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Les noirs dessins de Daran

maxresdefaultLiège, Le Réflektor, 7 octobre 2016,

 

Le monde perdu, c’est le titre du dernier album de Daran, paru en 2014. Réalisé dans ce Canada lointain devenu sa terre d’adoption, c’est un disque dans la plus pure tradition des folksingers américains. Guitare, harmonica et voix en sont ses seules composantes. Le dépouillement comme écrin idéal pour des perles de chansons distillant au goutte à goutte leur beauté intemporelle.

Dans la foulée, l’homme est parti en tournée, qui se clôturera, nous a-t-il appris, en janvier prochain, après un périple de plus de 200 dates (avant de nous revenir à la rentrée 2017 avec un nouveau CD sous le bras, annoncé beaucoup plus rock et bruyant). On saluera d’autant plus l’exploit qu’il y a belle lurette que Daran a quitté les radars médiatiques, suppléant heureusement cette absence par la ferveur de son public de fidèles.

Bienheureux donc ceux qui auront pu l’applaudir dans ce spectacle bien rodé et ceux qui profiteront des ultimes dates pour s’offrir ce morceau de bonheur. Car c’est véritablement de l’inédit qui nous est offert.

La scène est occupée dans toute sa largeur par un écran géant. A gauche, Daran, sa chaise, son micro, son harmonica et ses guitares. A droite, Geneviève Gendron, dessinatrice-illustratrice, qui officie en direct sur sa palette graphique. Chaque chanson s’accompagnera d’un clip réalisé en direct, la comparse du chanteur exécutant en live de multiples dessins s’intégrant dans le film vidéo projeté ou s’animant comme par magie. Le dispositif pourrait phagocyter totalement le concert et masquer les chansons du programme, mais il n’en est rien, tant projections et sons s’avèrent complémentaires, les belles ambiances musicales étant renforcées par les images filmées en noir et blanc (paysages enneigés, routes qui défilent, océan déchaîné…) et les interventions graphiques toujours judicieuses de la talentueuse dessinatrice (pour les amateurs de bédé, son style évoque le travail de Bastien Vivès). La preuve vivante que technologie et poésie ne sont pas inconciliables.

Daran nous interprétera l’intégralité de son Monde perdu et quelques autres titres plus anciens (Belle comme, Olivia…), sans oublier bien évidemment son incontournable Dormir dehors millésimé 1995. Autant de chansons à la gloire de la liberté, des grands espaces, du voyage et du refus du conformisme… Par les temps étriqués qui sont les nôtres, que cette grande bouffée d’air frais nous a fait du bien !

 

Le site de Daran, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui, c’est là.

Image de prévisualisation YouTube

Une réponse à Les noirs dessins de Daran

  1. Catherine Laugier 13 octobre 2016 à 11 h 58 min

    La description de ce spectacle me fait penser à celui de Tom Poisson ou celui de Narcisse vus au Off d’Avignon qui savent aussi allier technologie et poésie. Notre époque a aussi du bon ! Et la collaboration entre artistes donnant des points de vue différents est source de bonheur.
    Quand à Daran, il n’a plus de preuves à faire. Merci Pol

    Répondre

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