Barbara-Bruel : 1-0
On nous dira, comme à chaque fois, que c’est pour transmettre, pour faire connaître aux plus jeunes l’œuvre de l’artiste ici reprise. Non, Barbara ou pas, Patrick Bruel, 56 ans, ne s’adresse pas, ne s’adresse plus aux jeunes. Son public, fidèle, a vieilli avec lui. Le jeune public l’ignore autant qu’il ignore Barbara. Ce disque n’est fait que pour le public de Bruel. Éventuellement pour ceux, du même âge ou plus, qui aimeraient retrouver Barbara, oubliant que les disques de la longue dame brune sont toujours disponibles dans le commerce. Et qu’il est ici préférable de tendre l’oreille à l’original.
Patrick Bruel n’est pas un chanteur désagréable et on peut sans honte l’apprécier dans ses propres chansons. On a pu être réticent, un peu, avec son répertoire de l’Entre-deux mais, là non plus, il ne déméritait pas. Et puis chanter Mon amant de Saint-Jean et d’autres titres de cette trempe, c’est chanter de belles chansons qui ont su résister à l’usure du temps.
Là, ça ne passe pas. Ce n’est pas que c’est mauvais (encore que), c’est simplement rien, insignifiant, interprétation distraite hors sujet, à côté de la plaque. Mais c’est en l’écoutant qu’on peut comprendre en creux l’intérêt de Barbara par Barbara. Le poète Robert Desnos souhaitait « unir le langage populaire à une atmosphère inexprimable » ce qu’incontestablement Barbara a su faire (réécoutez Nantes, Drouot ou Göttingen s’il faut vous en convaincre). Il y a en Barbara une grâce, une magie qui transcende les mots. Il y a des ambiances, des pleurs retenus, des décors en noir et blanc, des gammes de gris. Il y a d’infinies déchirures, des douleurs qu’elle a même réussi à graver dans la cire de ses disques. Que Bruel ne sait restituer, chantant Barbara comme s’il chantait n’importe quoi, sans la politesse du talent qui du reste n’est pas donné au tout venant.
Certes la voix de Bruel est usée, rapeuse, hasardeuse (jadis il s’est cassé la voix) mais ce n’est pas encore ça. L’interprétation de Bruel est banale, pas assez travaillée : il transforme des rubis en breloques, de l’or il fait du plomb.
C’est dans Mon enfance que la voix est la plus abimée. N’empêche c’est l’un des seuls moments d’émotion de ce disque. On a là l’impression que Bruel est entré dans le sujet, dans la chanson, dans l’absolue mélancolie.
On regrettera enfin des orchestrations mal à propos, incongrues, limite vulgaires. Ce disque, Bruel dit qu’il ne le voyait pas être fait par un autre que lui. Nous si. D’ailleurs Barbara a déjà à elle un certain nombre d’interprètes probants, enthousiasmants parfois. Qui ont sans doute plus pris le temps, eux, de réfléchir le pourquoi et le comment de reprises de Barbara.
Patrick Bruel, Très souvent, je pense à vous…, Sony 2015. Le site de Patrick Bruel, c’est ici.
Dans un tel cas pourquoi ne pas porter une critique juste sur un concert LISSE ?
C’est nuancé et surtout pas contre un homme !!! mais il fallait l’écrire !!!
Sensibleries pour les fans ? Mais Michel, j’ ai senti un peu de retenue dans tes propos, me trompe-je ?
Je ne saurais dire pourquoi mais j’aime bien Bruel. En fait je crois que c’est surtout l’acteur que j’aime bien, le fils Monge de La maison assassinée entre autres rôles. Et j’aime pas le poker et autres jeux d’argent. J’étais persuadé en « m’attaquant » à Bruel, que j’allais faire un papier sympa. Eh ben non. Comme il y a bien une dizaine d’années quand j’avais couvert pour Le Progrès son concert de l’Entre Deux au palais des spectacles de Saint-Etienne. De toute la salle (4500 spectateurs) j’avais dû être le seul à ne pas avoir aimé (c’est pareil, il était pas dans son personnage, et ça me gênait). Seulement c’était moi le journaliste et je l’avais écrit comme je le pensais. Ce que m’avait valu pas mal de lettres de lecteurs courroucés. Déjà…
Laurent Viel a quant à lui fait, avec beaucoup d’amour, un magnifique travail autour de l’œuvre de la grande dame : http://www.laurentviel.com/index.php?article106%2Fmon-pantalon-est-decousu
Jugement sévère mais juste. N’y-a-t’il donc pas des gens dans l’entourage de Bruel ou de sa maison de disques, des programmateurs ou que sais-je, pour lui avoir dit que ce n’était pas bon, que cet hommage virait à la bérézina ?
