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Nous sommes en Ville, à tendre Louis

Louis VIlle et François Pierron (photo Sylvain Sawicki)

Louis Ville et François Pierron (photo Sylvain Sawicki)

Louis Ville, 24 février 2015, Le Limonaire à Paris,

 

Il y a tous ceux qui, prudents, ont réservé leur table et gardé vers eux le fond d’une bonne bouteille. Écouter Ville un verre à la main est, le savez-vous, intéressante approche du bonheur. Encore faut-il s’entendre sur le sens du mot « bonheur »… Il y a ces autres qui s’entassent, debout, vers le comptoir, étrange stéréo entre le poivrot qui commente à tout bout d’champ et le régisseur tubard qui crache ses poumons. Nous sommes au Limonaire, nous sommes en Ville, à tendre Louis.

Il y en a, vous le savez, qui envisagent la chanson avec du ciel bleu, des p’tits oiseaux, façon « Il y a du soleil sur la France / Et le reste n’a pas d’importance… » Ville, lui, s’occupe du reste, et ça a son importance. Par lui, avec lui, le ciel s’assombrit, bas et poisseux. Les temps sont difficiles, trop d’orages, de tempêtes, d’amours contrariés, ses chansons sont des plaintes, son chant est une complainte.

Nous sommes dans l’intime, le sien, le nôtre. Des pulsions, des sentiments, des émotions. Dans le glauque, idées noires du dedans des choses : « Je reviens d’un voyage au fin fond de ton cul / Je reviens d’un pèlerinage où j’aurai vraiment, vraiment tout vu (…) Tu es tu es si cruelle / Tu me tues à l’ouvrage. »

Le lieu est petit, les confidences grandes. La voix est douce et éraillée, qui scande et gueule d’un cri presque étouffé, charrie ses souffrances comme un travail de peine. Ça parle d’amour, en grand, en petit, en panoramique comme par la petite porte, par devant, par derrière. Ne te retourne pas

A choisir, c’est l’ultime rappel qui presque résume l’art de Ville, son urbanité contrariée : c’est Hôtel pourri, un titre d’ailleurs pas tout jeune (de 1999). Ça sent le lointain souvenir d’amour et de sperme, sources taries, désespoir, solitude, drame à venir dans un cadre sordide, pitoyable, d’où le papier peint se décolle… L’art de Louis Ville se projette : à l’écouter nous lui faisons grand écran. Les décors sont de Trauner, les ports de Fassbinder, le désespoir d’on ne sait qui. L’écriture est de Ville, désespérée, désillusionnée, sans issue. D’une poésie qui vend du chagrin, qui chagrine le vent, et n’a d’égale que celle des grands. Dans de grands vers à pied : « C’est pour ça qu’je bois / Pour ne pas être à la traine. »

A l’arrière-plan, François Pierron fait chorégraphie de sa contrebasse, sur des cordes pas si raides, à presque danser avec son instrument. Qui de la machine ou du musicien dompte l’autre, le travaille, on ne sait vraiment… Les regarder est fascinant. Ville malaxe les mots, Pierron pétrit le son, chacun vit sa vie, les deux se rejoignent de concert. Un grand, un très très grand moment de la Chanson !

 

Le site de Louis Ville, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui, c’est là. Signalons la sortie ces jours-ci du nouvel ep de Louis Ville (et les Prédicateurs) : Le bal des fous… chez Balandras éditions / L’autre distribution.

Signalons aussi que Louis Ville et François Pierron seront parmi les artistes présents à la première soirée NosEnchanteurs, le lundi 23 mars au Vingtième Théâtre à Paris, La Fête à Boris, soirée consacrée à Jean-Michel Boris, ancien directeur de l’Olympia. Ville et Pierron seront aux côtés de Céline Caussimon, Rémo Gary, Valérie Mischler, La Marquise, Jérémie Bossone, Monsieur Poli et Sève… Réservation conseillée : 01.48.65.97.90 et points de vente habituels.

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7 Réponses à Nous sommes en Ville, à tendre Louis

  1. Norbert Gabriel 26 février 2015 à 11 h 47 min

    Pas de superlatif à ajouter, quoi que… Un concert de Louis Ville, on n’en sort pas indemne, et les albums mêmes effets… Le dernier est dispo, addiction garantie !

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    • Danièle Sala 27 février 2015 à 15 h 43 min

      En fait,  » Le bal des fous » ne sera disponible qu’à l’automne prochain …Mais Louis Ville a rajouté que si j’étais trop impatiente, je n’avais qu’à demander à Norbert qu’il me copie l’EP …Je suis impatiente !!! …L’addiction , n’est ce pas ?

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  2. Danièle Sala 26 février 2015 à 12 h 51 min

    Glauque, désespéré, sombre, poisseux, poète maudit …Et je fais partie des masos qui adorent Louis Ville ! Ah! fascinant, c’est ça, il est fascinant . Et ça fait quelques années que je l’écoute avec un plaisir …Pervers ? Grâce à Norbert qui m’avait envoyé son premier album, bien avant sa sortie . Et comme je suis accroc , je vais me ruer sur  » Le bal des fous » en attendant de le voir sur scène .

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    • Norbert Gabriel 26 février 2015 à 17 h 27 min

      et moi, ça me file un pêche pas possible… Y en a marre ? Jamais !!!

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  3. catherine Laugier 27 février 2015 à 23 h 09 min

    Oyez oyez, Louis vient de nous mettre plusieurs vidéos sur YouTube, titres anciens remastérisés !

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    • Danièle Sala 28 février 2015 à 0 h 57 min

      J’ai ouï Catherine !

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  4. catherine Laugier 1 mars 2015 à 0 h 50 min

    Dehors, du nouvel album Le bal des fous: http://youtu.be/y35ZF6z5k4c

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