De Gallet en galéjades
Longtemps la lyonnaise Évelyne Gallet toucha le Font, ne chantant que lui tant il est vrai que Patrick est, comme parolier, un gisement sans fond (comprend qui peut, chantera Boby…). Là, elle élargit ses collaborations. D’abord à Matthieu Côte, que vous pouvez ne pas connaître : la camarde l’a touché au cœur nous privant d’un artiste majeur. Évelyne le chante et le chantera encore longtemps. Pour cela, grand merci !
Matthieu Côte et Patrick Font à égalité, mais aussi Boby Lapointe (repiqué au spectacle collectif dont Évelyne fait partie), Stéphane Balmino, Alexandre Girard et Arnaud Joufroy (son guitariste) comme paroliers, parfois comme compositeurs auxquels viennent se joindre David Suissa et Jeanne Garraud.
Jadis, les chansons d’Évelyne Gallet faisaient un peu beaucoup rentre-dedans, secouant les convenances sans nul ménagement. Là, c’est comme si elle avait troqué ses gros sabots contre d’élégantes bottines à lacets (tant que le maquettiste-styliste de la pochette [Nicolas Michel, le Nico* de la chanson] a en fait le symbole de ce magnifique digipack, même si ça se corse à l’idée d’un corset). Gallet s’est poli(e) disions-nous quand elle étrenna ce nouveau répertoire sur scène. Sans rien abdiquer de ce qu’elle est et fait qu’elle est unique, tant qu’on ne risque pas de la confondre avec une de ses collègues. Donc précieuse. L’approche est cependant plus douce, plus tendre. Mais pas moins coquine, insidieuse, corrosive, frivole, volage : elle nous le prouve.
Sociologue malgré elle, elle s’immisce dans les vies de couple en vendant des lingeries fines. Choquée de la jalousie excessive de son mari, elle le larde de coups de couteau. Elle disserte ici sur les gens, là sur les punks ; se refait le monde en taillant sur les envies, les besoins, supprimant carrément l’argent : « Plus de crise économique / Sans le fric, sans le fric / Plus de marchés financiers / Qui nous marchent sur les pieds… » Et les vieux amoureux qu’elle chante ne se touchent plus que par malentendu (élégantes dissonances relevées par Balmino). Super-maman hyper-active dans une chanson, elle est la tendresse maternelle dans l’autre, instinct de mère, instinct de louve : « Ça déchire mes entrailles, je ne suis que sa mère / Sa meute, son troupeau, sa famille, son repaire. » Magnifique !
Drôle, grave, touchant, léger… ce troisième opus studio d’Évelyne Gallet fera, c’est l’évidence, la fierté sans égale de votre discothèque. On ne vous fera pas croire que, par ce disque, une grande artiste est née : on vous l’a dit, on vous le clame depuis pas mal de temps déjà.
Évelyne Gallet, Nuits blanches avec un hibou sage, Samedi14/L’autre distribution, 2015. Le site d’Évelyne Gallet, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit d’elle, c’est là.
Gallet de ricochets en galéjades …Merci pour cette heure , 10 mn, 14 s de bonheur avec Evelyne Gallet , je me suis régalée, et à suivre …
Merci Michel de parler d’Evelyne Gallet, effectivement elle sait évoluer , ce disque est très travaillé c’est une Grande artiste et de surcroit Arnaud & Evelyne sont adorables,
Cela fait longtemps que je veux la voir sur scène, elle qui a tout osé (les extraits du Lapointe repiqué, l’Infidèle ou le Prince Charmant sont jubilatoires), mais écouter ce délicat « Oiseau » est un véritable bonheur. Les plus grands artistes sont aussi bons dans le comique que dans la tendresse, et depuis toujours elle sait utiliser sa voix comme personne…
Pétillante, envoûtante, joyeuse, facétieuse, joyeuse…Une belle rencontre à Tournon, un disque qui est un bonheur à écouter, réécouter, déguster, savourer…C’est juteux, savoureux, délicieux, acide, piquant et plein de tendresse…Merci Evelyne Gallet!