Quand c’est mauvais il faut le dire. BRUEL people en manque d’inspiration, nous livre une copie affligeante des chansons de BARBARA ! J’ai écouté une fois avec DRUCKER … cr’est une honte. Comment oser une telle bouillie pour rendre hommage à une telle Dame ??? Réponse : Monsieur cherche à faire du fric avec l’assentiment des maisons de disques … Les gens nostalgiques, les vieux comme moi … on a un peu de sous (encore) … alors on achète ! Conclusion : travail de sagouin évitez d’y mettre votre argent …
Sur l’édition de luxe de l’album « Idées blanches » de Vianney, on y trouve « Dis, quand reviendras-tu ? ». Que Bruel reprend aussi. Il me semble qu’il y a quelque chose dans celle de Vianney, une vraie force qui se dégage. https://www.youtube.com/watch?v=_yMgPyXL1Hg
Ah ! un chanteur aussi populaire que Bruel qui ose toucher au répertoire de la longue dame brune, ça fait jaser ! Et bien moi, qui aime plus que tout Barbara, j’aime aussi les reprises de Patrick Bruel, je les trouve légitimes et crédibles .
Ce n’est pas parce que Bruel est un chanteur populaire qu’il est ici critiqué : nos lecteurs habituels savent que ce n’est pas un de nos critères d’appréciation (où alors ils ne sont pas si habituels que ça, ou ne savent pas lire…). Si Bruel est ici critiqué, c’est parce que ce disque n’est vraiment pas bon. Je ne sais pas si Bruel est légitime ou non, d’ailleurs je m’en fous, mais ce qui est sûr, c’est qu’il n’est pas crédible. Mais je crois que lui s’en fout.
Ce n’est que ton avis Michel, et ce n’est que le mien ! Et quand tu dis je « crois qu’il s’en fout », je crois au contraire, comme l’explique très bien Céline, que cet album est le fruit d’une longue gestation, et que ça lui tient beaucoup à coeur . Et je ressens ça en l’écoutant .
Son argumentaire commercial est rôdé, c’est bien la moindre des choses : sur le canapé de Drucker, il va pas dire autre chose ! Il suffit d’écouter cet album pour démonter cet argumentaire : non, ce n’est pas le fruit d’une longue gestation, oui ça aurait mérité qu’il travaille sérieusement son sujet, qu’éventuellement il le comprenne d’abord. Vianney vient de reprendre « Dis quand reviendras-tu ? » : on aime ou on n’aime pas ce qu’il a fait de cette chanson mais lui y a travaillé, ça se sent, ça s’entend (et, ma foi, c’est assez étonnant) ! Je crois que Bruel est un fainéant : il fatigue tout ce qu’il chante.
On peut aimer ou ne pas aimer , mais avoir un jugement définitif en disant c’est mauvais, et en y fourguant tout et n’importe quoi, comme Drucker et son canapé, ou la fainéantise supposée de Bruel, non ! Moi, je me contente de dire que je suis touchée par ces reprises, et que j’aime . Et pour répondre sur les autres articles de Nos Enchanteurs, on peut aussi les lire, et n’avoir rien à dire . Auquel cas, inutile de la faire savoir !
Peut-être eût-il fallu écouter d’autre émissions que celle de Drucker, assez réductrice. Ce que dit Bruel quand il parle de Barbara , ce n’est pas un argumentaire concocté par un communicant de marketing qui est allé cherché sur wikipédia ses éléments de langage… Depuis des années que les albums « reprises » commerciaux surfent sur l’opportunisme avec des invités qui ne connaissent rien de celui qu’ils sont censés honorer, sauf un prêt-à-interview fourni par les directeurs de marketing, on a pour une fois quelqu’un qui connait son sujet. Et en effet, comme pour Vianney, on aime ou on n’aime pas… Mais c’est parce que Machin aime et que Truc n’aime pas que l’un des deux peut se prévaloir d’être la voix sacrée des évangiles.
