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La petite musique des Fabulettes de Jean Duino

Duino Fabulettes AlexandrinesIl y eu Esope. Et, longtemps après, Florian puis La Fontaine. Il y a désormais Jean Duino, qui s’inscrit dans la lignée fabuleuse des fabulistes.

Duino est chanteur. Enchanteur serait plus juste. Et fabuliste. Qui connaît l’individu, possède ses trois CD, sait l’agréable étendue de son art. Le voici qui nous sort ses Fabulettes alexandrines. Fabulettes car ce sont de petites fables. Alexandrines car en alexandrins. De douze pieds comme chacun sait (les millepattes en ont toutefois plus).

Trente fabulettes qui sont toutes des pièces d’orfèvrerie littéraire, et autant d’illustrations qu’on doit à Gatou, en fait l’épouse de Duino. Comme Esope, comme Florian, comme La Fontaine (chacun des trois introduisent un chapitre de ce recueil, l’un consacré à la terre, l’autre à l’au, le dernier à l’air), les fables de Jean Duino sont très majoritairement animalières. Et Duino, pour une plus évidente filiation, respecte cette agréable tradition. Les bestioles ont larges épaules pour porter nos maux, nos tares, nos faiblesses, nos colères, nos déceptions, notre refus de l’injustice : ça fait de la matière à profusion. Fioupelan ou poulpe et calmar, rascasse, grillon et petit-duc, hase et lièvre, lucarne, mule et bardot, bousier, aigrelette, congre, hirondelle et martinet, busard et pie et pis plein d’autres bestioles encore jouent notre comédie humaine, dont Duino tire toujours enseignement et morale. Comme il se doit. Des bestioles parfois tirées d’un vocabulaire savant ou de vocables régionaux, dont les noms ajoutent au merveilleux, à la poésie.

Donc Duino, dont voici l’élégante écriture (ce livre, c’est peut dire qu’on vous le recommande). Mais pas le chant. Notre chanteur, certes, n’y chante pas : ça ne veut pas dire que ce n’est pas chantant. Il suffit de lire, tout bas ou à haute voix, pour que des petits musiques courent dans nos têtes. Vous allez me dire : il y a un CD inclus au livre. C’est vrai. Mais les alexandrins sont dits (par Catherine Salviat), non chantés. Un enregistrement au demeurant probant, qui peut séduire ceux qui aiment les lectures sonores mais ne justifie pas l’achat : c’est bien ces fabulettes qui, à elles seules, méritent l’acquisition.

 

Jean Duino, Gatou, Fabulettes alexandrines, préface de Catherine Salviat. Editions Onésime 2000, 2015. Le site de Jean Duino, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui c’est là. En vidéo, une chanson extraite de son dernier album : Image de prévisualisation YouTube

Une réponse à La petite musique des Fabulettes de Jean Duino

  1. Michel Trihoreau 6 août 2015 à 7 h 37 min

    Les Fabulettes Alexandrines trainent chez moi à porté de la main. J’en prend souvent une au hasard, en passant, parfois je relis la même, avec le même plaisir. C’est un excellent moyen de sourire n’importe quand dans la journée ; pas le sourire imbécile qu’on voit à la télé, pas le sourire suffisant de celui qui sait tout, non, le sourire franc, spontané, qui s’affiche lorsqu’une porte s’ouvre, lorsqu’une idée jaillit, lorsque la vie se manifeste.

    Répondre

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