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Iaross, en rage et en espoir

VOIX DE FÊTE 2017 : PLANER AVEC IAROSS 25 mars 2017, festival Voix de Fête, Salle Pitoeff à Genève, Dans ce beau festival franco-responsable qu'est Voix de Fête et qui rassemble un public averti et des professionnels de la chanson francophone de tous horizons, j'entends dire depuis le matin qui a réunit «les pro» pour échanger sur leurs scènes et leurs artistes, « ce soir, c'est Iaross qu'il ne faut pas rater »... Alors à 23 heures, fidèle aux conseils reçus, je suis sagement campée sur mon fauteuil, dans l'attente, comme une gosse à qui on a promis monts et merveilles, à trop vouloir croire que ladite promesse sera à la hauteur. Arrive, dans la pénombre, Germain Lebot qui nous offre une introduction au métallophone des plus aérienne, on commence à sentir poindre le décollage... puis il est rejoint par ses complices, Colin Vincent à la guitare et aux synthés et Nicolas Iarossi qui attrape son violoncelle. Oh je sais, cher lecteur, que tu aimerais que je te donne des références; « ça ressemble à... », « il chante comme... » pour te faire une idée et pouvoir situer le style, mais non. Je cherche je t'assure, mais je ne vois pas. La rythmique joue avec notre assurance, on croit pouvoir la suivre et hop ! elle nous déroute. Le chant, tantôt slamé tantôt chanté, nous happe, nous hypnotise, nous allège. Le synthé lui, mélodieux, accompagne la montée. Chacun joue sa piste et puis le tout se rejoint, se mêle, monte en puissance, encore et encore puis explose... Et le public, cet inconscient, en apesanteur et suspendu très haut, ne pense même pas à l'atterrissage...  Iaross, en live, c'est planant. Littéralement. TAMARA VEDRINE

VOIX DE FÊTE 2017 :
PLANER AVEC IAROSS
25 mars 2017, festival Voix de Fête, Salle Pitoeff à Genève,
Dans ce beau festival franco-responsable qu’est Voix de Fête et qui rassemble un public averti et des professionnels de la chanson francophone de tous horizons, j’entends dire depuis le matin qui a réuni «les pro» pour échanger sur leurs scènes et leurs artistes, « ce soir, c’est Iaross qu’il ne faut pas rater »… Alors à 23 heures, fidèle aux conseils reçus, je suis sagement campée sur mon fauteuil, dans l’attente, comme une gosse à qui on a promis monts et merveilles, à trop vouloir croire que ladite promesse sera à la hauteur.
Arrive, dans la pénombre, Germain Lebot qui nous offre une introduction au métallophone des plus aériennes, on commence à sentir poindre le décollage… puis il est rejoint par ses complices, Colin Vincent à la guitare et aux synthés et Nicolas Iarossi qui attrape son violoncelle.
Oh je sais, cher lecteur, que tu aimerais que je te donne des références; « ça ressemble à… », « il chante comme… » pour te faire une idée et pouvoir situer le style, mais non. Je cherche je t’assure, mais je ne vois pas. La rythmique joue avec notre assurance, on croit pouvoir la suivre et hop ! elle nous déroute. Le chant, tantôt slamé tantôt chanté, nous happe, nous hypnotise, nous allège. Le synthé lui, mélodieux, accompagne la montée. Chacun joue sa piste et puis le tout se rejoint, se mêle, monte en puissance, encore et encore puis explose… Et le public, cet inconscient, en apesanteur et suspendu très haut, ne pense même pas à l’atterrissage… 
Iaross, en live, c’est planant. Littéralement.
TAMARA VEDRINE

Les temps sont difficiles, le cœur des artistes saigne et les fourmis crient. Même si cet album est illustré d’un visage féminin coloré, aux yeux attentifs, peut-être accusateurs, on est vite rattrapé par le noir qui l’entoure. D’ailleurs en regardant mieux, on y voit les superpositions d’affiches arrachées, lacérées, vestiges d’un monde en déliquescence. Un très joli livret-textes aux couleurs en demi-teintes l’accompagne, mais ses héros et héroïnes ne nous rassurent guère, évoquant une science–fiction apocalyptique qui devient de plus en plus proche de notre réalité. Merci à Mathieu Renault d’avoir bien su résumer l’ambiance de l’album.

