Guillaume ressort Ledent
En fait cet album est sorti il y a quelques temps déjà, au mitan de l’an passé. Dans un emballage fragile, cartonné (sous le titre générique de Histoires d’écailles et de plumes), avec deux disques : celui-ci de Guillaume Ledent, Marcher sur les murets, et celui de son pote Guillemot, Je vole sur l’eau. Saveurs différentes mais complémentaires de deux artistes qui, souvent, font scènes communes, s’offrant mutuellement leurs publics respectifs. Mais le temps de recevoir le coffret (de Bruxelles, c’est pas les mêmes timbres…), le temps de les poser sur la platine, de les écouter, et le tirage était déjà écoulé, épuisé. Les belges avaient fait grand accueil à cet élégant et rare tir groupé.
Ressort donc le Ledent, sous une autre présentation. Et c’est tant mieux, son dernier album (La récréation) remontant à il y a cinq ans (en 2012, il nous sortait cependant un très intéressant Dérange ta chambre, à destination du jeune public), nous n’avions plus rien à nous mettre sous Ledent (si cet article est partagé voire pillé, j’ai comme dans l’idée que ce trait d’humour fera fortune). Guillaume Ledent, qui donc mène en parallèle une carrière de chanteur pour enfants, conduit une œuvre pour tout le monde : ses chansons sont pour les jeunes de 7 à 77 ans (et bien plus si affinités), on n’en attendait pas moins de ce compatriote et voisin d’Hergé. C’est léger (mais pas sans consistance), enjoué. Oh il y a bien « la foudre qui met le feu aux poudres », « la frousse aux trousses », le poing qui martèle Adèle, « femmes-vipères, hommes-serpents, coqs chauvins et fiers paons », mais c’est chanté d’un air badin, dégagé, comme si notes et vers dansaient pareillement sur une piste, marchaient de concert sur un muret. ça se veut être « un appel du pied à oser prendre le train du changement » par des chroniques assez intemporelles d’une époque. C’est un folk-song, parfois folk-rock, réjouissant, où les instruments font pastel, parfois discrets mais présents, parfois avec plus d’ampleur, donnant chaque fois la bonne teinte, la juste lumière.
Parmi une chanson souvent angoissée, trop engluée dans les temps présents, en crise, la production de Guillaume Ledent est comme respiration bien venue, avec des brins de folie (de mélancolie aussi) qui nous rassurent. S’il nous parle d’Un escroc, c’est pour additionner des dansantes sonorités qui tissent la trame d’une chanson décontractée, rien que pour le plaisir d’être chantée. Ici, y’a pas malice sous les textes (peut-on titrer « Ledent de sagesse » ?). C’est dire si huit titres (y’a que ça !), ça passe vite et que, sauf à appuyer sans délai la touche replay, on en sort quelque peu frustrés, résolus de ne pas attendre cinq autres années pour avoir la suite.
Guillaume Ledent, Marcher sur les murets, Ploum 2015. Le site de Guillaume Ledent, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs en a déjà dit, c’est là.
Y en a plus ? Ben dent pis ! On peut toujours aller l’écouter sur son site ou sur Deezer, et il sera à Barjac le 25 juillet, j’espère que le public n’aura pas une dent contre lui .
Merci à Michel et NosEnchanteurs pour ce bel article qui m’enchante !! Et moi aussi je sais faire des jeux de mots qui feront fortune , et l’album est bien sûr disponible dans sa version physique en commande sur http://www.guillaumeledent.bandcamp.com!