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Trenet et Cabu : le livre qui, enfin, les réunit

600_celebrer_le_centenaire_de_charles_treneten_compagnie_du_dessinateur_cabu_et_de_nelson_monfort« Pourquoi j’aime tant ce que chante ce monsieur blond ? Ah ! Trenet, c’est la chanson et c’est la vie, tendre, grave, légère – le culte de l’enfance, la nostalgie de la jeunesse, un hymne à la province qui est dans notre cœur – même si elle n’existe pas – bercés par une musique qui vient directement du jazz. » Cabu

Ce n’est pas à un lectorat tel que celui de NosEnchanteurs, si amateur de belles et bonnes chansons, que nous oserons présenter Charles Trenet, le fou chantant, mort il y a déjà dix-sept ans, après 68 ans de bons et loyaux refrains.

Ce n’est pas non plus à vous que nous présenterons Cabu, le dessinateur de presse si connu, si aimé, si prolifique, mort sous des balles ennemies il y a trois ans, avec ses copains martyrs de Charlie-Hebdo.

(extrait) « A quinze ans, j’étais journaliste. Je volais du collège à quatre heures pour venir écrire au Coq catalan. C’est là que j’ai vu, pour la première fois, tourner des rotatives. « Nous aurons une linotype ! » chantait le directeur, Albert Bausil, grand poète et mon oncle aussi. Un beau jour, elle arriva, la linotype. Nous n’osions pas y toucher. Le bel insecte ! Par association d’idées, nous donnâmes un sens nouveau au mot « typographe » (il devenait une espèce de bête qui piquait). Mon oncle attendait les prospectus indiquant la marche à suivre, mais les gens de Paris semblaient nous avoir oubliés et la linotype resta un bon mois sans fonctionner faute de savoir s’en servir. Voilà donc mes premières amours : le journalisme. Si je n’étais pas né, si je n’avais pas été bercé dans le vieil immeuble de la rue des Cardeurs, plein de poussière, d’encre, de mystère, de gloire, dans l’odeur miraculeuse du papier, je ne reviendrais pas, de nos jours, hanter les modernes machines de la presse. Maintenant j’y retrouve le goût de là-bas. Il me semble encore que la cloche sonne, que je vais retrouver Jeannette dans son bureau de l’imprimerie... »

(extrait)
« A quinze ans, j’étais journaliste. Je volais du collège à quatre heures pour venir écrire au Coq catalan. C’est là que j’ai vu, pour la première fois, tourner des rotatives. « Nous aurons une linotype ! » chantait le directeur, Albert Bausil, grand poète et mon oncle aussi. Un beau jour, elle arriva, la linotype. Nous n’osions pas y toucher. Le bel insecte ! Par association d’idées, nous donnâmes un sens nouveau au mot « typographe » (il devenait une espèce de bête qui piquait). Mon oncle attendait les prospectus indiquant la marche à suivre, mais les gens de Paris semblaient nous avoir oubliés et la linotype resta un bon mois sans fonctionner faute de savoir s’en servir.
Voilà donc mes premières amours : le journalisme. Si je n’étais pas né, si je n’avais pas été bercé dans le vieil immeuble de la rue des Cardeurs, plein de poussière, d’encre, de mystère, de gloire, dans l’odeur miraculeuse du papier, je ne reviendrais pas, de nos jours, hanter les modernes machines de la presse. Maintenant j’y retrouve le goût de là-bas. Il me semble encore que la cloche sonne, que je vais retrouver Jeannette dans son bureau de l’imprimerie… »

la-vie-qui-va-1022254-264-432Cabu, on le sait, nourrissait pour Charles Trenet une admiration sans borne. En janvier 2015, le 3 pour être précis, une conversation dans une brasserie parisienne réunit Jean-Paul Liégeois, directeur de collection (à qui nous devons pas mal de bons et beaux livres sur Brassens, Béart, Trenet et quelques autres du même cru), Vincent Lisita, un passionné de Trenet, et Cabu. « Et si on les publiait enfin, tous ces textes ? » C’est Cabu qui parle. Les textes ? Ce sont ces écrits hétéroclites que Charles Trenet a semés jadis dans la presse au hasard de son inspiration et de son humeur. La discussion tourne au projet : ce sera un gros livre, illustré des dessins de Cabu. A Lisita la tâche énorme de fouiller les archives publiques et privées, les fonds de bibliothèques, pour rassembler tous ces textes. Dans l’enthousiasme, une nouvelle rencontre de travail est fixée quatre jours plus tard. Réunion qui ne se fera pas, les tueurs de Daesh faisant entretemps leur macabre besogne…

Cabu voulait ce livre : il l’a désormais, comme il le désirait, le rêvait : Jean-Paul Liégeois et Vincent Lisita lui ont donné vie et consistance. Aussi beau, aussi gros, rassemblant l’essentiel de la production hors chansons de Trenet, œuvre parallèle du fou chantant, longtemps éparpillée, désormais rassemblée, qui éclaire mieux encore l’homme et l’œuvre à venir. Si on ajoute à ce livre l’intégrale Y’a d’la joie, parue en 2013 au Cherche-Midi (coordonnée, elle-aussi, par Liégeois), nous avons là et pour la première fois la somme totale de Trenet : inestimable cadeau.

 

Trenet & Cabu, La vie qui va. Robert Laffont 2018. 23 euros.

Le jardin extraordinaire Image de prévisualisation YouTube

Trenet & Brassens Le Grand Café, Tout est au duc, Le Petit Oiseau Image de prévisualisation YouTube

Une réponse à Trenet et Cabu : le livre qui, enfin, les réunit

  1. Cerbelaud 19 février 2019 à 18 h 41 min

    Merci pour le bonheur que vous distribuez au travers des chansons!

    Répondre

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