Merci à Nicolas Iarossi, pour ses textes qui semblent jaillir de pensées qui se tournent et se retournent à l’infini dans sa tête sensible. Un message pas directement politique, plutôt une intime désespérance. Tout l’album est cri, révolte, souffrance d’exister, avec des rayons de lumière qui s’immiscent cependant. Merci pour ce timbre à peine voilé, ce parlé-chanté qui fait penser tant à Loïc Lantoine qu’à Mokaiesh ou, pour les aînés, au Ferré déclamatoire ou au Mano Solo déchiré. Une urgence, une écriture précieuse au sens originel du terme, de bijoux noirs sertis dans un  écrin musical, comme une peau collée sur  les os.

Iarossi use de son violoncelle dans toutes ses possibilités, pincé, frotté, slappé, ou de sa guitare, en communion avec ses deux complices et co-compositeurs. Colin Vincent est à la guitare électrique et aux synthés, aux sons de cloche, à l’orgue, au piano… Germain Lebot, à la batterie inspirée, battante, touchée avec grâce ou frottée-frôlée, aux percussions, et à la kora, harpe africaine qui ajoute à la finesse des cordes l’ampleur de la résonance de la calebasse. Leur interprétation volontairement épurée a été complétée par des musiciens invités lors de l’enregistrement  au studio Le Mirador, tous rencontrés dans la région de Montpellier. On aboutit à un rock entêtant s’enflammant sur les cordes, battant et montant en petite mort chaotique, dissonante et cuivrée qui n’en finit pas de renaître…

Carlo de Sacco insuffle l’esprit du maloya dans ce On va brûler, introduisant des plaintes douces en créole. « Fini les pleurs et fini l’inertie / Du funambule à la poésie » mais il reste un espoir « Sûr qu’on s’aime / Sûr qu’c’est beau résonance / Sûr qu’c’est beau/ Et la belle dissonance ».

Trois jeunes femmes aux violon, alto et violoncelle, le Trio Zéphyr, soulignent ces chansons de l’homme seul qui  veut « marcher droit », murmurer sur les pas de l’aimée « Je plonge dans l’étreinte de tes bleus / La brume couche sous tes yeux / Ces pas qui grondent dans ma tête / Je pose la plume de l’alouette », ou Courir « Sans moi, sans toi, sans fin, sans rien, sans lien / Courir, courir à mourir, courir à écrire, courir et s’ouvrir ».

Celui qui a « la mémoire qui flanche et le cœur qui pompe » nous entraîne dans un monde exécré où il « trace une trace qui [le]tracasse ».
Dans un rythme balancé, insistant, répétitif, « On enverra tout paître / Des images à brider / Des reflets sans reflets / Des ravages effrénés / Des rouages étalés ». Le titre énigmatique de cette chanson, Chiens de garde, est tiré de l’œuvre anticapitaliste de Paul Nizan (années 30). Comme sur le titre évoquant la guerre, 14/14, le trio Journal intime, trompette, saxophone et trombone, y renforce l’effet apocalyptique dans ses dissonances ou ses soudains silences.

Treize chansons de colère, de fin du monde, de rêve déçu, en longues phrases fortes, parfois absconses, ou en répétitions de sons textuels  « Des crasseuses clairières / Aux abrasives ordures / Des honteuses héritières /Aux corrosives bavures » ou musicaux. De l’intime blessure « Sous le vent et dans le ventre ça plie / Sous la brume et la sueur ça rue » à l’ultime morceau, sorte de prière laïque très rock progressif,  il nous reste face aux alarmes un petit espoir « Dans les cheveux, un rire délicat / Chercher le sens, chercher l’essence ». Un des albums choc de l’année.

 CATHERINE LAUGIER

Iaross, Le cri des fourmis, auto-produit/Label Folie 2017. Le site de Iaross, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit du groupe, c’est là.

Trace, 2017Image de prévisualisation YouTube
Extraits en concertImage de prévisualisation YouTube

2 Réponses à Iaross, en rage et en espoir

  1. Catherine Laugier 24 avril 2017 à 16 h 31 min

    Pour ceux qui aiment aller plus loin, rien ne vaut les explications de Iaross eux-mêmes :
    https://www.youtube.com/watch?v=J4Bl1h-kzls

    Répondre
  2. Catherine Laugier 16 juin 2018 à 12 h 39 min

    « J’prends le temps de coudre / Recoudre le cœur qui coule et voir les rêves se plier, voir / Les rêves se briser »
    Magnifique vidéo Live de Trace dans le superbe cirque de Mourèze, où le terme de batterie prend tous ses sens… Lueur d’humour dans le tragique !
    https://www.youtube.com/watch?v=7VsslrQuqvg

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