Johnny Hallyday, est-ce de la Chanson ? Oui !
Cinq ans après Les vies liées de Lavilliers, (Flammarion, 2010) et alors qu’un autre ouvrage sur la chanson, bouclé depuis quelques temps, tarde à trouver son éditeur, me voici bientôt avec un nouveau livre dans le commerce. Sur… Johnny Hallyday, dans la collection A la plume et au pinceau des éditions Carpentier, livre co-signé avec le dessinateur Jean-Marc Héran (un sacré talent, ce Héran ! et y’a pas que le talent, y’a aussi l’amitié…). Le pinceau, c’est lui ; la plume, c’est moi.
Grand dieu ! Kemper signe un livre sur Hallyday, lui le preux chevalier (avec ses potes de Chorus et de NosEnchanteurs) de la défense de la chanson la vraie ? !
Sincèrement je n’aurais jamais songé écrire un jour un livre sur l’idole des jeunes. Jamais (pas plus, remarquez, que d’en faire un sur Bernard Lavilliers). La proposition, l’opportunité sont venues, qui ne se refusent pas. L’éditeur et le directeur de collection ont été assez fous pour me confier ce rôle… Qu’ils en soient remerciés.
Il y a une douzaine d’années, alors que j’étais pigiste ès-chanson à La Tribune/Le Progrès, Patricia Herbin (la fille de l’entraineur de la grande période des Verts, oui, oui), chef de la rédaction Culture, me demanda si, à mon sens, Johnny Hallyday c’était de la chanson. J’opinais du chef. En conséquence elle me confia le soin, au grand dam de collègues un peu beaucoup jaloux, de suivre pour le journal le concert de Johnny au stade Geoffroy-Guichard, à Saint-Étienne, dans l’enfer vert, le fameux chaudron. Le lendemain du concert, j’avais toute la « une » et le lectorat rien que pour moi, le quart d’heure de célébrité selon Andy Warhol.
Quand, à la demande de Fred Hidalgo, je suis arrivé à Chorus, c’était sur le numéro 43, du printemps 2003, dont la « une » et l’important dossier étaient consacrés à… Johnny Hallyday.
J’ai créé NosEnchanteurs en mai 2009, parce que j’avais sous la main trois papiers sur Hallyday dont personne ne voulait : ce furent les premiers articles de NosEnchanteurs (on les retrouve dans l’index), site désormais fameux de promotion de la Chanson, qui est né, qu’on le veuille ou non, grâce ou à cause de notre rockeur. Même si, par la suite, dans les colonnes de ce site, j’ai continué à le brusquer, le secouer.
Ces rappels pour dire qu’il n’y a pas de hasards.
A la sortie de Johnny Hallyday à la plume et au pinceau, il se trouvera certainement un collègue, au sein de notre rédaction, pour se pencher, sans me soumettre sa copie – surtout pas –, sur ce livre. Mais j’avais envie de vous en entretenir avant, histoire d’anticiper et de répondre au procès en trahison que des amis et autres curetons de la Chanson me feront sans doute. Oui, Johnny Hallyday c’est de la chanson ! Et si c’est de la Chanson, c’est donc mon domaine.
J’ai un collègue et ami qui écrit actuellement un livre sur Louane. Ça m’a fait sourire de l’apprendre : je me dis qu’il doit y avoir peu à écrire sur cette jeune fille qui n’a qu’un disque et un film à son actif. Moi, avec Johnny, j’ai un monstre de la scène et plus d’un demi-siècle de Chanson. De chansons et de l’Histoire de la Chanson : et c’est, angle original, dans cette Histoire passée et présente que je le situe dans ce livre. Mais, chut, je n’en dis pas plus. Si ce n’est que c’est gorgé de belles images, souvent irrésistibles, de l’ami Héran. Ça parait le 19 novembre 2015, entre la sortie du cinquantième album studio de Johnny et ses concerts parisiens, tous à guichets fermés.
La page facebook sur ce livre, c’est ici : ce que NosEnchanteurs a déjà dit de Johnny Hallyday, c’est là.
Quatre-vingt-quinze fois sur cent les chansons que j’ai entendues de Johnny m’ont ennuyé ou agacé. Un peu comme l’opérette qu’écoutaient mes parents : le déploiement d’une batterie d’artifices tapageurs, scintillants et colorés pour exprimer quelques fadaises insipides. Bref, beaucoup de bruit pour rien.