Combien de fois faudra-t-il le dire ? Peu importe, Norbert, que Bruel connaisse ou non Barbara : au final où est la différence ? On n’a rarement vu un disque de reprises aussi médiocre que celui-là. Et encore, comme dirait Floréal Duran (en commentaire ci-dessous), je suis « mesuré » dans mes propos. Faire une telle bouillie des chansons de Barbara prouve à mon sens qu’il la connaissait bien mal, en tous cas qu’il ne savait rien de ses chansons, qu’il ne les a jamais comprises. Autre hypothèse, possible : Bruel est vraiment un mauvais chanteur (ce qui n’empêche ni le grand succès qu’il a ni ta surprenante adhésion). Je suis étonné que tu puisses consacrer autant de temps, autant de commentaires, pour un disque qui ne vaut rien, à qui j’ai certes consacré un article parce qu’il est entre tous édifiant dans sa nullité et qu’il fait partie malgré tout de l’actualité chanson. Bien entendu que Bruel surfe sur l’opportunisme : ne pas le croire est d’une naïveté qui n’est plus de ton âge, Norbert ! Si encore il l’avait fait avec talent… Même pas !
Je ne partage pas votre avis mais je dois reconnaître que vous ne manquez pas de mesure et que ça ne tourne pas trop à l’acharnement comme ce que j’ai pu lire par certains de vos confrères qui n’ont pas aimé.
C’est la raison pour laquelle je prends le tps de commenter.
Je peux comprendre que ses reprises peuvent déstabiliser les amoureux de Barbara. Pour ma part, les disques de Barbara tournaient à la maison lorsque j’étais enfant mais peu de titres étaient parvenus à me toucher réellement, pour une raison que j’ignore. Hormis Nantes qui m’avait bouleversée. Je précise que j’ai été bercée par la chanson française de la plus élitiste à la plus populaire et que, dès toute petite, les textes avaient tjs l’ascendant sur la mélodie.
Le fait de les entendre par Bruel m’a poussée à réécouter l’original et j’ai même commandé les mémoires de Barbara pour mieux comprendre l’artiste et la femme qu’elle était. Donc, que vous le vouliez ou non, la transmission n’est pas complètement vaine.
La 1ère écoute de l’album de Bruel (hormis qq titres) n’a pas été la plus facile, ni la plus évidente pour moi. Et puis, doucement, j’ai pris conscience de la façon dont il s’est glissé dans ses textes et son intention.
Je trouve que Pantin est solaire par exemple. Perlimpinpin terriblement actuel.
Je ne partage pas non plus votre avis sur les arrangements que je trouve excellents au contraire. Je trouve que ça rend les titres plus « accessibles ». Alors vous y verrez sans doute une vulgarisation de l’oeuvre de Barbara mais je pense ne pas être la seule à faire la démarche de creuser à présent plus son répertoire.
Bref, je pense que le procès que vous faites à Bruel n’est pas très honnête. S’il était venu en proposant une pâle copie de ce qu’a fait Barbara, vous le lui auriez reproché. Là, il propose une vision différente mais assez humble je trouve.
Dans les ITW que j’ai pu lire ou voir de lui, je ne sens aucune arrogance de sa part.
S’il avait voulu faire un album pour faire de l’argent, vous vous doutez bien qu’il a une pléiade de paroliers qui auraient pu lui fournir du clef en mains (comme c’est le cas pour Johnny… que je ne dénigre pas pour autant !).
J’ai le sentiment que cet album a été fait avec ses tripes et porté depuis bien plus longtemps qu’on peut l’imaginer.
« J’ai le sentiment que cet album a été fait avec ses tripes et porté depuis bien plus longtemps qu’on peut l’imaginer.
Sur ce point, il n’est pas tellement contestable que de tous ceux qui ont fait des albums hommages, il est sans doute celui qui a vu le plus de concerts de Barbara, et peut-être même qu’il dépasse sur ce point la majeure partie des journalistes spécialisés. On est loin de celle qui interprète « Mistral gagnant » en pensant que le mistral en question est un vent du Sud, ou de Christophe, qui confond « Ma mie » avec Maman (!!) dans La non demande en mariage, ou celui qui chantée « Pépée » en hurlant plusieurs fois « On couche toujours avec les morts » au lieu de « avec DES morts »..
