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Soutien aux Guignols de l’info

La marionnette de Bolloré

La marionnette de Bolloré

Ça va devenir affaire d’Etat. Vincent Bolloré, le propriétaire de Vivendi, vient de décider la suppression pure et simple des Guignols de l’info, leur mise à mort, le lendemain même de la disparition de son créateur, Alain de Greef. Comme oraison funèbre, on ne fait guère mieux.

Il y a six mois, nous avons pleuré le massacre de nos amis de Charlie-Hebdo : Charb, Tignous, Cabu, Honoré, Wolinski, Oncl’Bernard entre autres, assassinés pour fait de drôlerie, délit de caricature, exercice de la liberté. Nous avons été quatre millions dans la rue pour, dans le calme, dire notre colère. Que l’on touche à la liberté…

Vincent Bolloré n’y va pas à la kalachnikov mais c’est pareil. Au tout début des vacances, dans la débandade de l’été, ce patron d’entreprise du Cac40, capitaine d’industrie, onzième fortune française, décrète qu’il n’aime pas les Guignols, qu’il exècre leur humour, qu’il insupporte la dérision, la raillerie. Il supprime donc les Guignols : rideau sur 28 ans d’un exercice humoristico-politique unique au monde. Ce qu’il restait de « l’esprit Guignols » est une exception culturelle française. C’est un bien national. Pourquoi donc n’est-il pas encore inscrit au patrimoine immatériel de l’humanité ?

e5453c32cc411c71277325ba94c9e070Et tout le monde de soupçonner Bolloré d’avoir accédé à la demande de son grand copain Sarkozy (celui à qui il avait prêté son yatch), éternel irrité de la représentation qu’on fait de lui aux Guignols. L’hypothèse n’est pas folle, on peut y accorder crédit. Avant même d’avoir retrouvé l’Élysée, Sarko réglerait ses comptes : ça vous donne une idée de ce qu’il fera dans deux ans au cas où. Ce n’est pas pour rien qu’Alain Juppé a tweeté hier : « J’aime me voir dans les Guignols. Nous avons besoin d’eux. »

Vincent Bolloré est patron de Canal+ ; boss de Vivendi, il l’est de fait d’Universal Music Group (Universal, Barclay, AZ, Mercury, Philips, Polydor, etc.), l’une des trois majors de disques. Déjà que radios et télé entretiennent une censure de fait qui est bien supérieure à celle, officielle, qui existait au temps du gaullisme (pour me suivre, nous n’avez qu’à commencer à lister le nombre de chanteurs que vous connaissez qui n’ont jamais accès aux médias, la liste est impressionnante…), si maintenant le patron d’Universal qu’est Vincent Bolloré se met à écouter les chansons avant de les graver sur disque, la censure entrerait dans des dimensions ahurissantes.

Car, même si ça ne passe pas en télé-radios, nombre de chansons « engagées » sortent tout de même sous les labels du groupe Universal (même Michèle Bernard y est, c’est dire). Si Bolloré applique à la chanson (les artistes actuels comme le patrimoine) ce qu’il fait subir aux Guignols de l’info – et il n’y a pas de raison qu’il refrène ses pulsions puisqu’il veux décider sur tout ce qu’il paye –, à savoir la censure sur des critères politiques qui seront les siens au seul prétexte que c’est lui le patron, ça nous prépare encore de belles indignations.

Car savez-vous, par exemple, quel est l’homme d’État français le plus chanté (durant son exercice) de toute l’Histoire de la chanson ? Sarkozy ! Et de très loin (bien plus que Mazarin ou que Napoléon !) Pas que par des chanteurs barbus chevelus de 68 et de Plogoff, loin s’en faut. Mais aussi, en masse, par des gens signés chez Universal. Bien sûr que ce n’est pas passé à la radio (quand on vous parle de censure, c’est pas du flan…) mais ça existe. Si Bolloré veut continuer à faire plaisir à Sarkozy, il peut nettoyer les disques à venir. Au-delà des Guignols de l’info karchérisés par Bolloré, c’est la porte ouverte à une censure bien plus grande encore.

3 Réponses à Soutien aux Guignols de l’info

  1. Danièle Sala 3 juillet 2015 à 10 h 55 min

    On prépare 2017 à grands coups de balai ! Je ne suis pas fan des Guignols de l’info, je trouve qu’ils se sont installés un peu trop dans la routine, mais il faut toujours s’indigner quand la liberté d’expression est en danger .

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  2. Patrick Engel 3 juillet 2015 à 13 h 46 min

    Je suis bien certain qu’il y aurait une somme à écrire sur les myriades de chansons qu’à pu inspirer ce bon Sarko, tiens…

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  3. catherine Laugier 3 juillet 2015 à 18 h 31 min

    Le « Je paye, je décide » qu’on attribue à Bolloré (je n’ai pas trouvé la source de cette citation qui circule sur le net, donc je me méfie) serait fort inquiétant pour la liberté éditoriale des médias (naïve que je suis d’y croire encore !)
    Une chanson sur Sarkozy parmi d’autres, une reprise parodique d’une nouvelle vedette de la chanson qui répond au doux prénom de Marine : https://www.youtube.com/watch?v=spZwM1g2X4Y

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