Jean Vasca à l’abri des pages de son livre
« Par la poudre et par la mèche / Je ne peux vivre qu’en flèche / Et jouer avec le feu / Debout sans maître sans dieux / Mon corps c’est une cathédrale / Avec ses orgues ses râles / Je m’y hurle à pleine voix / Comme loup au fond des bois… »
C’est un pavé qui pèse son poids, livre d’une typographie élégante et classique, au papier soyeux. 640 pages et presque autant de chansons et de poèmes.
Il doit être tentant pour un chanteur de confier ses vers aux pages d’un livre, support plus chaleureux, plus fiable que le disque, qu’il soit fait de vinyle ou de polycarbonate. Si la plupart des chansons sont à écouter (c’est après tout leur fonction), d’autres, plus rares, peuvent aussi se lire, procurant un autre plaisir encore. Certains recueils de chansons méritent plus encore notre attention, que l’on soit amateur de chansons ou de poèmes : la nuance est alors subtile, les frontières en grandes parties abolies, les deux arts réconciliés si jamais ils furent en froid.
Jean Vasca sort La concordance des chants, une somme, la sienne, toute une vie ou peu s’en faut. Poèmes et chansons de cinquante ans d’écriture (et quelques inédits). De 1964 à 2014. « En marge des Sorbonne et des Showbiz, je me suis ouvert un territoire, un terrain vague où obstinément creuser mon sillon et semer mes mots et mes notes. Le poème, la chanson : mes deux béquilles pour aller mon chemin : j’en lâche une, et je boîte. Interaction donc, interpénétration, entre la poésie et la chanson, entre le chant poétique et le chant « chansonnier ». J’écris, je vis, je chante, c’est d’une même voix, mais avec des intonations différentes. Je crois à une oralité qui ne s’oppose pas à la graphie mais qui donne à l’écriture son supplément de chair » nous dit Vasca dans la courte préface de cet imposant recueil. Concordance des chants, oui, pour cette œuvre frappée d’intemporalité et de toute beauté.
« Quand j’écris une chanson je baigne dans mon jus longtemps, je bouillonne dans ma sauce d’ours, solitude sur le poil et soleil de plomb… » Vasca est un atypique de la Chanson. De Les routes (1964) à L’auberge du temps perdu (2013) – 24 albums à ce jour – sa différence fut toujours la poésie, dans la totale exigence de cet art. Une poésie faite chanson sans jamais rien abdiquer aux faciles recettes de la chanson, à ses codes, sans racoler. De fait, comme ses copains de la Bande des cinq (Jean-Luc Juvin, Jean-Max Brua, Gilles Elbaz et Jacques Bertin), comme encore Philippe Geoffroy ou Philippe Forcioli, son auditoire fut plus restreint. Depuis un demi-siècle, Jean Vasca chante à qui lui prête l’oreille, creusant inlassablement son sillon, travaillant le verbe, matière brute qu’il cisèle d’une belle gouge, toujours revenant sur l’inquiétude et l’éblouissement d’être, ses thèmes de prédilection s’il en est. Comme un ermite, il s’est réfugié depuis longtemps dans le Gard, dans le canton d’un certain Barjac, temple d’une chanson de parole où la sienne est hélas absente depuis longtemps.
Si vous aimez faire des cadeaux, à tout bout d’champ, à tout bout de chant, offrez celui-ci comme un gage de solide amitié, de confiance aux mots, à la chanson, à la poésie. Il sera plus souvent sur la table des chevet que sur l’étagère, gourmandise et curiosité qu’on se permet, l’âme alors reposée.
Jean Vasca, La concordance des chants, 640 pages, autoédité 2014. A commander par courrier à Jean Vasca, place neuve 30430 Rivières de Theyrargues (26 euros + 8 euros de port). Ses disques actuellement disponibles, c’est ici.
On ne va nulle part
Quelle bonne nouvelle ce livre ! Jean Vasca est aussi essentiel que confidentiel, toute une vie de tailleur de mots fraternels, de mots à l’espoir têtu . Je ne me refuserai pas le bonheur de me mettre « à l’abri des pages de son livre », près « des veilleuses qui tremblent » , « l’âme reposée » .
Merci à toi Michel, infiniment, de cette annonce. J’ai le bonheur d’avoir reçu ce précieux ouvrage dédicacé de la main de celui que je considère comme LE GRAND POETE de notre époque et que j’ai eu le bonheur de présenter au public de Montauban il y a quelques mois,, dans un récital de chansons et textes alternés. Trop méconnus à mon sens, il y a lieu de braquer le projecteur sur cette oeuvre majeure et sur cet homme humble, fraternel et trop rare.
Quel auteur extraordinaire !
Cet ouvrage est un bijou !!! Avis aux amateurs de beaux textes, de poésie et de voyages aussi car je vous assure : on voyage à travers les mots et l’univers de Jean Vasca !… merci Michel pour cet article, Merci.
Danielle, Germinal, Baptiste, Natasha, j’ai été très heureux de lire vos commentaires élogieux sur en effet un très grand chanteur poète que j’ai la chance de bien connaitre et d’avoir rencontré fréquemment à chaque étape de la vie. Et vraiment, bravo à Michel Kemper pour cet article chaleureux, documenté et complet à propos de l’intégrale textuelle de Jean Vasca. Et il le mérite mille fois !
Ce bouquin… Fortement conseille par les collegues amateurs de chansons sur Facebook, j’ai saute le pas. Comme je l’ai explique deja, le peu de Vasca que je connaissais m’a seduit des le depart. Bien sur, il y a les mots Vasca. Ce bouquin m’a introduit a ses textes sans la musique, et c’est une experience tres interessante. Mais sur le disque par lequel j’ai decouvert Jean Vasca, a savoir « Matinale », il y avait ces musiques derriere les mots, une atmosphere, que j’ai retrouvee ensuite dur d’autres titres. Donc, des paroles qui tranchent sur, des musiques qui tranchent aussi, par leur couleurs, leurs singularite . Vasca ne se sent pas oblige de sacrifier aux modes aleatoires et superficielles, de sonner « Rock, coco », meme si a l’occasion on entend une guitare qui n’est pas accoustique. Et quand on dit qu’il cisele ses textes, la lecture de ce bouquin en apporte confirmation.Un bel investissement. Un bouquin ou l’on peut aussi se plonger meme sans musique. Singulier pour un chanteur…
Jean Vasca, un poète magnifique où la poésie sort ses griffes et fait patte de velours lorsqu’il se tourne vers les étoiles…
La concordance des chants, plus de 600 pages de mots qui chantent la musique de la fraternité et de l’amour. A lire et relire sans modération…
http://jbpoesie.com/Mespoemes/Lesoleiletaitdor.html