Supposons que monsieur Bruel connaisse mieux l’oeuvre de Barbara que ses collègues chanteurs, qu’il soit allé l’applaudir plus souvent que ses collègues, qu’il possède plus de dédicaces d’elle que ses collègues, qu’il a le plus de posters d’elle au dessus de son lit, qu’il veuille la reprendre depuis plus longtemps que ses collègues… en quoi ça s’entend sur la qualité de ce disque médiocre, fait à la va-vite, sans chaleur ou si peu, sans passion, avec une sensibilité de concasseur et l’esprit d’un investisseur ?
Patrick Bruel fait la « une » de nos enchanteurs ?
vraiment ?
c’était nécessaire ?
Si on tient NosEnchanteurs pour un Quotidien d’infos de la Chanson (ce qu’il veut être), oui, je crois que cet article a sa place sur NosEnchanteurs. Nous essayons, plus encore ces derniers temps, d’être très large dans notre panorama de la chanson sans changer pour autant nos fondamentaux à savoir la priorité aux artistes qui ont peu ou pas accès aux médias. Il nous faut quand même être constamment en quête d’un lectorat plus large pour justement l’amener à ces artistes. Pour autant, ça ne nous amènera pas à aimer un disque mauvais. La preuve. Dois-je signaler que quand nous chroniquons (souvent) le disque d’un chanteur peu ou pas connu, nous n’avons aucune réaction. Là, ça pleut, au moins sur facebook, c’est rassurant.
Dimanche 6 décembre à 17h00
Laurent Viel chante Barbara
C’est le Barbara transgressive, insolente, provocante qu’interprète Laurent Viel.
Il est accompagné à la guitare par Thierry Garcia
Superbe spectacle que ce Laurent Viel chante Barbara, dont NosEnchanteurs a déjà parlé à plusieurs reprises. Le dernier article en date, c’est ici : http://www.nosenchanteurs.eu/index.php/2014/07/31/barjac-2014-le-barbara-de-viel/
Mais si c’est bien de donner une date, Roger, donnez aussi le lieu, c’est utile
envoyé trop vite, mais c’est bien sur au forum Léo-Ferré à Ivry, à 17h00
Comme il a fallu du courage à Bruel, dont je viens à l’instant d’écouter l’album, pour oser s’attaquer au répertoire de Barbara.
D’abord, parce que Barbara est une personnalité forte, unique, qu’on l’adore ou qu’on la déteste (mais oui, cela arrive.) Ne pas oublier la difficulté qu’elle a eu à ses débuts à faire entendre sa voix, son phrasé, son expressivité si particulière. C’est Cora Vaucaire qui chanta d’abord, je pense « Dis quand reviendras-tu » qu’elle n’osait pas interpréter elle même.
Bruel n’a sans doute pas besoin pour vivre des profits que ce disque pourrait lui rapporter, il sait que ses fans l’achèteront sans difficulté, et que ses détracteurs ne manqueront pas de le critiquer en le traitant de sacrilège. Simplement, il a peut-être comme nous, qui ne pouvons nous empêcher de faire chorus avec Barbara quand nous l’entendons (de plus en plus rarement) à la radio ou à la télévision, eu envie d’enregistrer ce répertoire ancré dans sa mémoire et ses émotions d’enfant. Barbara a bien chanté « Il n’y a pas d’amour heureux » mis en musique par Brassens.
Alors, a-t-il été impressionné ? Il semble ne pas oser se lâcher dans son interprétation, susurrant des confidences, telles des berceuses. « Drouot », à cet égard, est particulièrement répétitif, et « Gottingen » manque de rythme et prend des libertés avec la mélodie .Les chansons sont comme insinuées, avec par moment l’émotion d’une voix qui se brise, d’une phrase chuchotée plutôt que chantée. « L’aigle noir » peine à prendre son envol, « Dis, quand reviendras-tu » est murmuré. Cette façon de chanter par contre prend toute sa raison d’être avec « Du bout des lèvres ».
J’ai senti une véritable émotion dans « Mon enfance » ou « Parce que je t’aime », que je ressens mieux même que dans l’original : https://www.youtube.com/watch?v=wvXL1qx7-7I et il se lâche un peu plus en cours d’album , avec aussi ce curieux « Pantin » semblant enregistré en public.
