Leprest à l’Université
Lorsque Stéphane Hirschi (à Valenciennes) et Pascal Pistone (à Bordeaux) ont fait entrer la chanson à l’Université par la grande porte, ce n’est pas seulement une reconnaissance pour un art que certains disent mineur, c’est surtout une autre dimension qu’on lui offre.
Allain Leprest aurait certainement été touché par le travail remarquable effectué sur son œuvre et mis en lumière lors du colloque « Quand auront fondu les banquises » organisé par Pascal Pistone au Musée d’Aquitaine de Bordeaux les 15 et 16 janvier avec Stéphane Hirschi et Julie Mansion-Vaquié. Divers aspect du personnage d’Allain Leprest et de ses chansons ont été étudiés, analysées, disséqués par les divers intervenants, pour la plupart enseignants dans les Universités de Rennes, la Sorbonne, Picardie ou Toulouse. L’espace vécu dans ses chansons, autant que la construction rythmique de ses vers, l’implication sociologique de son œuvre, l’écriture originale avec ses néologisme et ses raccourcis, la justesse de la tonalité, jusqu’au timbre de sa voix et l’art de pointer ont été exposés, développés, parfois sans éviter l’écueil du jargon universitaire, évoqués par de nombreux exemples (voir en encart les différentes interventions). Daniel Pantchenko a lu un article qu’il avait rédigé pour Chorus sur Allain en 2002, Nicolas Brulebois a évoqué les relations entre Allain à ses débuts et Didier Dégremont. Des témoignages de ses amis proches ont apporté un éclairage sur sa générosité et sa curiosité sans cesse aiguisée. Didier Pascalis son dernier producteur et soutient sans faille, Francesca Solleville et Gérard Pierron ses interprètes, Jean-Louis Beydon son accompagnateur et arrangeur pendant longtemps, François Lemonnier, l’ami normand, complice sur un disque ; tous ont souligné par des anecdotes, des exemples inédits ou rares les diverses facettes d’un personnage dont le génie s’exprimait au quotidien.
Les élèves de 4e du collège Emile-Combes, qui ont travaillé sur le projet avec leur professeur Yolande Barbier, ont chanté C’est peut-être Mozart avec beaucoup de conviction, très fiers d’être accompagnés par Jean-Louis Beydon. La soirée dans la salle du bar Les Lectures Aléatoires fut aussi une révélation du formidable travail réalisé par les étudiants de la Licence « Chanson d’expression française, Jazz et musiques actuelles » de l’Université de Bordeaux-Montaigne, habitant et habillant les chansons de Leprest avec une réelle intelligence d’interprétation et beaucoup d’émotion.
Aux voix des étudiants, accompagnés au piano par Pascal Pistone, Julie Leroux et Jean-Louis Beydon, avec Jean-Luc Bernard aux percussions et Armelle Dousset à l’accordéon, se sont jointes successivement celles de Guillaume Allardi, Clémence Savelli, Yann Denis et Céline Pruvost qui a traduit Leprest en italien. Enfin, très sollicités, Gérard Pierron et Francesca Solleville n’ont pu se soustraire à leur participation très applaudie.
Le considérable investissement humain et la véritable passion qui animent les organisateurs de ce colloque, au péril parfois des contingences matérielles, méritent un regard attentif sur le contenu à plus long terme de leur travail de recherche et de formation avec leurs étudiants.
Est-ce une lueur d’espoir pour que la chanson retrouve auprès des jeunes une place qu’elle n’aurait jamais dû perdre, comme un outil non négligeable contre l’obscurantisme et la barbarie ?
Précision : le soir du concert, Françoise Kucheida (venue en spectatrice) est montée sur scène (à la demande du public) après Gérard Pierron et Francesca Solleville, pour une version magnifique de « Combien Ca Coûte? », accompagnée par Jean-Louis Beydon.
Ah la grande Françoise Kucheïda… Elle avait créé cette chanson avec Hervé Legeay à la guitare électrique, c’était grandiose… en 1998 ou 99, au Ciné 13, pour l’album « Cris du coeur »..
http://www.deezer.com/track/7191135?utm_source=deezer&utm_content=track-7191135&utm_term=13681454_1421607928&utm_medium=web
C’est réjouissant de voir Allain Leprest entrer par la grande porte à l’université . J’espère qu’il y aura des traces écrites ou sonores de ce colloque, passionnant voyage à travers les mots d’un poète, et sa façon de les exprimer . Dommage qu’il n’y ait pas eu la communication sur la gestuelle de l’interprétation, une autre fois peut être …
Il me semble que l’intervention de Fabien Rouan qui évoque .. ».j’ai envie de parler d’un mime… »évoquait cette question de la gestuelle. Mais il est vrai que le propos de Norbert était enrichi de l’observation d’une artiste sourde, communiquant en LSF… une dimension vraiment originale !
PRENEUR DE TEXTES ECRITS OU SONORES DU COLLOQUE AUQUEL J’AURAIS AIMÉ ASSISTER.