Le personnage ne m’est pas sympathique lorsqu’il exprime ses idées de français moyen, comme le moindre pilier du café du commerce. Ces idées-là appartiennent au vulgaire et n’ont pas besoin de l’amplification d’un micro tendu par la main complaisante d’un journaliste. Qu’il vote Truc ou Machin, je m’en balance nonchalamment, ses opinions ne valent pas plus que celles de votre concierge, il n’est pas politologue, économiste ou sociologue. Quand à sa vie privée, qu’elle demeure privée et cela me conviendra.
Mais je suis tout autant irrité par les commentaires des imams de la « bonne » chanson qui l’ostracisent. Qu’il nous plaise ou non, Johnny fait de la chanson, avec des paroles, de la musique et une voix. Et j’ajouterais qu’il le fait avec le talent d’un interprète professionnel de grande qualité. Il y a un savoir-faire incontestable dans sa pratique, sa réussite en témoigne.
Certes, il est soutenu par de très gros moyens et entouré de professionnels de la communication et du business, qui ont amplifié à l’outrance sont art et son image. C’est agaçant si l’on songe que toute cette place occupée l’est au détriment de nombreux autres artistes aux talents différents ; si l’on songe que les budgets culturels sont épuisés par ces industriels du spectacle et que les artisans de la culture sont marginalisés ou ignorés par des décideurs guidés par le clientélisme politique. C’est agaçant, mais c’est une réalité.
Que l’on n’aime pas Johnny, je suis le premier à l’affirmer, avec quelques réserves cependant. Mais qu’on le veuille ou non, il a sa place dans le monde de la chanson ; il est un reflet de la société dont nous faisons partie, même si nous n’en sommes pas fiers ; Johnny est comme le poulet de batterie, comme le fromage pasteurisé, comme le Coca-Cola : un produit de consommation de masse. Il peut être critiqué, mais pas ignoré ; pas plus que ceux qui le consomment ne doivent être méprisés. Heureux ceux qui ont les moyens (par leur revenus, mais aussi par leur éducation) d’éviter les supermarchés et le saumon de Norvège, de manger bio, d’habiter à la campagne et d’écouter Rémo Gary ou Véronique Pestel.
Johnny fait partie de notre Histoire, comme Talleyrand, Jean d’Ormesson ou Francis Lopez, même si nous préférons Jaurès, Gaston Couté ou Jean-Louis Beydon.
Sans éventer le contenu du livre d’Héran et de moi-même, j’ai expliqué comment je suis arrivé à faire ce livre dont je suis très fier. Même si ce livre parlera de Johnny à toutes les pages (encore heureux, c’est un livre sur lui), il sera d’un ton différent et convoquera dans ses pages plein d’autres gens de la chanson. Même, vous allez rire, une certain Michel Trihoreau, sans blague (mais pas que lui, y’a aussi Jean Théfaine, Loïc Lantoine, Jeanne Cherhal, Eric La Blanche, Georges Brassens, Charles Aznavour, Vetty, Cali, Les Fatals Picards… Même Yannick Le Nagard qui pourtant n’est pas tendre avec Johnny). C’est pour ma part, pour la partie textes (mais je crois qu’on peut le dire aussi d’Héran pour la partie dessins) un livre sur la chanson. Dont le personnage central est Johnny Hallyday. A bien y réfléchir, ce n’est pas incompatible.
Bravo Michel tu n’es pas sectaire et je jubile d’avance à l’idée de lire ton texte agrémenté des dessins de Héran (tanplan). Cordialement
Johnny vu par Kemper… Je prends avec plaisir !
