Pascale Locquin : demain sera bien
Tout en ce disque est tendrement suranné. Mais tant de disques sont lancés dans un supposé air du temps qu’il n’en reste pas grand’chose au bout du compte, que celui-là défiera peut-être la prétendue logique d’un marché dans lequel, au moins, il ne s’inscrit pas.
Suranné, d’abord par la photo qui l’illustre, qui remonte à vue d’œil à l’âge de l’argentique : la petite Pascale Locquin assise sur la jambe d’un Père Noël appointé par les Galeries Lafayette. Locquin, c’est elle, une chanteuse parisienne qui est rare, tant en salles (hélas) qu’en disque : son précédent – un CD – est contemporain du vinyle et du franc.
Un accordéon, une guitare (Didier Lamothe et Nelson Ferreira). Et une chanteuse qui, dans des conditions acoustiques, dans l’esprit du live, à la voix aux volontaires trémolos, rebrousse le temps, va chercher des souvenirs qui colorent certains textes d’un agréable sépia : « Dans un fond de tiroir / Il restera toujours un enfant / Pour demander une histoire… » C’est plein de générosité, d’espoirs, même exprimés avec grande naïveté. Sur nous et nos vies, sur le blanc et le noir et les nuances qu’on cherche entre, sur le temps qui passe, puis trépasse. « Parfois le temps nous toise / Sans jamais vouloir s’arrêter ». Dans ses chansons, demain est forcément bien, mieux : l’amour qu’on a semé finit par fleurir, la guerre s’arrête. Les jours s’ajoutent aux jours et Pascale Locquin semble chanter cette attente, ponctuée de petites choses, de difficultés, de coups durs. Passé, présent et futur semblent animés de la même nostalgie : l’accordéon, douceâtre, y est pour beaucoup mais quand même. Même les élans, les résolutions, ne sont pas sûrs, même si « un jour viendra bien, où l’on pourra s’aimer ». Une fois achevé, on se dit que ce disque, cohérent en soi, autoportrait ou non, est un très intéressant rendu d’état d’âme, miroir dans lequel on peut facilement se reconnaître pour peu que la mélancolie s’en mêle. « Un climat personnel, une écriture intéressante à énigme » dit d’elle Marlène Bouvier, son ancienne collège de Radio-Libertaire, pointant dans les rimes de Pascale Locquin, « atmosphère toute loquinienne », « ce refus d’accepter les anomalies de cette société qui peuvent faire naître l’injustice et l’arbitraire ».
Pascale Locquin, Rêver encore…, autoproduit 2017. Le facebook de Pascale Locquin, c’est ici. En vidéo, une chanson antérieure au nouvel album :
Un peu, beaucoup de profondeur ne nuit pas. Et lorsque l’accordéon surâmé écoute les textes, ici, mieux que quiconque, amoureux des belles chansons, nostalgiques ou non que nous sommes, nous avons envie de remercier cet instrument, frère des mots et de la voix sensible de Pascale Locquin.
Un peu, beaucoup de souvenance et d’espérance calment les maux. Cordialement.