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Cali, la nostalgie heureuse

CALI photo Yann Orhan

CALI photo Yann Orhan

L’âge d’orCamaradeOstende… Rien qu’aux titres de ce nouvel album de Cali, on sent la parenté, l’inspiration dans des influences parfaitement digérées. Si L’âge d’or est bien celui, mythique, de Léo Ferré (qui donne son titre à l’album, c’est dire son importance) la version de Cali est gourmande et fiévreuse, avec cette articulation particulière qui est sa marque de fabrique. L’idée d’un Ferré encore, d’un Brel aussi évoquant les grands ports du Nord, dans le magnifique Ostende. Mais en plus fantasmagorique, sorte d’ample marche funèbre accompagnée du seul piano : « Ostende comme une amante clandestine  / Tu n’as pas reconnu mes yeux mais tu as reconnu mon spleen. » Et Camarade, dont le titre fait immanquablement songer à Ferratoù, au fur et à mesure, sous la légèreté, on devine le regret de l’amitié peu à peu perdue…

Au même titre que celles-ci, les autres chansons font dans la nostalgie, retour sur la vie, les joies, les drames, le temps qui passe… Et toujours ce questionnement : « C’est quand le bonheur ? » Quand ? Hier, aujourd’hui, peut-être demain si l’on veut bien chanter gaiement des sujets tristes… Cali déroule Tout ce qui ne reviendra plus, ses souvenirs d’enfance, mélodies douces à l’avenant, avec le touchant final : « Où es-tu Maman, où es-tu ? » La tension monte dramatiquement dans le superbe C’était beau, musique et voix qui enflent pour finir tout en subtilité. Et l’émotion culmine avec Je dois te dire tout ça, chanson sur la fin de vie.

Cali Age d'or mars 2015L’air chaloupé de « Pam padam pam pa » contraste avec la gravité du Cœur chargé comme un fusil, où il revient sur ses engagements passés : « Toi aussi tu es rentré dans l’vent, mon vieux / Toi aussi tu as baissé les yeux ». » Même gaieté factice dans La vie est une menteuse, constat amer que « la fête est terminée. »

Joies de la paternité avec Coco qui voit celle-ci chanter avec papa. Et surtout Poppée, où il s’adresse à sa petite fille de deux ans. A remarquer la superbe symphonie aquatique aux sonorités à la Pink Floyd, Poppée in utero précédant ce monologue émouvant.

A l’évidence, par cet Age d’or, nous sommes dans la continuité, intimiste, de Vernet les Bains, le précédent album de 2012.

Les arrangements de David-François Moreau, issu de la musique contemporaine, soutiennent le chant de Cali, qui a auparavant conçu les musiques en maquette guitare voix. Avec ce choc, souvent, de textes mélancoliques sur des airs à presque danser.

Ainsi Le grand chemin, clin d’œil aux racines musicales américaines des années soixante qui ont imprégné toute une génération : c’est Jimme O’Neill, du groupe écossais Silencers, qui lui donne la répartie.

Treize titres forment un album parfaitement homogène, flamboyant, bouleversant, sans jamais tomber dans le sentimentalisme. Pari gagné d’une belle créativité mélodique : on n’a jamais l’impression d’entendre des textes défiler sur une même musique, comme il arrive souvent avec des chansons d’une telle intensité d’inspiration.

 

Cali, L’âge d’Or, 2015. Le site de Cali, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs à déjà dit de lui, c’est là.
La vie quoi, Studio RTL 2015Image de prévisualisation YouTube 
La vie est une menteuse, L’âge d’or 2015   Image de prévisualisation YouTube

Une réponse à Cali, la nostalgie heureuse

  1. NosEnchanteurs 20 janvier 2023 à 13 h 13 min

    Commentaire de Fred Hidalgo rétabli
    Juste un mot destiné à l’auteur de cet article, Catherine Laugier : BRAVO ! Belle compréhension (et belle description) de l’album de Cali qui, à côté de ses références anglo-saxonnes tout à fait naturelles compte tenu de sa génération, n’a jamais caché ses influences-références-révérences principales, à savoir Jacques Brel et Léo Ferré. Je suis sûr que le premier aurait apprécié sa présence sur scène, particulièrement charismatique, et le second
    ses convictions et son engagement social et citoyen qu’on retrouve dans ses chansons.
    Bref, c’est un bel album (mais il y en a d’autres) pour commencer à découvrir Cali, si l’on a montré jusqu’ici à son égard une prévention qui n’a pas lieu d’être (à part les goûts et les couleurs bien sûr). N’était-il pas l’ami de (et n’a-t-il pas été invité à chanter avec) Jordi Barre et Georges Moustaki notamment ?
    Pour mémoire, cet article que je lui avais consacré à l’occasion de la sortie de son double album au titre surréaliste, « La vie est une truite arc-en-ciel qui nage dans mon cœur » :
    http://sicavouschante.over-blog.com/article-cali-a-bras-le-coeur-65743512.html
    Fred Hidalgo

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