Prémilhat 2017. Le Wally qui rit
28 octobre 2017, 11e Rencontres de la Chanson française, Prémilhat,
Il est quoi, au fait, le Wally ? Un chanteur de tout petits formats, un humoriste, un gagman, un bonimenteur forain vendeur de tee-shirts ? Et pis d’abord, est-ce que c’est vraiment de la chanson ? Ben… le fait est qu’oser l’inviter dans un festival de chanson est désormais chose rare, les organisateurs (par bonheur, pas tous) se réfugiant le plus souvent dans le strict pré carré de la chanson-de-qualité-ou-de-paroles-ou-à-textes, écimant tout ce qui dépasse, défrise, détonne, fait barrage à leurs fragiles certitudes (et de fait l’isole).
Wally n’a pas besoin d’un lourd matériel pour déployer son talent, ses facéties. Une cour d’immeuble, une place de marché, chez l’habitant ou à l’Olympia (on lui souhaite), ici dans la salle des fêtes de Prémilhat, tout fait sol et sens pour ce tout-terrain de la chanson courte (on dit aussi chanson flash) en rafales. En 90 minutes il vous en case cent ou deux cent quand le moindre de ses collègues en fait péniblement vingt : il chante plus vite que son ombre. Sa cartouchière de mots est garnie et notre bonhomme tire à tout va. Il mitraille en déconno-philosophant, à mi-chemin entre Gourio et Desproges, Corbier et Audiard. Vous me direz que j’exagère mais que dire de sa poésie verbale qui nous donne des « Elle a le regard bleu de l’entrecôte », « Comme mon chien ne rapportait rien je l’ai appelé Livret A » ou « Que faisait le paon avant l’invention de la roue » ?
Bulldozer ariégeois (mine de rien, ceux-là sont les pires), notre pitre fonce, enfile les mots comme d’autres des perles : au demeurant, ce sont souvent des perles. Et parfois s’arrête, constate les effets dévastateurs de ses saillies drolatiques puis reprend aussi sec. Derrière moi, un spectateur rit à gorge déployée tout le long du spectacle : faut-il le mener aux urgences ou l’achever ?
Si c’est la première fois que vous voyez Wally, tout est neuf. Si vous êtes un fidèle, vous avez là non un résumé de vie mais une compilation de ses spectacles précédents, comme un best-of : en français on dit pot-pourri mais ça sent pas particulièrement le moisi, ou alors vous chipotez : « Est-ce que c’est vrai qu’un pinailleur, c’est quelqu’un qui commet l’adultère ? » Histoire de dire qu’il a fait chanson première langue, il vous en sert des bouts, même pas rimés : « On m’a vu dans le Vercors / On m’y verra plus ». Derrière l’irrésistible fantaisie et des mots parfois incongrus, Wally est un guitariste hors-pair. Je vous le dis, une heure et demie avec lui, ça fait court. Alors, en quittant la salle, on s’achète pour dix balles son livret-disque de 99 chansons et pas plus, histoire de prolonger la singulière rencontre. Histoire d’en apprendre aussi pour briller en société : dès lundi, ça a dû philosopher dur devant la machine à café.
Le site de Wally, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui, c’est là.
Pour des raisons indépendantes de ma volonté (quoique), et bien qu’au cœur de l’événement, certains concerts des Rencontres de la chanson de Prémilhat ne seront pas chroniqués, n’ayant pu y assister, n’ayant pas eu le cœur à l’ouvrage. Un papier sur le festival en lui-même paraîtra un peu plus tard sur NosEnchanteurs : il faudra cependant attendre que je me réveille d’une longue anesthésie, que je retrouve mes esprits. Mes excuses à nos lecteurs ainsi qu’aux (formidables) gens de Prémilhat. MK
Je le connais bien le lascar de l’Aveyron , je dirai de l’Awéron !
Son récital, une leçon de bonheur… Qu’il persévère dans ses leçons de vie qui valent tous les discours des philosophes de salon !
Chapeau bas l’artiste .