Fête de l’Huma 2015. C’est le luth final ! [1/3]
Ils sont venus, ils sont tous là. Nous aussi.
80ème édition oblige, et comme l’an passé, NosEnchanteurs ne pouvait faire l’impasse sur cet incontournable événement populaire, parenthèse enchantée de partage, de rencontre et de communion laïque… Sans occulter aucunement échanges et débats politiques, c’est avant tout par le biais chanson, et musique en général, que nous apporterons notre regard et notre plume… Et quoi de mieux, pour vous faire vivre ces moments magiques de l’intérieur, que de s’immerger non-stop durant trois jours et deux (très, très courtes…) nuits ? Ne reculant devant aucun sacrifice pour nos assidus Enlecteurs, c’est donc tente sur le dos et bonnes chaussures aux pieds que votre serviteur et sa fidèle assistante se présentent dès le vendredi aux portes du Parc de la Courneuve, avec en ligne de mire un programme musical des plus consistants. Inutile de préciser que, moult aléas aidant, nous serons bien loin de pouvoir suivre à la lettre toutes nos prévisions de concerts ! Une fois le camp de base installé au camping (allez retrouver une tente Quechua verte au milieu de quelques milliers de tentes Quechua vertes…), nous attaquons les hostilités, au hasard de nos pérégrinations.
Direction tout d’abord la scène Zebrock qui accueille La Maison Tellier et ses mots passants… Les cinq rouennais jouent pour la première fois à l’Huma, et c’est un plaisir de retrouver sur scène leur chanson-folk-rock en formule guitares/basse/batterie, étoffée par moments d’une claironnante trompette à la Ibrahim Maalouf. Les mots claquent au vent tels des oriflammes, leur propos se fait plus tendu, plus politisé aussi, avec une écriture évoquant un peu Noir Désir. Un beau moment…
Belle découverte ensuite sur la P’tite Scène, avec le groupe Tarsius et son afro-beat contagieux (non, ce n’est pas une nouvelle MST…). Sur un groove imparable mené par une section de cuivres chaleureux, ces p’tits blancs de Paname n’ont rien à envier à certaines formations africaines et envoient avec ampleur des textes majoritairement en français et volontiers iconoclastes, sur des rythmiques simiesques et sismiques. Cela bouge divinement sous le soleil (profitons-en, cela ne durera pas…), dans le public, ça commence à sauter un peu dans tous les sens. Jump ! Jump ! Jump, joli jumper ! Le dernier titre, aux faux accents des Doors, nous ouvre grand les portes de la perception, pris que nous sommes dans une farandole gigantesque et poussiéreuse, et une débauche de claviers seventies grasseyants. Yeeeaahhh !
Pas de raison de changer d’endroit, puisque nous enchainons avec ces fous furieux de Fatals Picards (non, rien à voir avec des produits surgelés frelatés…). La foule s’est faite compacte, énorme, colorée. Les Fatals sont fidèles à eux-mêmes en scène, foutraques et irrévérencieux devant un public conquis d’avance et ravi d’être là. Groupe autoproclamé « rock indé-débile », ils ne font pas dans la demi-mesure, brocardent allégrement Manau (souvenez-vous… ou pas.), Louane et Patrick Sébastien, avant de balancer leur missile intercontinental qui résonnera délicieusement dans quelques heures « Si j’avais le portefeuille de Manu Chao… » Sans oublier de nous régaler de leur hymne incontournable « Djembé Man » (Tu joues mal / Tu joues mal / Et en plus tu joues fort !).
Passons sur les différentes et nombreuses péripéties culinaires et libatoires qui nous mènent jusqu’à la tombée de la nuit… 22 heures, La Grande Scène (et c’est peu de le dire…) est un grandiose vaisseau spatial rutilant, posé nonchalamment en bordure de l’immense prairie bondée de monde à perte de vue (60.000 personnes, au bas mot…). Enfin, ce qui est encore une prairie et pas déjà un gigantesque bourbier immonde, nous en reparlerons ! Sur le côté, une grande roue, cousine de celle du jardin des Tuileries (…), tourne lentement de toute sa hauteur, caressant l’air du soir de ses longs rayons lumineux bleus et blancs. C’est beau, hein..?
