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Bob Dylan : un chanteur prix Nobel de littérature

bob dylanL’événement est de taille : c’est la première fois que le prix Nobel récompense un chanteur, un saltimbanque. Le prix Nobel de littérature 2016 est décerné à Bob Dylan, 75 ans, « pour avoir créé dans le cadre de la grande tradition de la musique américaine de nouveaux modes d’expression poétique », a annoncé la secrétaire générale de l’Académie suédoise, Sara Danius. « Bob Dylan écrit une poésie pour l’oreille », a expliqué Sara Danius : « Il s’inscrit dans une longue tradition qui remonte à William Blake. Il est extrêmement doué pour la rime. C’est un sampleur littéraire qui convoque la grande tradition et peut marier de façon absolument novatrice des musiques de genres différents, des textes de genres différents. »

Bien que ce site soit consacré essentiellement à la chanson francophone, ce serait faire insulte de rappeler à nos lecteurs qui est Dylan, porte-parole de toute une génération, certainement le chanteur le plus important de la seconde moitié du XXe siècle.

Autant l’influence de Dylan est sans doute celle qui aura été la plus grande sur la chanson (y compris francophone), autant cette insigne récompense pourrait avoir son importance sur la chanson, bien au-delà de l’œuvre même de Bob Dylan.

Même si l’Académie française a jadis fermé ses portes à Charles Trenet, la chanson, non par ses tâcherons de la bluette standardisée mais par ses grands auteurs, compositeurs et interprètes (parfois, souvent, les trois à la fois), a su conquérir depuis longtemps ses lettres de noblesse. Il n’y a que « les vieux schnocks d’l'académie », comme chante Pierre Perret, qui ne le savent pas et risquent, bien qu’immortels, de ne le savoir jamais. Certes, les éphémères ministres de la Culture aiment accrocher au revers des baladins la médaille des Arts et des Lettres, sans discernement d’ailleurs, sans aucun goût, prouvant ainsi leur coupable inculture en ce genre.

L’auteur de Blowin’in the wind lui-même eut la Légion d’honneur (1). Qui n’est qu’un colifichet parmi d’autres. Le prix Nobel est d’une nature différente et cette récompense-là, obtenue aujourd’hui, va bien au-delà de l’artiste qu’est Bob Dylan. Parce que c’est la première fois qu’il récompense un chanteur, c’est la chanson qui est pour partie distinguée, qui est aussi de la littérature.

 

(1) En 2013, ce malgré les vociférations de Marine Le Pen, déplorant que la Légion d’honneur soit « distribuée à n’importe qui n’importe comment », et du général Jean-Louis Georgelin, grand chancelier de l’ordre de la Légion d’honneur, considérant le chanteur indigne d’un tel honneur, Dylan ayant à ses yeux le tort d’avoir été pacifiste pendant la guerre du Vietnam et de fumer de la marijuana.

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6 Réponses à Bob Dylan : un chanteur prix Nobel de littérature

  1. Pol de Groeve 13 octobre 2016 à 18 h 56 min

    C’est fort réjouissant de voir un chanteur ainsi porté au pinacle, même si un prix Nobel de littérature occulte un peu qu’une chanson, c’est paroles ET musique. Et on rêverait de les voir ainsi un jour récompenser un auteur de bandes dessinées.
    Reste à voir à présent si ce choix audacieux ne sera pas un One shot ! Quel chanteur en effet dispose-t-il d’une aura universelle semblable à celle de Dylan ? Léonard Cohen ? Et puis qui ?

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  2. André ROBERT 14 octobre 2016 à 17 h 15 min

    Il est peu probable que Hugues Aufray fasse part ici de sa réaction.
    Voici donc les propos de Sa Sérénité ce midi sur france info :
    « Ce Nobel est une récompense indirecte pour moi. Je suis visionnaire en matière de talent. »
    Puis : « Il a rendu la poésie populaire et vivante » et là, c’était de Dylan qu’il parlait, et non de lui-même. Encore qu’il ait pu adresser un langage subliminal aux jurés du Goncourt.

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    • Michel Kemper 15 octobre 2016 à 10 h 41 min

      J’ai eu la chance (? !) un jour, il y a longtemps, de faire une interview d’Hugues Aufray et je m’en souviens encore. Il a tout vu, tout ressenti. Il a deviné la mort de Coluche avant que celui-ci rencontre le putain de camion, il a découvert Dylan, presque inventé Renaud, il est inspiré par Dieu lui-même (« c’est Dieu qui guide ma main », alors que Greame Allwright, lui, ne sait pas traduire, que c’est une mauvais chanteur). Il est pour la loi de la jungle où les plus forts mangent les plus faibles, etc. D’autres de mes collègues ont fait cette expérience d’interviewer Aufray et ont gardé le même sentiment, le même écoeurement que moi : Hugues Aufray est un type puant.