L’orchestration n’aide pas à l’émotion, et n’est jamais aussi efficace que dans ses rares moments de sobriété. Mais ça n’est pas nouveau, c’est même arrivé à Barbara elle-même (Göttingen) en 1967 : https://www.youtube.com/watch?v=s9b6E4MnCWk
Cependant, s’il est un reproche qu’on ne peut faire à Bruel, c’est d’avoir « copié » Barbara, ce qui est fréquent chez les interprètes qui se risquent à la reprendre, tant sa voix hante nos souvenirs. Où est l’heureux temps où son concert à Pantin de 1981 passait en « prime time » sur TF1 un 5 novembre 1982…(audio accessible sur les plateformes, enregistré plusieurs fois en vidéo, dernier DVD en 2004). Et cependant, c’est dans les enregistrements des années 60, seule à son piano, que j’aime le plus l’écouter.
Comme Michel Kemper, je déplore que seuls les articles concernant des reprises de chanteurs reconnus amènent des commentaires.
« Comme Michel Kemper, je déplore que seuls les articles concernant des reprises de chanteurs reconnus amènent des commentaires. »
Il me semble que 9 fois sur 10, les gardiens du temple savent à l’avance ce qu’ils vont penser dans ces cas-là. Quelques discussions sur des forums ou de FB annonçaient la couleur, sans avoir entendu une note, les sentences étaient déjà tombées: on ne touche pas aux vaches sacrées quelles qu’elles soient. Les premiers intrépides qui ont osé revisiter Ferré ont été lapidés séance tenante. On peut remplacer Ferré par Brassens, ça marche aussi. Aucune surprise dans les commentaires qui sont majoritairement offusqués, c’était attendu, c’est arrivé. Bravo aux rebelles (féminines) qui ne suivent pas le choeur des indignés.
PS: comparer Laurent Viel à Bruel n’a aucun sens, Laurent Viel (comme dans son spectace Brel) propose une approche très personnelle, voire décapante, mais ce n’est pas forcément ce qui montre le mieux Barbara, je suppose que pas mal de fans de Barbara des années 70-80 seraient très déstabilisés par cette Barbara transgressive.
On peut avoir une certaine défiance avec les « reprises » de chansons cultes par d’autres chanteurs cultes. Souvent, ça sent le marketing. Certains parfois font honnêtement leur travail, mais rarement à la hauteur des vrais interprètes : ceux et celles qui savent utiliser la chanson (et non l’aura de son créateur) et se l’approprier en faisant oublier l’original. C’est le cas de Laurent Viel, déjà cité plusieurs fois ici, qui a repris Barbara et Brel avec toute la distance nécessaire pour nous offrir un autre regard sur ces chansons. C’est le cas aussi d’Annick Cisaruk, dont le spectacle Barbara est aussi magnifique à tel point qu’on oublie Barbara tellement les chansons son habitées d’une autre façon.
Il y a aujourd’hui encore de vrais professionnels de l’interprétation, comme l’étaient Catherine Sauvage, Marc Ogeret, Cora Vaucaire et beaucoup d’autres qui savent transmettre le florilège de la chanson sans décalquer, sans imiter, avec une véritable re-création. La question est : Pourquoi les médias, les producteurs, les tourneurs et autres professionnels boudent-ils les interprètes, comme si seules les nouvelles créations (paroles et musique) avaient grâce à leurs oreilles ?
Alors, merci Bruel de chanter Barbara pour porter plus loin la flamme ; c’est déjà ça ! Mais le savoir-faire artisanal, la qualité, le bio, c’est plutôt chez Cisaruk ou Viel, c’est certain.
c’est un album dommage à Barbara…
Allez voir Laurent Viel chante Barbara. Lui c’est un interprète. Et arrêtons de parler de ceux qui n’ont pas besoin de soutien, ils le sont déjà suffisamment.
j’ai trouvé aussi à l’écoute de france inter hier soir, sans âme, insignifiant, fastidieux, plat.
Autant le dire tout de suite, je serai moins mesuré que Michel. Cet album est d’un opportunisme de mauvais aloi, d’un manque de sincérité évident. Il arrive à point nommé au moment des fêtes, de quoi contenter la ménagère de plus de cinquante ans qui n’a jamais entendu Barbara.
Je ne sais pas qui sont les ayant-droit de Barbara mais comment peut-on accepter qu’on massacre une oeuvre comme c’est ici le cas. Je ne me pose pas comme gardien du temple, surtout pas, car je n’ai rien contre les reprises à condition que… A condition qu’on se réapproprie le répertoire en le transcendant ou avec originalité, sans imitation pitoyable ou modification hasardeuse.
