L’histoire d’un mec qu’a mal tourné
Ce mec là est né en 1945 à Thouars (Deux Sèvres), ville baignée par le Thouet, rivière tranquille dans laquelle il jetait sans doute quelques cailloux dans l’eau qui filait tranquillement se jeter dans la Loire à Saumur.
La mort de son papa Calixte à Diên Biên Phu le fait pupille de la nation à 9 ans. Avec son grand frère Jean-Pierre, il rentre au Prytanée militaire de La Flèche, qu’il quitte trois années après : l’armée n’est pas son Graal.
Après l’armée, l’école : pas bon en français, lui dit-on ; il la quitte pour devenir électricien. Chez Citroën, il perfectionne un appareil dont le brevet sera déposé par l’entreprise : pas bon comme financier non plus !
A 21 ans, il enregistre un 45 tours avec sa jeune sœur Françoise. En 67, il chante dans des cafés parisiens, rencontre des interprètes. 1968 le voit prendre d’assaut le château d’Angers (un fait d’armes ignoré de tous) et parle d’écologie dans un meeting, où il se fait huer : pas politiquement correct non plus.
Direction Saint-Malo où le hasard s’intéresse à lui : Le Névé, Terre Neuvas qui doit reprendre la mer, lui propose de remplacer son électricien tombé malade : et c’est parti pour cinq mois avec des marins qui adoptent ce chanteur électricien.
En 67, il avait entendu Pierre Brasseur (le père de Claude) dire du Couté ; le hasard (décidément !) lui permet de dénicher le second tome du « Gâs qu’a mal tourné ».
Avec l’ami Bernard Meulien, ou seul, il fait revivre Couté sur les textes duquel il écrit près de cinquante mélodies. Eddy Schaff et Paul André Maby figurent parmi ses premiers accompagnateurs.
Le mec Pierron continue à rencontrer des types bizarres tels L’Gars Mile, alias Émile Joulain, paysan poète patoisant des bords de la « Loère » grâce à qui il découvre (mais pas que) la boule de fort. Autre rencontre en 83, celle d’un grand sec nommé Leprest à qui il ouvre les portes du Printemps de Bourges. Débute une amitié de trente années pendant lesquelles il lui offre 46 musiques : pas mal ce coco-là, non ?
Il rencontre aussi Brauquier et Corbière, longtemps après la mort terrestre de ces deux poètes marins. Ce Pierron ressuscite les morts… Faudrait lui expliquer qu’il risque d’être déifié de son vivant !
Depuis longtemps, il a posé son sac aux Rairies, village du Baugeois où il vit comme un poisson dans l’eau. La fratrie n’est pas très loin : le grand frère Jean-Pierre, qui lui a écrit deux chansons dans Madame la rue, est l’un des piliers du P’tit Chariot, association qui a accompagné Gérard, mais aussi France Léa, Hélène Maurice, pour ne citer qu’eux. La petite sœur Françoise Mesnil Pierron est sur scène avec Gérard et Bernard Meulien dans Le discours du traîneux.
Tout le mois de mars, une exposition de plus de vingt panneaux sur l’œuvre de Pierron est visible à la médiathèque de Murs Erigné. Outre ses vinyls, CD, spectacles créés, vous y croiserez les musiciens qui lancent des étoiles qui dansent dans le ciel de la vie… parmi les derniers en date, Marie Mazille, Patrick Reboud, Yves Perrin, Nathalie Fortin et Francis Jauvain : ça pourrait être pire !
Il n’a pas la Légion d’Honneur : un anarchiste ce gâs-là ! Il va continuer à mal tourner, à jeter des cailloux dans l’eau, c’est tout le mal qu’on lui souhaite.
Exposition à la médiathèque de Murs Erigné (49), visible jusqu’à fin mars. L’ exposition est itinérante et peut aller chez vous… Contactez jean-pierre.pierron@wanadoo.fr au 09 77 37 98 26. Le site de Gérard Pierron, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs en a déjà dit, c’est là. Une vidéo de Patrick Clémence :
« qu’a mal tourné »… je suppose que le titre signifie que Gérard Pierron ne tourne pas assez sur les platines et dans les salles de spectacles.
Pour le reste il a plutôt réussi.
Il n’a pas « perdu l’esprit », ni la voix…, et gardé celle qu’il s’est tracée. Y’a pire …
Et un beau film « Sillons sillages « de Paul Champart lui est consacré.