Johnny Montreuil, le rockeur
Dans son nom, y’a Johnny. Et, ni physique, ni vocal, ce n’est un sosie de l’autre. Mais peut-on raisonnablement porter un tel prénom sans faire du rock ? Donc, c’est un rocker, un vrai : c’est toute la musique qu’il aime. Dans son nom, y’a aussi Montreuil, commun, commune pour qui est artiste. Après un premier ep en novembre 2012, voici un album bien gros, bien gras. Avec son livret et ses paroles gorgées de parlé populaire, de comme on cause pas dans les académies mais dans la bande à Johnny. Car c’est pas qu’un filet de paroles, qu’un ru comme chez les ex yéyés devenus rockers aux propos indigents. Lui palabre, narre, devise, commente d’abondance. La bande ? Elle pose au sortir d’un bar quand la nuit est déjà bien entamée, dans la rue à gueuler, à chanter, à décapsuler des Kro de leurs crocs, de leurs chicots. A poser devant leur caisse, dans les phares d’une autre. A faire les marlous, les gros durs, ceux qu’il vaut mieux pas rencontrer après minuit, quand l’alcool distille et globule dans leurs veines : « Je traîne les rues la nuit durant / Je ne suis plus qu’un chien errant / Je ne sens plus la pluie ni le vent / J’veux t’embrasser avec mes dents. »
Johnny Montreuil, artiste de bar, c’est la vie de banlieue, entre gris foncé et noir clair. Le jour c’est piquet de grève, le patron veut pas céder : « Hier encore les flics sont venus / Mais ils n’ont pas chargé / Deux trois menaces, leurs vieilles insultes / Pour nous faire rembaucher. » La nuit ? La nuit tous les chats sont gris, les chattes aussi : « Encore une fois tu vas rentrer chiredée / Plus trouver la poignée de la porte / Tu traînes les pieds, tu vas te vautrer / Te gerber dessus comme une poivrote… »
Ce sont des chroniques, des portraits, des situations, ça sent le vrai : « C’est là la vérité mais je sais bien que ça t’emmerde / Toi tu préfères rêver quitte à te foutre dans la merde. » ça sent les copains, « une femme pour dix hommes et quinze bières dans l’tarin », la baston en suspension, les virées et la glandouille, comme dans un film français mais en mieux, rue barbare en jamais barbant.
Pour qui aime le rock, pour qui n’aime pas non plus, ce disque est savoureux. Je ne sais s’il retrouve les origines de genre, toujours est-il qu’il me semble plus jouissif qu’un compile de rock français des années soixante, même avec Dick, Eddy et Johnny. Authentique ? il a été enregistré à Villetaneuse et à Montreuil, pas à Memphis, c’est dire la touche. Avec la bande : Géronimo, Kik, Rön et Tatou. Et des invités parmi lesquels Rachid Taha. C’est du bon Johnny Montreuil.
Johnny Montreuil, Narvalo city rockerz, Facéties et Lulusam/L’Autre distribution 2015. Le site de Johnny Montreuil, c’est ici.
Du bon vieux rock’n'roll sur Nos Enchanteurs, voilà une bonne nouvelle que ça s’arrose (vite, une bière !).
Et baraqué le Johnny ! (photo sauce qui pique), du vrai, du brut, mais je parie que sous son Marcel, il a un coeur bleu avec un tatouage : « maman je t’aime » ! Oui , ça s’arrose Marc… Une petite mirabelle ?
Ah ! la mirabelle de Danièle ! la seule preuve attestée que dieu existe ! Mais, mais j’en ai plus… arrrrhhhg !