Barjac 2015. Bratsch, la presque dernière séance

Bratsch sur la scène de Barjac (photo Albert Weber)

Ça n’est pas la première fois que ces Chansons de parole, festival s’il en est de la chanson d’expression française, fait petite place à celle « du monde ». Comme d’autres, j’ai des souvenirs émus des prestations de Paco Ibáñez, de Graeme Allwright ou d’Angélique Ionatos… Et de Gianmaria Testa, à l’étroit dans la grande salle du château, l’an passé, pour cause d’orage… Tant que c’est presque une tradition, ici, que ces soirées « internationales ».

Dernière séance, ou peu s’en faut, pour Bratsch : c’est l’ultime tournée avant fermeture de leur petit commerce de chansons, le tour d’honneur qui définitivement s’achève à la fin de cette année 2015. Qu’on les ait déjà vu ou non par le passé, l’occasion était belle pour eux comme pour nous : ils n’ont pas manqué ce rendez-vous avec le public !

Tout y était : une musicalité phénoménale, des arrangements inventifs, les harmonies, les voix, les rythmes tziganes ou des pays de l’Est, de beaucoup plus loin ou de nulle part… Les jambes des spectateurs avaient bien du mal à rester sagement sous les chaises mais, que voulez-vous, la cour du château n’est pas piste de danse.

Même s’il y en eut quelques chansons en français, en italien aussi, il est difficile de comprendre le moindre mot, mais là n’est pas l’essentiel. Nul besoin de comprendre pour aimer. Aimer follement ! Au contraire, ne pas comprendre permet de lâcher prise et de se laisser aller. Plongée en un pays pluriel, improbable, inconnu, mais dont on voit tout de suite l’amitié des habitants, la chaleur de l’accueil, la beauté des paysages… Car c’est ça, un concert de Bratsch : dépaysement total. Un voyage sans bagages dans la steppe, la toundra, les forêts, les lacs, les montagnes, les fleuves, les rivières…

Car Bratsch n’est pas « que » reprise d’airs de folklore traditionnel. Le groupe est aussi créateur de musiques et, à ce titre, fabrique aujourd’hui la tradition de demain. Nos musiciens marient les rythmes, les influences, pour en faire leur propre monde, leur patte, leur son, leur couleur, leur imaginaire… Et le nôtre, pour peu qu’on l’adopte !

Nombreux instruments sur scène : guitare, contrebasse, bouzouki, clarinette, accordéon… mais surtout, surtout le violon de Bruno qui parle, chante, gémit, sautille, plonge et remonte, rit… Qui donne le rythme pour des envolées de paroles. Tous chantent, le violon traçant le chemin sur les ailes du vent, ce vent qui part de la cour du château de Barjac pour faire le tour du monde. Le vent l’emportera…

Le site de Bratsch c’est ici ; ce que NosEnchanteurs en a déjà dit, c’est là.