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JL Cadoré : l’engagement des mots, la poésie des actes

JL Cadoré (photo Dominic Kado)

JL Cadoré (photo Dominic Kado)

Un chanteur engagé de plus, la belle affaire ! La plupart l’ignoreront, au seul prétexte qu’un chanteur n’existe pas s’il n’est signé chez une major, s’il ne passe pas en radios et télés.

Et puis qu’est-ce qu’un chanteur engagé ? Contre la guerre, pour les p’tits oiseaux et les bouées de sauvetage du côté de Lampedusa, un droitdelhommiste, tout le monde est un peu tout ça. Moi je tiens pour chanteurs engagés, rebelles, ces artistes qui se permettent encore et toujours d’exister alors que les vents de l’air du temps leur sont contraires. A ce titre-là, à ce seul titre, oui JL Cadoré est un chanteur engagé. De surcroit son chant, ses chansons, ne peuvent que faire du bien à ceux qui les entendent même si ce sont souvent des convaincus, des convertis.

Il n’est pas le seul, d’autres avant lui d’autres après lui, à vouloir qu’on lui dessine un monde heureux. Ce vœu pieux, le Marseillais qu’il est le traduit en chanson. Et, ma foi, plutôt bien. Cadoré est une jolie plume, bel artisan qu’on imagine non offrir le premier jet de ses textes mais longtemps peaufiner ses mots en atelier où la gouge côtoie le dictionnaire de rimes. Ses indignations certes sont pareilles à ses semblables, mais elles gagnent en puissance par la poésie qu’elles secrètent, un peu comme la sève d’un arbre de caractère, plus chêne fier que saule pleureur. Bien sûr, Lampedusa ; bien sûr, le réchauffement climatique… Ce qui serait feuille de route et figure de style pour un chanteur de variété qui doit montrer sa colère chez Drucker, sent ici nettement plus la conviction, la sincérité.

Capture-d’écran-2018-05-04-à-17.25.54De son chant, Cadoré fait portrait de notre société, ce qui se passe, tragique, et nous qui ne faisons rien, qui ne pouvons rien faire : « Et moi qui bouge pas / Dans mon fauteuil de cuir / Chaque fois que je tends les bras / Ils sont trop courts et c’est bien pire ». Alors nous sommes spectateurs de la déchéance, du désenchantement : « Voici venir au loin l’hiver nouveau / Sans froid sans gel nul besoin de manteau / Les étourneaux ont repris leur envol / Même les arbres roux quittent leur sol ». Comme Cadoré le chante ailleurs « Les marchands d’espoir / N’ont plus rien à vendre ». Pourtant certains s’accrochent encore à l’espoir, même ténu. Comme ces deux-là : « Nous irons à Lampedusa / Répétais-je à ma fiancée / L’Europe avec ou sans visa / Ne nous attend plus, on le sait » (texte de Nicolas Céléguègne).

Ce troisième album de JL Cadoré ne saurait se résumer à ce seul constat. Mi chèvre mi chant, il tente par d’autres titres, de s’en sortir. Car, c’est le privilège du poète qu’il est, il nous parle aussi d’amour en de bien jolies tournures, jolies phrases, vers délicats. Comme dans Il y a longtemps que je t’aime sans te le dire, un texte de Jean Humenry interprété en duo avec la chanteuse Dyne. Il est vrai que « L’amour est ce qui reste quand on a tout perdu ».

A remarquer aussi, car remarquable, cette chanson-hommage à un musicien cubain disparu, Ibrahim Ferrer : tout, paroles comme notes, y est d’une écriture sensible : « La nuit quand le cœur est lourd / J’écoute le souffle court / Amoureux des minutes denses / Qui me bercent / Dans tes silences ». Et notez les arrangements, soignés, de Renaud Duret, qui avait déjà réalisé, il y a dix ans, le premier album de JL Cadoré.

Facture classique pour disque intemporel, qui ne doit rien aux modes, aux dictats, au formatage. Ou ce disque a tort et disparaitra ou il a raison et survivra à tous ces artistes et disques d’un instant, qui font leur tour de piste et s’en vont. Celui-ci, d’une toute beauté, pourrait tourner longtemps sur votre platine. Jusqu’à la proche fin du monde ?

 

JL Cadoré, Un chant, G-pods 2018. Le facebook de JL Cadoré, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui, c’est là. Pour commander ce disque, c’est ici.

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4 Réponses à JL Cadoré : l’engagement des mots, la poésie des actes

  1. JEAN HUMENRY 3 décembre 2018 à 14 h 31 min

    Tellement heureux d’accompagner mon ami avec un brin de poésie

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  2. Pierre LACOMBE 5 décembre 2018 à 7 h 47 min

    Jean-Louis est et doit rester intemporel ! Malgré tout, il doit conserver cet aspect intimiste voire intime mais être connu par le plus grand nombre, friand de chansons francophones de qualité. Pas besoin de passer par les média traditionnels, le bouche à oreille suffit !

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  3. Lemeille 5 décembre 2018 à 10 h 44 min

    A la belle plume qui n’a pas besoin des médias pour exister. Il suffit d’ouvrir l’oreille et de partager comme il sait le faire ! Merci Jean Louis. A ta poésie qui est un acte de paix.

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    • Michel Kemper 5 décembre 2018 à 10 h 48 min

      Reconnaissons tout de même qu’avec un peu de médias, c’est mieux

      Répondre

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