Radix, le Siffleur sachant siffler sans sifflet

Fred Radix, Le Siffleur (photo Renaud Vezin)

Fred Radix, Le Siffleur, 17 mars 2017, Le Majestic à Firminy,

Mais que fait-il donc, sur NosEnchanteurs, ce Siffleur ? Ici, on chante. Et siffler n’est pas jouer.

Le Siffleur ? c’est notre ami Fred Radix, chanteur depuis… Depuis pas mal de temps déjà. On peut supposer qu’il a toujours siffloté en conduisant. En voyant une jolie fille, aussi. Et qu’il sifflait des canons, mais pas plus que de raison, avec modération. Le métier d’intermittent étant ce qu’il est et ce créneau, cette niche, porteur, il est devenu Le Siffleur. Exit Radix dont il nous restera quelques CD et des souvenirs émus de scènes pour témoigner ! C’est désormais en queue de pie, lunaire et désinvolte, qu’il officie dans des salles bien pleines, avec quatre jolies créatures : son quatuor féminin fait de Luce Goffi au premier violon, Widad Abdessemed au deuxième violon, Anne Berry à l’alto et Chloé Girodon au violoncelle. Les présentations sont faites : nous pourrions ajouter messieurs Schubert, Mozart, Bizet, Bach, Chostakovitch, Morricone et McCartney, des tas d’oiseaux siffleurs tels que le grimpereau des bois, la huppe cendrée de Nouvelle-Calédonie, la fauvette babillarde, le pigeon, le coucou et la grive musicienne, sept nains qui, hé ho, hé ho, rentrent du boulot. Placer en début d’article le générique de fin ne déplaira pas à Fred qui, un moment donné, retrouvera, miracle, sa voix d’origine, pour nous faire l’Astaire, chanter en presque claquettes et avec parapluie.

J’ai dit l’Astaire, pas l’austère. Car ici tout est à la fois très sérieux et désopilant, d’un bout à l’autre. La prestation du Radix tient surtout de la conférence sifflée. Ne pouvant, cent minutes sans discontinuer, siffler à tout va, notre Siffleur fait dans la pédagogie, l’éducatif. Et, à défaut donc de siffler tout le temps, tient le crachoir. Radix est humoriste, depuis toujours : tout est drôle, allant jusqu’à même nous faire siffler, divisant la salle en deux irréductibles camps : les sopranos et les altos. Bon, n’est pas siffleur qui veut, c’est un métier…

(photo DR)

Notre virtuose fait surtout dans la musique classique. Je ne sais si les puristes apprécient mais c’est nettement mieux que Saint-Preux et Clayderman. Concerto (assez tard tout de même) en quatuor et sifflet en une utile révision de nos grand classiques : la Habanera de Carmen (Bizet), La truite de Shubert, l’oiseleur de La Flûte enchantée de Mozart… Bien d’autres musiques encore et, presque comme un morceau de bravoure, La marche turque du Wolfgang Amadeus.

Cinéma aussi par lequel il nous fait remiser le classique et réviser nos classiques : Le pont de la rivière Kwaï, Le gendarme de Saint-Tropez, Kid Bill, Le bon la brute et le truand, Blanche-Neige… Et, seul titre de « variété » dans cet abondant répertoire, Eleanor Rigby, des Beatles il va sans dire.

Un public qui est comme la flûte (enchanté !) même s’il a subi plus que de coutume les gentils sarcasmes du Siffleur en chef, un talent fou, un quatuor excellent, qui plus est de charme, un Siffleur époustouflant, des airs comme s’il en pleuvait… Et un incident technique, rupture de pile de micro qui, soudain, coupe le sifflet du Siffleur : ça fait arroseur arrosé. Seule fausse note donc, et pas un sifflet dans la salle. Chapeau !

Le site du Siffleur, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de Fred Radix, c’est là.