Des reprises de Barbara il y en a déjà eu. Pour ne pas les énumérer toutes je retiendrai pour les plus respectueuses et émouvantes celles de Mathieu Rosaz et de Marie-Paule Belle. Pour les plus étranges celles de Daphné. Chacun y est allé avec sa voix, son univers créant quelque chose d’homogène, de touchant au pire d’imprévisible.
On ne trouve rien dans cet album si ce n’est les textes de la grande dame brune, les mélodies mais sous des arrangements dont la médiocrité n’égale que la banalité. Tout est attendu. Aucune émotion, aucune aspérité, aucune douleur, aucun sentiment ne transparaît. Le mot « rien » me semble en effet le plus approprié pour cet opus d’un chanteur sans doute en quête d’un autre public. Il chante Barbara comme il aurait chanté les pages jaunes de l’annuaire.
Samedi dernier chez Ruquier il ne fut absolument pas convaincant et ses explications sur le pourquoi de cet album me semblèrent artificielles. Nul doute qu’on va le voir à longueur de semaines chez Drucker, chez Dave, au Grand Journal… car ce Monsieur, à l’inverse des artistes précédemment cités, a ses entrées, sa place réservée bien au chaud. Et on va, avec hypocrisie, en dire du bien, encore du bien et toujours du bien.
Voilà tout est dit. On attend maintenant que Bruel reprenne Ferré ou Brel ou encore Brassens pour que les flatteurs s’en donnent à cœur joie.
» de quoi contenter la ménagère de plus de cinquante ans qui n’a jamais entendu Barbara. »
J’ai entendu Barbara, je l’ai vue sur scène, j’ai la plupart de ses disques . Et je persiste, et je signe, pour moi, comme pour beaucoup d’autres, il y a beaucoup émotions qui passent dans l’interprétation de Bruel , quoique vous en pensiez .
Cher Floréal Duran,
Pour le premier paragraphe de votre commentaire, c’est votre avis, no comment.
Pour le deuxième, les ayants-droits n’ont rien à dire tant qu’on respecte le texte et la musique, ce qui est le cas ici. On a eu pas mal d’autres exemples où les hommages-dommages étaient bien plus graves que dans cet album. Ferré, Brassens, Renaud ont eu droit à de beaux assassinats, sans que les ayants-droits ne bougent (sauf quand Brassens a été trahi par Joey Starr)
Rien à dire sur la fin de votre commentaire, c’est un avis. Le votre. Toutefois, Bruel a bien expliqué pourquoi Barbara avait une place particulière dans sa vie, je ne crois pas que ce soit le cas pour Brassens ou Brel.
Par contre, ça c’est rigolo: « Il chante Barbara comme il aurait chanté les pages jaunes de l’annuaire. On pourrait comprendre que vous paraphrasez ce qu’on disait de Piaf: « Elle pourrait chanter le bottin. » Mais je crois que ce n’était pas le sens de votre propos …
Si Patrick Bruel avait voulu rendre hommage à Barbara, il aurait sans peine exhumé des titres peu connus de la chanteuse. Ça se serait peut-être moins vendu mais, quelque soi le résultat artistique il aurait gagné en honnêteté. Hélas, si ce n’est « Pantin », il ne chante que des chansons de premier plan, des « tubes », comme un nouveau, inutile et grotesque best-of. Oh, c’est courageux, téméraire, osé. La mise n’est pas bien grosse, le temps de travail nul et le gain appréciable.
Ce n’est pas faire vivre le répertoire de Barbara, ça, c’est signer un accord avec son banquier.
A plus forte raison s’il a connu Barbara, s’il la sincèrement aimé comme il le dit, cette initiative mercantile ne peut se justifier que si Bruel a perdu la main, qu’il n’a plus d’inspiration ou qu’il a des dettes de poker. Ou les trois à la fois.
