Spa 2016. Kendji Girac s’invite au bal des nazes

Kendji Girac sur la scène Pierre-Rapsat (photo Michel Hocks/Francofolies Spa)

Francofolies de Spa, 21 juillet 2016,

Le pouvoir de la télévision… C’est à l’aune d’une soirée comme celle-ci que l’on peut réellement en mesurer l’importance. Pour cette édition 2016, ni Polnareff, ni Obispo n’ont réussi à atteindre le sold-out. Non pas qu’ils ont chanté devant une assemblée clairsemée, mais il restait encore des places disponibles. Par contre, l’affiche programmée pour ce 21 juillet s’est avérée gagnante puisque la jauge maximale (un gros 10.000 personnes) a été atteinte. Et par qui ? Kendji Girac, un jeune chanteur de 20 ans découvert en 2013, suite à sa participation à l’émission The Voice ! Quand on pense que certains artistes rament pendant des années avant d’obtenir un léger succès…

Soit ! Partant quand même de l’idée que cet heureux veinard n’était pas forcément dépourvu de talent, NosEnchanteurs a voulu tester le phénomène. Premier constat qui saute aux yeux lorsque nous pénétrons dans les lieux : la moyenne d’âge des spectateurs a connu une chute vertigineuse. Détail amusant quand on pense que l’amiral Polnareff aime à désigner ses fans comme des moussaillons, alors que son public a largement l’âge d’être marin au long cours ! Pour Kendji, la place est envahie de gamins et gamines, tout excités et brandissant panneaux et banderoles à l’image de leur idole. C’est l’instant émouvant que de penser que, pour la plupart d’entre eux, il s’agit là de leur premier concert et qu’ils s’en souviendront toute leur vie.

À CÔTÉ DE CELA…
Plaisir des festivals : j’ai pu l’après-midi-même applaudir Giédré (ci-dessus, photo Athos99). Rien à rajouter à ce que Vincent Capraro nous a écrit d’elle dans un article paru en mars (voir le lien un peu plus bas) : c’est drôle, provocant, scatologique et d’un mauvais goût assumé. Et pourtant… J’ai trouvé Giédré toujours grossière mais jamais vulgaire. J’ai eu l’impression inverse avec Kendji Girac !

Mais pour le reste, qu’en dire ? Le dispositif scénique est le même que pour Polnareff (un écran vidéo central sur lequel seront projetées les images du concert lui-même, prises sur le vif), les cinq musiciens assurent le job sans génie mais non sans talent, le chanteur plein d’énergie sourit tout le temps, change quatre fois de veste et nous demande sans arrêt si tout va bien en Belgique (c’est quand même sympa de s’en inquiéter) et si on veut bien danser (et ça tombe bien car les gens en ont envie). Et en une heure et quart, tout était plié. Voilà, c’est à peu près tout !

Les chansons ? Des trucs pop à la sauce hispano-andalouse-cubaine, forcément rythmés et entraînants, sans originalité aucune. De la variétoche de bas-étage. Les paroles ? Un ramassis de lieux communs sans intérêt, oscillant entre le gnangnan (la palme à ce niveau va au magnifique Les yeux de la Mama, où il nous est dit sans rire « Quand je souffre, elle souffre avec moi / Quand je ris, elle rit aux éclats / Mes chansons sont souvent pour elle / Elle sera toujours ma merveille… ») et le cucul (« Elle m’a aimé de tout son amour de tout son cœur / Elle m’a donné tout ce qu’elle avait quand je n’étais rien »). Et quand l’artiste ose une chanson « concernée » (Où va le monde ?), il nous demande quand même de sauter en l’air et de danser dessus : comprend-t-il seulement ce qu’il chante ??? Tout paraît frelaté et de pacotille, quand ce n’est pas simplement ridicule (ah, le passage où Kendji s’essaie aux battements de pied de flamenco…).

Nous sommes d’accord, il faut de tout pour faire un monde et libre à chacun d’apprécier la soupe musicale que TF1 sert à grandes louches. Peut-être d’ailleurs Kendji Girac, avec la maturité, évoluera-t-il et adoptera un répertoire de meilleur niveau. Laissons-lui le bénéfice du doute : après tout, ne l’oublions pas, ce succès disproportionné lui est tombé dessus à dix-sept ans ! Regrettons surtout que les Francos soient obligées de recourir à ces vedettes préfabriquées pour arriver à remplir leur grand espace. Et il y a récidive dès demain, puisque Louane se produira au même endroit. Vivement l’année prochaine, qu’on puisse y applaudir Maître Gims !!!

Le site de Kandji Girac, c’est ici. Le site de Giédré, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit d’elle, c’est là.