Les Ours du Scorff, après hibernation

Quatre albums et une compilation sur une décennie puis une hibernation discographique de dix ans : revoici, revoilà Les Ours du Scorff, groupe traditionnel breton à destination du jeune public. Résurrection autour d’un de ses deux créateurs, Gilbert Bourdin, avec une équipe toute neuve (guitares, mandoline, percussions, uillean-pipes, accordéon, contrebasse). Mais toujours la même mascotte, ours il va de soi, en visuel de ce nouvel opus.

Pour Bourdin, ces chansons coulent de source. Deux sources : celle du Scorff et celle de l’Ellé, eaux claires où vont et viennent les chants d’autrefois et de maintenant « tout en cheminant, en allant de l’avant ». « Des sources à venir, sources d’avenir » : on a rarement si bien définie cette chanson-là. C’est ici champêtre : l’eau et la lande, la forêt et le marais, le renard et les lapins, un chat, des moulins… Loin sans doute des ressources de Brocéliande mais tout aussi magique dans sa simplicité. « C’est en passant pas Saint-Auny / J’ai vu la source du renard gris / Et trois petits chevreuils / Se cachent parmi les feuilles / Et la coucou chantait / Et la coucou chantait / Si t’es hibou / T’es pas coucou / Si t’es coucos / T’es pas hibou… »

Disque pour enfants, certes. A bien écouter les paroles, on s’en rend compte. Mais avouons qu’il faut bien tendre l’oreille, la musique, en tous cas celle des airs à danser, prenant le pas sur les textes comme si ces derniers étaient en eux-mêmes un ton, une note prolongée, monocorde et hypnotique, un prétexte sur lequel vont s’agréger les notes. En fait c’est un quasi fest-noz qu’on écoute et convenons que les bals bretons sont sans âge.

Fasse que ces chansons rencontrent effectivement les oreilles des gosses : elles le méritent. Et qu’il les chantent. Les lieux où se pratique la chanson pour enfants, bien souvent d’essence traditionnelle, se réduisent comme peau de chagrin et les jeunes adultes ne font plus ou ne savent plus faire transmission. Ces chansons des Ours du Scorff, agréables et sans autre prétention que le plaisir, s’inscrivent dans l’intemporalité. Bien que toutes neuves (si certaines sont d’origine traditionnelles, elles ont été modifiées), on les croirait issus de chansonniers (recueils de chansons) comme il en existait jadis. Elle aident à bien grandir. Et même les adultes peuvent les recycler en danse.

Les Ours du Scorff, Le chant des 2 sources, Keltia Musique 2015 ; Le site des Ours du Scorff, c’est ici.