Dommage parce qu’on s’y attendait. J’aurais tant aimé être surpris…
Ah je voulais juste signaler le superbe album reprise de Barbara par Daphné (enfin à mon avis) et le « Gottingen » de Jérémie Bossone -
Je suis parolière (c’est ma »profession » depuis 14 ans) .. je déteste les albums de reprises …les téléchargements gratis et tout ce qui tue nos chansons dans les tiroirs qui n’attendent que de vivre. Je n’ai entendu que quelques extraits de l’album de Bruel. Je n’ai pas la dent dure face à son travail, moins dure que vous. Me faisant l’avocate du Diable, je suis heureuse si quelques centaines de jeunes découvrent les oeuvres de la Dame en Noir, ses textes … ….comme j’ai vu chanter les grands-parents, avant leurs départs, sur l’album de l’entre deux guerres de Bruel. Peu importe le mercantilisme calculé de l’artiste. J’ai la faiblesse de croire qu’il vaut mieux inonder les ondes de Nantes et de l’Aigle que des Manggggnannn Style ou je ne sais plus quels titres et autres m…. affligeantes.
Puisqu’il s’agit de transmettre l’oeuvre de la Dame en noir eh bien transmettons quelques reprises très honorables. L’album de Bruel aura au moins le mérite de faire parler ici de chanteurs moins médiatiques mais talentueux.
« Dis quand reviendras-tu ? » interprété par Nicolas Fraissinet avec fidélité et quelques trémolos dans la voix mais « bien joli tout de même » https://youtu.be/REi1_Xi90WQ
« Göttingen » interprété par Jérémie Bossone avec une délicatesse certaine: https://youtu.be/fejGTLK8pE0
Et ce jeune groupe Lou Casa prometteur qui reprend des chansons moins connues comme
« Tous les passants »: https://youtu.be/hJgmnWrs5mo
ou un « Perlimpinpin » dans un tango assez original:
http://www.loucasa-barbara.com/musique_loucasa_3.php
Bravo aux vrais interprètes de Barbara: Nicolas Fraissinet et Laurent Viel tellement plus émouvants que Bruel.
Pour un oui pour un non, Patrick Bruel suscite nombre de réactions. Qu’on chante les louanges de son dernier album ou qu’au contraire on le pilonne, c’est respectable tant qu’on reste dans le champ de la critique artistique.
Ça l’est forcément moins quand il est attaqué pour ses racines juives : sur certains sites d’information, les fachos sont à la tâche. Honte à ceux et celles qui déversent à cette occasion comme en d’autres le vomis antisémite.
Toujours concernant Patriiiiiiiick, un lecteur attentif nous signale la formule malheureuse d’un de nos estimés collègues qui, sur son blog, dès l’entame d’un papier très favorable au chanteur, ose : « La blogosphère du Landerneau de la chanson explose, c’est passion et fulmination après le scandale annoncé de l’attentat contre Barbara. » Notre lecteur se dit choqué par les termes associés « explose » et « attentat ». Il est vrai que, particulièrement après ce qui s’est passé le 13 novembre, avec les autres attentats presque quotidiens dans le monde, il est des termes qu’il conviendrait de bannir, au moins pour l’instant, de son vocabulaire, ne serait-ce que par élémentaire respect. « C’est insultant, nous dit notre correspondant, pour les victimes, les blessés et leurs proches. » On peut effectivement porter un jugement, même excessif, sur un disque, sur un artiste, dans un sens ou dans un autre d’ailleurs, sans être tenté par la surenchère de propos infiniment regrettables car déplacés et douloureux.
Je n’ai pas ecout elena disque de Bruel mais je sais que tous les disques de ce monsieur sont insipides.
Comme son copain ou concurrent Pagny qui s’est permis de trahir Brel, Bruel ne fait pas avancer la chanson francaise de qualite.
Helas trois fois helas
Une fois de plus P.BRUEL nous démontre qu’il est encore en panne d’inspiration.
Il nous avait déjà fait le coup de « l’hommage » ou le coté » Remenber » avec les amants de St Jean.
Mais là c’est un scandale ! comment dans l’entourage proche de BRUEL personne n’a eu la franchise ou l’honnêteté de lui dire » Arrête c’est pas bon » ou encore » le costume est trop grand pour toi » ?
Comment oser dire « RENDRE HOMMAGE » en massacrant les chansons de cette grande Dame de la chanson française ?
C’est vraiment pas bon, rien a voir (quoi que ?) mais c’est aussi mauvais que ce pauvre ADAMO qui a cru bon de reprendre les chansons de Gilbert BECAUD.
Autant que ,j’adore BRUEL acteur qui est sublime, que là en tant que copier coller de mauvaise façon c’est vraiment dommage.
Dans cet album BRUEL est creux voir sans talent, dans cet album BRUEL ne fait même pas plaisir aux inconditionnels.