(commentaire publié sur facebook en réaction aux débats que suscite cet article)
Je profite de cette sortie pour m’exprimer et dire que j’en ai un peu marre du vocabulaire, Bonne chanson, Chanson la Vraie, chansons à textes, Chanson Française… Il n’y a qu’en France que l’on étiquette ainsi. CHANSON ce mot suffit. Bravo que Michel Kemper fasse un livre sur Johnny. On ne fait pas 50 ans de carrière sans avoir du talent. Voilà 35 ans que je dédie ma vie à la chanson. Des milliers de personnes ont participé à nos ateliers et stages pour amateurs. (créé en 1988).Ce que j’appelle une « petite chanson de Merde, sans prétention, sans ambition littéraire ou poétique dans la bouche et le corps de cette « petite » personne en face de moi peut devenir un monument. Parce que simplement avec des mots tout simple elle devient la chanson de cette personne Là qui lui permet d’exprimer un peu de son être. Réécoutons BARBARA et voyons comment elle est devenue BARBARA, elle est devenue ce dont nous nous souvenons grâce (excusez l’expression) aux Plumes qu’elle s’est mise dans le cul. Elle à chanté Julien Clerc, Fragson, Claude François… L’une de ses chansons préférées des années 80 c’était La OUATE. Amis des poètes et des chansons ne devenons pas des INTEGRISTES, NOUS NE SOMMES PAS RESPONSABLES DU RÊVE DES AUTRES. Ce soir je vais voir le concert « NAUFRAGES » chanté par Cyril Mokaiesh dont beaucoup parlent. Il parait qu’il a découvert Debronckart et d’autres… Vous le savez Marie THÉRÈSE ORAIN et moi nous le chantons depuis si longtemps et jamais nous n’avons été programmé dans ce répertoire dans des festivals. Tant MIEUX c’est la preuve que les chansons, toutes les chansons sont faites pour être chantées Même la petite chanson d’amour « Le temps des cerises » ou « la Vie en Rose » ou encore « Que je t’aime » et encore « My Way » que je préfère à « Comme d’Habitude ». Tout cela est question de goûts, d’éducation, de culture et on a toute une vie pour se cultiver.
J’habite à la campagne, j’essaye de manger Bio, j’écoute Rémo Gary, Véronique Pestel et bien d’autres encore…
Ceci pour dire que je suis d’accord avec les 2 Michel pour dire que Johnny effectivement c’est de la chanson.
Comme beaucoup je pense de ma génération, il tournait sur ma platine, et moi je tournai dans les bals, sur ses chansons.
Maintenant je suis passé à autre chose de plus… sain !
Et alors ? Pourquoi le Johnny n’aurait-il pas le plaisir, lui aussi, de passer par les mots de Kemper ! Ouvrons les frontières du microcosme les amis
Kemper associé à Hallyday. J’aurais vu ça dans ma vie.
Y’en a un qu’en perd et un autre qu’en gagne.
Bon, je sors…
Oserais-je ajouter que j’en jaunit à l’idée..?
Tu fais en général selon ton coeur ! ET tu fais bien ! C’est pour ça « que je t’aime ! » Michel ! Plein de bisous. Martine
Bravo! Encore un effort, et vous parlerez de Mireille Mathieu, Dalida, Véronique Sanson, Mylene Farmer, Marie Laforêt, par exemple. Moi je dis ça sans ironie, rien que pour le plaisir un peu pervers, je concède, de voir certains intégristes de la ‘bonne chanson’ hurler au scandale. Là certains font le dos rond parce que c’est Michel Kemper, une des meilleurs plumes critiques de la chanson. Alors il y a de l’indulgence, hein.
N’empêche, je ne vous raconterai pas les insultes gratinées que j’ai reçu sur ma boîte mail quand j’ai osé dire que certaines chansons de Mireille Mathieu n’étaient pas trop mal foutues et que Leny Escudero me laissait froid.
Bravo en tout cas. Valorisons l’éclectisme. Car en effet, il n’y a pas de bonne ou mauvaise chanson. Il y a la Chanson, point. Et il en faut pour tous les goûts!Tant mieux!!!!!!!!
En tout cas ce sera un livre différent sur Johnny qui chante ce soir et demain soir à LIMOGES !
oui c’est de la chanson ! une fois de plus chacun sa sensibilité ses émotions !
Je n’ai pas envie, Marc, de trop dévoiler le contenu du livre. Mais, indépendamment des dessins vraiment très bien de l’ami Héran, certains absolument désopilants, je crois qu’on pourra être surpris des textes (là, c’est moi) qui situent Hallyday dans un univers surprenant (et pourtant…) : la Chanson. Moi je suis content du résultat. Toi, Marc, et les autres, le grand public, vous le jugerez sur pièce.