Festival Dimey 2015 : Barzingault, quête de repères dans un monde dézingué
Sauvé dans En scène, Festivals, François Bellart, L'Équipe
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Barzingault sur scène avance masqué, à l’image de son entame de concert : il est seul éclairé sur la scène derrière son piano qu’il ne quittera pas, et nous aligne pendant plusieurs minutes une série ininterrompue de réflexions disparates basées sur des jeux de mots. Dans leur expectative, les spectateurs s’amusent de certains rapprochements sémantiques qui font toujours mouche. Enfin arrivent les premières notes de musique et la première chanson, la scène s’éclaire alors totalement et tous ses musiciens apparaissent : un batteur, un contrebassiste, une accordéoniste et une violoniste ; ces deux dernières donneront aux chansons une coloration musicale plaisante et festive de danses populaires (on trouvera tantôt des citations musicales de Bella Ciao). Les pieds se mettent à marquer le rythme sous les fauteuils et parfois l’envie de claquer des mains est là, sans nécessairement s’attacher au propos de la chanson entraîné dans des enchaînements d’aphorismes. On tâtonnera un certain temps avant d’adhérer. Car la prestation se poursuit selon le même schéma tout au long de la soirée, à l’image de ce que fait en plus soft Alain Sourigues. Des sentences parlées (dont certaines empruntées à Pierre Desproges), parfois d’une misogynie limite avec allusions sexuelles (« la burka est acceptable si elle est équipée d’une chatière »), parfois à coloration politique (« l’écologie est bouffée par les vers »), parfois en référence aux événements du monde (« l’Émir du Qatar rebaptise radio-Jéricho en radio-jerrican pour avoir les sens moins tristes ») alternent avec les chansons dans lesquelles s’enfilent d’autres calembours.
Le sens général de ces chansons – certaines un peu fourre-tout d’ailleurs intitulées Pensées misanthro-philanthropiques d’un sage au printemps (puis dans les autres saisons) – n’apparaît que progressivement lorsqu’elles contiennent des citations de Brassens et des développements sur l’anarchisme civique. S’y cachent de vraies questions sur l’avenir du monde (Larzac 2080), sur le sens de la vie qui s’oriente vers la vieillesse (Java des vieux jours, très émouvante) et en définitive sur le besoin d’amour (Si on se trompait, très tendre). Vers la fin de concert, une chanson en hommage au modèle Jacques Higelin et une interprétation grandiose de Champagne avec ses descriptions fantomatiques donnent quelques clés de la démarche réflexive de l’artiste : en se cachant derrière l’humour, la logorrhée et la musique, il décrit la déconstruction des repères, la discréditation des maîtres et la recherche de nouvelles bases pour poursuivre… L’une d’elles étant le respect des territoires et de leurs histoires, comme illustré dans la dernière chanson en référence à la ville de Langres toute proche.
Suivre Barzingault n’est pas aisé : la tentation est grande de se laisser emporter sans y penser davantage par le flux musical et humoristique. Sa dimension n’apparaît au cours du concert que par petites touches qu’il faut ensuite rassembler.
Le site de Barzingault, c’est ici. Ce vendredi 8 mai 2015 au Festival Bernard-Dimey : Le Chat dans la main (15 h 30, La Cave à Bernard), Louis-Noël Bobey (17 h 30, bar), Claire Danjou + Frédérique Bobin ( 20 h 30, salle de spectacles).
La voix, les musiques sont superbes (Ah l’accordéon de Christelle Vigneron, mais n’oublions pas le violon de Sabina Brossard, la contrebasse de Jean-Luc Déa, la batterie de Frédéric Vinquant ).
Quant aux mots, on peut se plonger dans sa façon de les faire jouer, il y a les textes (en grosse majorité du chanteur, Thierry Lhuillier) sur le site de Barzingault.
Je découvre, et ma foi, ce Monsieur qui est plus drôle qu’Higelin et qui chante mieux que Desproges , avec la tignasse de Branduardi en prime, me plaît beaucoup !