Encore une fois cela m’encourage a dire que rien ne vaut que l’original, BARBARA sinon rien, l’œuvre de Barbara existe encore en CD, DVD.
Le coté transfert de BARBARA pour les jeunes générations par BRUEL est inutile,
Depuis plusieurs années, ce phénomène devient très courant voir très tendance, je ne sais pas si c’est un manque de compositeurs ou musiciens ou plus simplement manque d’inspiration que beaucoup de chanteurs-euses reprennent ou rendent hommage a bidule ou a machin.
Malheureusement BRUEL n’est pas le seul, de mémoire nous avons eu Pagny reprenant BREL, Maurane reprenant Nougaro, Adamo reprenant Bécaud et j’en passe et des meilleurs.
Et a chaque fois c’est pas fameux, rien ne vaut l’original , pourquoi vouloir reprendre alors que l’original est de toute façon 100 fois mieux ?
Confidences pour confidences j’avoue que hier soir après le passage de P.BRUEL faisant la promo de son dernier album (Hommage a Barbara) sur france2 chez M.DRUCKER j’ai eu un doute (j’allais dire un remord).
J’ai cru un court moment que j’avais écouter trop rapidement (en diagonale) son Album.
En écoutant attentivement pire que les premières fois je me suis aperçu que la partie musicale ne colle pas avec la partie vocale ( ou le contraire ?).
Bref, en faisant beaucoup d’efforts effaçant mes aprioris ridicules du début y a rien a faire c’est mauvais, l’intonation de BRUEL n’est pas la bonne, l’émotion que tout le monde attend n’est pas au rendez-vous, le son vocal n’y est pas ou a coté, c’est plat, c’est fade, en étant méchant je dirais sans talents ,et pourtant on sent une certaine volonté mais pas au bon moment toujours a coté de la plaque voir pire avant ou après mais jamais au bon moment.
Si vous voulez un album hommage à Barbara je ne saurais trop vous conseiller de vous tourner vers le sublime album d’Angelina Wismes « A Barbara » sorti en toute discrétion. C’est l’album que tout amateur de Barbara, que tout amateur de belles voix doit posséder!
Avec tout le respect que je lui dois, c’est autre chose que Monsieur Bruel…
Voyez donc par vous-même vous ne serez pas déçu
https://www.youtube.com/watch?v=HQmIcLzfhaQ
Moi si je veux écouter BARBARA j’écoute BARBARA, idem pour BREL, BECAUD, BRASSENS,TRENET, NOUGARO,et bien d’autres je n’ai pas besoin de gens comme Ben Biolet , F.Pagny, Adamo, Maurane , Leforestier, sans oublier l’éminent P.BRUEL.
Apres le coup commercial des fêtes de fin d’année 2015, 2 mois après l’effet médiatico-commercialo Bruel reprenant la grande BARBARA ,BRUEL fait pschitt , l’effet du soufflé au fromage s’écroule lamentablement devant les invités.
La prochaine fois que nous réserve BRUEL ? les danses Bretonnes ? Bruel chante du Gospel ? ou alors la sublimation totale une vidéo sur les Derviches tourneurs ?
Sacré Patrick !
Que des gens apprécient Bruel, grand bien leur fasse, mais comment a t-il pu commettre ce crime auditif, sans douter un minimum de lui, ou simplement faire preuve d’humilité.
Rien que le titre « Souvent je pense à vous » sonne un brun pompeux, comme pour nous laisser croire que la grande artiste avait des liens privilégiés avec lui, et du reste, même si c’est vrai, que veut-il nous dire, qu’elle aussi le trouvait génial ? L’égocentrisme de Bruel, à qui l’on demande rien, mais qui répond à tout, et se retrouve dans tous les meilleurs coups, (surtout s’ils rapportent), colle décidément bien mal avec l’univers léché et poétique de Barbara. Comment apprécier ce non événement musical, quand « comme Bruel » on possède si peu de qualité dans les textes, et dans les musiques ? La vérité est finalement simple, il était fan depuis l’age de 8 ans de la longue dame brune (si si puisque qu’il vous le dit) et alors qu’il ne supportait pas l’idée que quelqu’un ne profana l’oeuvre de son idole, c’est lui qui s’y est collé……si ça c’est pas de la modestie :/
Mmmmpppfff, je ne résiste pas à citer William Sheller à propos de cet album : « on ne chante pas Barbara avec une voix de déménageur… »