harpe aux programmations, du dulcimer à la batterie, violons, violoncelle…) et font de chaque chanson une oeuvre unique (parfois « rock » comme sur Laissez-moi crier ; très « baroque » sur le remarquable et très intime J’ai !). Tout est ajusté comme il faut, soulignant les facettes, qu’on ne connaissait pas toutes, de la voix de Gwen Soli.

Dans cet album, Soli s’inquiète et s’amuse tout autant des regards, des tourments de l’âme, « des meurtrissures / des bosses, des griffures / et du fard sur la figure », de l’âge qui avance, du miroir qui triche bien souvent, des petites lâchetés…. C’est le disque d’une femme qui voit venir au loin la cinquantaine. Et qui, quelque part, sous les sillons, soulève un peu beaucoup du mystère de la femme.

Gwen Soli, Miroirs, autoproduit 2019. Le site de Gwen Soli, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit d’Évasion, c’est là.

« Hertzienne, une parenthèse chantée »