Tous, toutes, sans doute, garderons longtemps le souvenir de ce grandiose concert de Shaka Ponk, groupe de scène s’il en est ! Le décor sobre et immaculé encadre des ses fractales beautés immaculées Frah, le chanteur charismatique et bachique, flanqué de Samaha Sam, princesse afro sexy en diable, prêtresse funk d’un culte païen déjanté. C’est beau, blanc, rouge, c’est bien simple, on se croirait presque dans la scène finale de Rencontre du Troisième Type. En fond de scène, les effets spéciaux visuels sont époustouflants d’onirisme, entre jeu vidéo hyper réaliste et galaxies fantasmagoriques illustrant chacun des titres envoyés comme autant de marteaux-pilons du genre à vous décoller les plombages… Et puis, et puis, fil conducteur de bout en bout, la présence quasi permanente de Goz le chimpanzé (ou assimilé…), la mascotte virtuelle, membre à part entière du combo de furieux. Au fil de ce déluge sonique déjanté et millimétré, le sol de la prairie tremble sous les coups de boutoirs des infrabasses déchainées. Point d’orgue hallucinant, la « battle » insensée entre le batteur et une créature-yéti venu tout droit du fond de nos cauchemars, tous deux défonçant à qui mieux-mieux leurs futs respectifs pour mieux exploser l’autre ! En français, en anglais, en allemand, Shaka Ponk c’est du rock 2.0, ça se vit, ça se ressent dans les tripes et dans le cœur, spectacle total à la furieuse incandescence et à la flamboyance démesurée. Ne ratez pas leur prochain passage sur la scène du Limonaire…
La suite de la soirée fut des plus délectables, malheureusement je ne peux pas la dire et c’est regrettable, ça nous aurait fait rire un peu…
Mais demain est un autre jour !
Le second volet de ce reportage, c’est ici ; le troisième volet, c’est là.
Merci pour ce précieux commentaire, c’est pour quand la suite ? Moi à nouveau je n’ai pas su bien me diriger dans cette ville infernale qu’est la fête de l’Humanité : j’ai pas tout vu. Mais question chanson, une ritournelle m’a obsédé samedi et dimanche : La gadoue. Oh la gadoue, la gadoue ! Et une autre encore : On dirait que ça t’gène de marcher dans la boue… Bon, que serait une fête de l’Humanité sans la pluie ? Toute la pluie tombe sur moi. Ça faisait des années et des années que je ne m’y était pas rendu à cette fête. La dernière fois, il y avait même un ministre socialiste, ça remonte à vieux. Bon, j’attends de vous lire sur Juliette Gréco, je reviens.
Corentin.
De la pluie..? Quelle pluie, voyons..?
Ah, c’est vraie que nous n’en sommes encore qu’au vendredi…
Patience, donc !
L’article est extra bien écrit puisque sans avoir mis les pieds ni les oreilles à cette fête de l’Huma 2015 c’est comme si j’y étais allée dans un de mes songes. Travaillant le samedi à faire connaître d’autres artistes, cinéastes ceux-là, j’ai tout de même repassé en boucle le soir venu avec quelques amis tout MANU CHAO, si, si je vous assure.
La musique quand elle est à ce degré de qualité (mais les programmateurs de la fête de l’Huma ne se trompent jamais), le public en transe et en amitié, pourraient nous faire espérer que nous sommes tous frères et soeurs…
Amitiés à nos enchanteurs
Sandra A.
Au nom de Karl Marx et de Friedrich Engels ( tiens Engels ?) je salue cet article qui plante le décor comme si on y était ! Bravo !
Très bon article. Mais une coquille ne se serait-elle pas glissée?
Si je ne m’abuse, « si j’avais le portefeuille de Manu Chao » est une chanson de Didier Wampas et non pas des Fatals Picards ! Peut-être en ont-ils fait tout simplement une reprise?
Bien sûr, bien sûr, les Wampas, les incontournables Wampas ! Nous pensions, et à raison (la preuve), que nos fidèles Enlecteurs feraient le lien d’eux-mêmes, dont acte…. Vous êtes merveilleux !!!
Rétrolien Fête de l’Huma 2015. De boue, les damnés de la Terre ! [2/3] | NosEnchanteurs
Rétrolien Fête de l’Huma 2015. Du PC, faisons table rase ! [3/3] | NosEnchanteurs