Alexis HK en soutien Georges
Alexis HK, « Georges et moi », 17 octobre 2015, Le Sou à La Talaudière,
Il n’est pas le premier, oh non. Il ne sera pas le dernier non plus et c’est encourageant de le dire. Brassens est, on le sait depuis longtemps, dans ses gènes. Dans sa diction, son amour du verbe, sa façon d’envisager la chanson, même dans un côté un rien moyenâgeux… Il a dû, on l’imagine, tutoyer, apostropher Brassens, comme une nonne le ferait avec Dieu. Comme nous l’avons fait nous-même, souventes fois. Là, il poursuit la conversation, en public, devant des gens (par tacite convention, ici tout le monde se prénomme Georges), avec deux musiciens à ses côtés (Loïc Georges Molineri à la guitare et Simon Georges Mary à la contrebasse et à l’ukulélé), qui mettent comme pas deux en évidence la richesse des mélodies.
Chansons très connues, chansons qui le sont moins, c’est souvent tout l’un ou tout l’autre quand on reprend des bouffées du chanteur à la pipe. Là, Alexis Georges HK fait résolument dans la « face b ». Dans l’enfer de Brassens aussi, là où ça grouille de gros mots et de fesses. Parfois les deux, c’est [pas] con, juste concupiscent, bien qu’il ne reprenne pas Le blason, de fait dans tous les esprits. « Aïe ! Vous m’avez fêlé le postérieur en deux ! […] Menteuse ! La fêlure était congénitale ! » Et tant pis si d’inspirés parents ont convié ce soir leur marmaille : ils feront un debriefing à la maison, pédagogie des choses de la vie… Quand je pense à… « Papa, c’est qui Léonore et Lulu ? » Car « afin d’amuser la galerie / je crache des gauloiseries / des pleines bouches de mots crus / tout à fait incongrus »
Morbleus, ventrebleus, c’est une rencontre autour de Brassens. Une confession aussi. D’ailleurs le divan est là, sur scène comme sur l’affiche (que reprend la pochette du disque) dessinée par Berberian, le papa d’Henriette et de Monsieur Jean, deux autres névrosés. Conversation dans et devant un cercle de gens éduqués : vous pensez, des amateurs du vieux ! Qui pour la plupart savent leur Brassens sur le bout des lèvres et le chantent sans se faire prier en un « chœur jésuite » comme se plait à le dire l’HK.
C’est plein de bavardages qui introduisent les chansons, dans la verve de notre Alexis, cet amour du mot bien dit, de la phrase bien troussée. Parfois d’une veuve émoussée, bien retroussée. L’entendre parler est déjà délice, c’est dire si les chansons sont miel. Et puisque nous sommes dans le bien parlé, l’artiste lance ses piques, darde à tout va le langage contemporain, en en greffant parfois aux textes de Brassens qu’il n’hésite pas (lui, je pense, le peut) à triturer pour la bonne cause.
On va le dire : c’est enthousiasmant, joyeux, complice (en un seul mot). Quand chaque spectateur sort de la salle avec un sourire grand comme çà, il n’y a pas grand’chose à dire, à redire. On a eu son dû : et Brassens et HK, le respect, l’intelligence et l’impertinence mêlés, indissociables. On a eu sa dose de survie : on a beau souvent être tombé dans la marmite Brassens étant petit, on a besoin de telles et si belles louches de rappel. Le travail d’Alexis HK et de ses deux complices (aidés en cela par François Morel à la mise en scène et en gags) est qui plus est un régal de finesse.
Je confesse que, de cet article, le titre ne vaut rien, qu’il n’est là que pour faire le buzz sur les réseaux (« Le monstre du Loch Ness ne faisant plus recette / Durant les moments creux dans certaines gazettes… »), que Brassens n’a besoin d’aucun soutien, aussi talentueux que puisse être entre autres Alexis HK (même si on sera gré à ce dernier). Ce n’est de ma part que le plaisir du lamentable jeu de mots autant qu’en souvenir de cette religieuse qui se déshabille devant sa psyché et dépose ses dessous « aux branches de la croix comme au portemanteau »... « Et les enfants de chœur souffrent un vrai supplice… » Dieu qu’ils ne sont pas les seuls, il fait chaud dans cette salle du Sou.
Le site d’Alexis HK, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui, notamment sur la création de ce spectacle en février dernier à Toulouse, c’est là. Il est sorti un disque de ce « Georges et moi » de six titres. Dont seuls deux (Le pornographe, Heureux qui comme Ulysse) furent ici repris en scène. Utile complément donc autant que précieux collector. Seulement en vinyle et en digital (l’achat du vinyle permet de télécharger aussi en mp3).
dommage, pas de cd dans les valises d’Alexis, et ma platine est morte…
Pourquoi tu ne signes pas Michel Georges, Kemper ? c’était l’occasion où jamais !
En fait, pas de CD du tout. C’est rien qu’en vinyle, un collector.
Et je dois avouer, Babeth, que si j’y ai bien pensé durant le concert à mon deuxième prénom qu’est Georges (j’en suis fier), je l’ai oublié durant la rédaction. Et puis il faudrait changer les paramètres de NosEnchanteurs : c’est compliqué pour moi !
On aura peut-être une impression du spectacle, et des créations langagières de l’HK, avec la version du Pornographe de l’album :
https://www.youtube.com/watch?v=gQfcoSpiOzM
que l’on comparera à sa version Live de 2013, plus classique mais avec un beau solo de guitare :
https://www.youtube.com/watch?v=5fy54rl8pV8
Mais que si, j’ai même entre les mains un adorable 6 titres, dont la pochette signée Berberian est reproduite ci-dessus…
En espérant un vrai album un de ces jours, mister HK ?
Le CD 6 titres – je l’ai reçu aussi – n’est que pour la presse, les programmateurs et autres professionnels, pas pour le grand public. Pour l’instant il n’est pas prévu un « vrai album ». Pour le public, ne reste qu’à s’acheter le vinyle 6 titres et, le cas échéant, la platine pour le lire.
Je précise aux intéressés du public que le vinyle est délivré avec un coupon qui permet de télécharger les MP3 correspondant…
2.0 -vs- vintage
Les ordis portables n’ont plus de lecteurs CDs
Les nouvelles voitures n’ont plus de lecteurs CDs.
On s’est dit qu’il fallait juste être moderne et rétro à la fois
Et les médiathèques, chère Christelle, auraient quant à elles eut grand plaisir à pouvoir proposer un CD à leur public curieux, gourmand et prescripteur…