Prémilhat 2014. Les p’tits plats dans les grands
Il en est des festivals de chansons comme des êtres humains : il y en a des grands, il y en a des gros, des petits, des sages, des excités, des colorés, des métissés, des monomaniaques, des snobs, des riches… et puis il y a Prémilhat !
Sous l’impulsion d’un collectionneur amoureux fou de tout ce qui se rapporte à la chanson (il est tombé dans la marmite et refuse d’en sortir depuis des années !), une équipe de joyeux Michel(e)s s’est réunie pour organiser tous les ans un festival de la chanson francophone complètement atypique.
Par le lieu, d’abord. Prémilhat, il faut y être né pour pouvoir le situer en moins de trente secondes sur la carte de France ! Montluçon… c’est davantage connu, et depuis que la ville abrite le MU-POP (Musée des Musiques Populaires) on aurait pu penser que l’endroit serait fréquenté par les amateurs de chansons du monde entier. Il n’en est rien, puisque seule l’exposition d’affiches de spectacles parle un tant soit peu de la chanson. Il faut croire que la musique de variété n’est pas de la « vraie » musique… puisqu’on ne l’entend pas à la radio et qu’on ne la voit pas à la télévision (ou si peu !). Elle n’a donc pas droit de cité dans son musée…
Atypique par l’implantation du festival, ensuite, qui promène son public de ville en village, en hameau… et même en cour de ferme, dans des étables, des hangars et des pâtures ! Voir Michel Grange se faire câliner par une jolie chèvre blanche attirée par le son de sa guitare, ou Pauline Paris grimper sur le dos d’un taureau d’Aberdeen, ça fait partie des souvenirs que peu d’amateurs de chanson peuvent se vanter de posséder !
Atypique par l’esprit qui y règne… tant les organisateurs, les bénévoles se mettent en quatre pour essayer de rendre chaque spectacle agréable au public. Je connais peu d’organisateurs qui sont prêts à retenir les chambres d’hôtel des spectateurs, en négociant le tarif avec le même acharnement qu’il met à obtenir une subvention auprès des municipalités ou des partenaires locaux ! Le public est au cœur des préoccupations de l’équipe du festival : les files d’attente sont rendues plus agréables par des chanteurs amateurs ou professionnels qui viennent offrir quelques morceaux, pour que le temps paraisse moins long ! Le même public, s’il souhaite sortir un moment pour s’aérer un peu, trouvera une tente posée devant la salle… des fois qu’il pleuve ! Quelqu’un arrive en train ? Qu’à cela ne tienne : il trouvera une voiture pour l’amener à l’hôtel et le conduire dans chacun des lieux de spectacle…
Atypique par la programmation qui n’hésite pas à mélanger les genres, passant du jazz métissé de Noga et Patrick Bebey à la musique festive d’Aron’c en visitant la chanson « du monde », celle d’Évasion ou des Percussions de Montréal, la chanson « à texte » (la liste serait trop longue à lire… et je me ferais des ennemis si j’en oubliais !)
Atypique aussi par son « bouquet final » du dimanche après-midi, qui mélange une dizaine d’artistes confirmés et d’artistes en devenir, dans une ambiance de franche camaraderie. Comme celle qui règne, parfois, très tard, le soir, dans le hall de l’hôtel, où personne ne souhaite que le spectacle s’achève et où les guitares ressortent de leurs étuis pour un bœuf improvisé jusqu’aux premières lueurs de l’aube…
L’équipe de NosEnchanteurs ne va pas faillir à la tradition et rendra compte, cette année encore, des différents spectacles qui vont avoir lieu (voir encadré).
Le premier est pour bientôt, assuré par une artiste aussi généreuse que le sont les bénévoles de l’association : Francesca Solleville. Une grande dame de la chanson, un cœur d’or, une voix d’airain qui sait toujours vibrer et s’indigner, nous émouvoir ou nous faire sourire. Une femme généreuse qui porte haut les mots de révolte et d’amitié, une « Passeuse passerelle », comme le dit la chanson écrite pour elle par Anne Sylvestre, une autre grande dame habituée, elle aussi, de Prémilhat…
« Passeuse, passerelle / Je les ferai pour elle / Ces pas si hasardeux / Pour nous deux / Berceuse ou ritournelle / Pacifique ou rebelle / Passeuse passerai / Le relais [...] Passeuse, passerelle / Je me battrai pour elle / La porterai très haut / S’il le faut / Rengaine ou immortelle / Duo d’amour, querelle / Passeuse que je suis / C’est ma vie«
La chanson n’existe que s’il y a des auteurs, des compositeurs, des interprètes… et un public ! Le festival de Prémilhat existe chaque année, contre vents et marées, pour leur donner un lieu où se rencontrer. Ne manquez pas ce huitième rendez-vous !
Et, vu l’affiche de ce festival, on peut dire que le bonheur est dans le pré…milhat !