Mickey redresse les oreilles
Sept ans tout de même sans nouvelles, au moins discographi- ques. Il y eu bien cette tournée fin 2011 pour tester de nouvelles chansons dont au final il n’en a gardé aucune. Un an aussi pendant lequel il ressuscita son ancienne formation, 3DK, celle d’avant Mickey. Et l’écriture de beaucoup de chansons, dont il n’était pas toujours content. Pour Zaz. Pour Françoise Hardy, qui n’en a retenu aucune. Pour Vanessa Paradis, qui n’en a gardé qu’une, destinée justement à Hardy. Et puis cette voix, la sienne, que Mickey ne supportait plus, qu’il fuyait…
Le revoilà, Mickey, pcc Mickaël Furnon, à l’entame de sa tournée, de son retour, chez lui ou presque : à Montbrison. Mickey 3d, c’est lui. C’est aussi ce groupe dont nous apprenons la nouvelle mouture : Mickaël donc, Sylvain Gras, Guillaume Poty, Xavier Granger et le retour de Najah El Mahmoud.
D’ici à quelques jours sort son nouvel album, Sebolavy.
Lors de la conférence de presse qui a précédé le concert, Mickey n’a pas été très loquace. Il n’aime pas les explications de texte, qui lui rappellent trop l’école. Sur scène il ne sera guère plus parlant, tant il est vrai que c’est ce soir la première et que toute l’équipe est tendue, inquiète.
La salle est pleine, trois fois pleine, trois séances. On découvrira l’essentiel du nouvel opus et une sélection de vieux titres qui parfois remontent à loin, tel Le goût du citron du premier disque de 1999.
Deux grands lampadaires à même le sol de la scène, deux paravents vaguement chinois et les anciens et nouveaux titulaires de Mickey 3d. Étonnamment la foule n’est pas particulièrement jeune : un public d’abonnés qui sait tout de Mickey, depuis le premier jour. Car ici moins qu’ailleurs Mickey 3d n’est une mode : simplement une culture de proximité, une rare évidence.
Une guitare folk, une électrique, une basse, une batterie. Un clavier hélas en service minimum, qu’on touche à peine. Et parfois Najah à l’accordéon…
Rien à dire des anciens titres, si ce n’est qu’ils se réveillent de leur longue léthargie et retrouveront vite leur ampleur d’origine. On dresse plus facilement encore l’oreille vers les nouveaux. Toujours l’enfance en filigrane, suffit de regarder la pochette du disque à venir… L’enfance et la mort, omniprésentes comme dans le reste du répertoire. Des chansons a priori naïves, comme toujours. Avec d’autres possibles degrés de lecture : c’est l’estimable et presque inimitable marque de fabrique de Mickaël Furnon.
Ça et la connerie des gens, l’écologie (« Mon ami Geronimo, sous nos pieds / C’est plus des océans / C’est la nausée »), l’imminence d’une catastrophe qui côtoie un avant goût de paradis, des vers bien sentis (« Je n’ai pas choisi la bonne vie / J’aurai du revenir dans le cerveau d’un abruti / J’aurai pris l’apéro avec Marine et ses amis »), des souvenirs publics et privés (Sylvie, Jacques [Brel] et les autres)… Mickey ne change pas de registre, de ces thématiques qu’inlassablement il continue de labourer dans ses sillons. Le bijou du nouvel album est peut-être cette chanson sur l’actuel président, François sous la pluie, aux différents niveaux de lecture, subtile.
A écouter ces nouveaux titres, on se dit que, parmi tous les retours actuels (Les Insus/Téléphone, Louise attaque, etc), celui de Mickey 3d est à l’évidence le plus sincère, le plus intéressant. Le seul qui a encore des choses à (nous) dire.
Trois titres pour clore nos (belles) retrouvailles. Le C’est déjà ça, d’Alain Souchon, seule reprise de la soirée, le Johnny Rep pour cette folie foot captée dans le chaudron de Saint-Étienne… Et Les lumières dans la plaine, dédié à ce bout de territoire qu’est le Forez, terre natale et d’inspiration, que Mickaël est fier d’emmener en tournée, à la manière d’un cordon ombilical.
Le site de Mickey 3d, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs à déjà dit de ce groupe, c’est là.
Euh le goût du citron c’était 20 ans plus tard…1999 et pas 1979…sinon précoce le Mickey
Tout à fait, Axl ! La faute de frappe ou d’étourderie est d’autant plus inexcusable que j’avais en mains ce « Mistigri torture », le disque de 1999, au moment de l’écriture de ce papier.
« Inexcusable », faut pas exagérer…;-)