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  3. André ROBERT 15 octobre 2016 à 14 h 45 min

    Pour revenir à Dylan (laissons l’autre au frais), en tant qu’amoureux de la chanson je suis heureux de voir récompensé cet artiste, mais je m’interroge sur les choix du jury qui a pris plusieurs fois, depuis une dizaine d’années, un « malin » plaisir à surprendre.
    Va-t-on vers une « peopolisation » du Nobel de littérature ?
    De très grands écrivains comme Philip Roth, Murakami, pour n’en citer que deux, en feront-ils les frais ?
    Malgré tout le respect que je dois à Dylan, je pense pouvoir dire qu’il ne joue pas dans la même catégorie que ces auteurs-là.
    Ce sera mon seul…bémol !

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  4. Joël Luguern 18 octobre 2016 à 22 h 49 min

    Attention, chers amis !
    Concernant « la loi de la jungle » défendue par Hugues Aufray, il faut être juste et expliquer, comme il l’a fait lui-même, ce qu’il entend par cette expression.
    « La loi de la jungle » ce n’est pas la loi du plus fort, qui peut faire ce qu’il veut où il veut, quand il veut, impunément parce qu’il est le plus fort.
    « La loi de la jungle », aux yeux de Hugues Aufray – et sur ce plan, je pense qu’il a raison – c’est le fait que, dans la jungle, le gros, pour survivre, s’attaque évidemment à plus petit que lui. Et que, une fois qu’il est rassasié, le gros ne touche plus au petit, ne cherche pas à s’imposer à lui.
    Ce qui est très différent de « la loi du plus fort », où le plus fort peut tout se permettre tout le temps, simplement parce qu’il est le plus fort.
    Oui, Hugues Aufray, sur ce plan, a raison de faire une distinction entre ces deux « lois ».
    J’en profite pour signaler à ceux qui ne la connaissent pas une très belle chanson qu’il chantait il y a une cinquantaine d’années: « Le lion et la gazelle ». (Musique de Bert Kempfer)

    connaissent pas « Le lion et la gazelle » une très belle chanson de
    H. Aufray

    Répondre
  5. Guillaume Blankass 31 octobre 2016 à 8 h 57 min

    (lu sur facebook)

    Guillaume Blankass

    Lettre à Patrick Besson, au sujet de Bob Dylan :

    Monsieur Besson,
    Je lis rarement Le Point, mais aujourd’hui, il y avait une longue interview de Jean-Paul Belmondo, et je l’ai acheté pour ma femme, qui est amoureuse de lui, ce que je peux comprendre.
    En parcourant ce numéro, j’ai découvert votre éditorial intitulé « Jean-Jacques Goldman, Prix Nobel de littérature ».
    J’ai bien compris, Monsieur Besson, que vous ne goûtiez guère le fait qu’on puisse donner le Nobel à un chanteur, tout Dylan soit-il, mais il me semble, qu’au delà de vos mots, vous fassiez preuve d’une intolérance digne d’un vieux con.
    Le pire est que vous vous serviez d’un autre artiste, qui n’a rien demandé, pour faire passer votre message d’un autre temps.
    Je ne suis pas spécialement fan de Jean-Jacques Goldman, mais vos propos m’ont choqué.
    Vous n’insultez pas seulement Dylan, mais aussi l’Académie Suédoise, et M. Goldman lui-même.
    Je vous cite :

    « Qu’on me permette, pour commencer, de citer ces vers célèbres de M. Jean-Jacques Goldman, le nouveau lauréat du prix Nobel de littérature :
    Ça a été très long.
    Mais il y est arrivé
    Eh eh eh yeah eh yeah.
    Tout le génie, toute la morale et toute la philosophie de l’auteur se trouvent ici résumés. Leçon de courage et d’obstination, l’oeuvre de M. Goldman est le viatique idéal pour quiconque – je pense aux jeunes gens sans emploi de notre vieille Europe, mais aussi aux milliers, que dis-je, aux centaines de milliers de réfugiés du Moyen-Orient que des guerres abominables jettent sur les rivages de Turquie, de Grèce et d’Italie- veut s’en sortir dans la vie. »

    Vous êtes lamentable M. Besson.
    Vous savez comme moi que les Nobels de littérature sont souvent des poètes, et Bob Dylan en est un, ce qui lui donne, à mes yeux, toute légitimité pour recevoir ce prix.
    Devant votre minable éditorial, Dylan et Goldman resplendissent de talent, parce qu’ils ont su nous faire aimer les mots, dans toute leur simplicité.
    Pour finir, et je sais que c’est facile, mais ça fait du bien, je me réjouis du fait que Dylan soit Prix Nobel de Littérature, alors que vous, vous ne le serez jamais.
    Bonne nuit.

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