Dimoné, honneur de casting !
« La Maîtrise accueille Dimoné », 12 février 2016, « Les Poly’Sons », Théâtre des pénitents à Montbrison,
Partager l’art nerveux, saccadé et amoureux de Dimoné est expérience enviable. Associer nos voix à la sienne dans des chansons si intimes, si intérieures… Rarement le créateur des Narcisses n’aura connu telle proposition que celle-ci. Une captation vidéo nous proposera sans doute un jour quelques extraits de ce concert forcément collector où neuf adolescents de la Maîtrise de la Loire ont eu la chance de se parer d’un peu de Dimoné, de faire sinon jeu égal avec lui au moins singulier compagnonnage en des conditions professionnelles, sur une scène idéale. Convenez que c’est bien mieux qu’un selfie avec l’idole.
Cette expérience artistique parachevait la 10e édition des Poly’Sons de Montbrison, exemplaire festival chanson à la programmation sans faute (bravo Dominique Camard !). Exemplaire aussi cet atelier « chanson » de la Maîtrise de la Loire, seule maîtrise à envisager et travailler la chanson. Tant que c’est une ancienne élève, Sarah Mikowsky, devenue chanteuse à plein temps, qui fit ce soir-là la première partie.
Donc, Dimoné. En un seul homme, vous avez la beauté, la luxuriance du verbe, de ces mots qui s’agitent, s’agrippent, s’ordonnent en de multiples et surprenantes combinaisons, échafaudent des histoires en fragile équilibre, en « triples axel sur le sol glacé / avant de remonter dans la nacelle se réchauffer », mélancolie acidulée et hymnes à l’amour dans un rock fluide et généreux à tête chercheuse. Lui aussi doit mentir la nuit.
Et toujours cette grâce féline du moustachu « à toison circonflexe » qui toujours retombe sur ses notes. Déjà superbe. Venise, Chut chut shut up, Encore une année… Jean-Christophe Sirven tant au piano qu’aux claviers et programmations, Dimoné à la guitare électrique qu’il délaisse parfois pour sa mandoline bleue. Et dès les premières notes d’Un homme libre, neuf filles et garçons (Margot, Manon, Léa, Valentine, Adam, Alix, Théo, Simon et Gaspard) entrent dans la danse, en transcendance : « Je déambule en équilibre / En préambule d’un homme libre… » Des choristes de circonstance ? Non, bien plus. Plaisir d’offrir, joie de recevoir. Cadeau de l’un, appropriation par ces jeunes, il y a partage. Et, s’il est un mot qui caractérise tant cette Maitrise, ce Festival que, bien sûr, cette soirée : transmission.
Il aura fallu quatre journées partagées entre eux et le chanteur, et cette cinquième d’aujourd’hui, pour un tel résultat en tous point maitrisé. Jeu presque égal. Il y a onze artistes en piste. Les hésitations de cet après-midi encore sont estompées, gommées. Partages, duo entre Dimoné et Margot. Les titres viennent pour la plupart du dernier album de Dimoné, Bien hommé mal femmé. Et quatre autres du précédent, Madame Blanche. Sauf ce 2 temps 3 mouvements, venu de plus loin, qui se prête si bien à ce chant partagé, ici tous assis en bord de scène, sur le rebord du monde. Mise en scène, en espace, presque chorégraphies, nos jeunes héros se baladent en de telles ballades, avec ce diable de Dimoné qui les a « invités à avoir une récré sous un joli préau. » Madame Blanche, Suspendu au vent, Maquille-moi, Les narcisses… Et cet inédit, superbe, qu’est Indigo, pièce déjà prépondérante d’un futur album: « Dans ta nuit indigo / Dans ton ciel indigo / Derviche tourneur / Et puis à la trotteuse / Place les horloges… »
Depuis longtemps, depuis le tout début, le public est acquis. Un public fait de toutes les générations. Buissons serrés sur scène au dernier titre, public serré et débout dans la salle, enthousiaste. Ovations. De derrière sa console, Christopher Murray, l’artisan de cette soirée, de cette rencontre : « Un concert qui plus d’une fois m’a filé des frissons, noué la gorge, fait tendre les yeux et les oreilles pour ne pas en perdre une seule onde. Merci Dimoné, Jean-Christophe et Philippe pour avoir su si vite vous accorder avec les osselettes et osselets. Fier d’eux je suis, et heureux de retrouver pour chaque projet le soutien indéfectible de l’équipe des Polysons. Voilà, c’est dit ! » Neuf jeunes gens viennent de vivre un grand moment. Jean-Christophe et Dimoné aussi. Et nous. Dans le hall, personne ne veut se quitter, s’inventant mille excuses pour retenir la nuit. Il y a neuf jeunes vedettes ici, dont on recherche la conversation ; Dimoné, dévalisé, signe ses derniers disques. Il peut revenir à Montbrison quand il veut : il est ici chez lui et le sait.
Le site de Dimoné, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui, c’est là.
Comme bien d’autres lecteurs, je note le titre de cet article qui ne vient sans doute pas par hasard.
Oui, il y a deux ans et demi, à l’occasion de son passage à Barjac, en première partie des Ogres de Barback, j’avais commis un article un peu particulier sur la « réception », l’accueil par le public, de Dimoné (c’était d’ailleurs et paradoxalement peu un article sur Dimoné lui-même) ; ça c’était passé assez mal ce soir-là, pour des tas de raisons. Nous étions à Barjac et, parfois, ça peut être un peu particulier… Le titre du papier était « Dimoné : erreur de casting ? » et ça avait fait alors grande polémique relayée par certains volontaires plus ou moins bien intentionnés pour l’amplifier. J’ai eu d’ailleurs l’impression de beaucoup de commentateurs n’avaient pas lu l’article avant de le commenter. J’ai le sentiment et ne suis pas le seul que cet article a été profitable à tout le monde, par le buzz qu’il a fait. Même à Dimoné et, quitte à faire, je trouve ça pas mal. En fait, à NosEnchanteurs, par tous ses collaborateurs, ou peu s’en faut, on aime beaucoup Dimoné : il suffit de lire tous nos articles pour le constater. Alors oui, le titre de ce nouvel article est un clin d’oeil, d’affection, d’amitié. Et de malice.
Et l’un de tes beaux articles comme on aime Michel !! Dimoné est un artiste singulier par la facture de ses chansons et l’habillage musical que lui apporte son complice… Ce duo est à voir et écouter en scène … On ne le dira jamais assez. Quant à son univers, ses textes, je suis bien d’accord pour dire « Lui aussi doit mentir la nuit ». C’est amusant de voir comme le nombre de commentaires est singulièrement réduit cette fois -ci !!