Coko, chanteur contre l’oubli
11 septembre 2014, café associatif « Chez ta Mère », Toulouse,
Tout juste trente ans et déjà la moitié de sa vie sur les planches ! A parcourir les rubriques de son site, on se demande ce que cette chronique pourra bien ajouter aux concerts de louanges… un dossier de presse à en faire pâlir plus d’un, dès la sortie de son premier album en 2009.
Il est vrai que l’artiste ne manque ni d’à propos, ni d’imagination ni de courage, ni d’ardeur à la tâche ! Que l’on en juge : des chansons, en veux-tu, en voilà, celles des autres, les siennes, et même des inédites ! Dans toutes les configurations : en solo à l’accordéon, en duo accordéon – guitare avec Danito (des Croquants ) pour les Chansons de 14-18 qui lui valent actuellement une bonne centaine d’engagements, en quintet depuis janvier 2014, sous le regard de Sam Burguière (Les Ogres de Barback) où l’on reconnaît notamment Sylvain Rabourdin au violon (Zorozora, Nicolas Bacchus)…Autant dire qu’il sait aussi partager, s’entourer, depuis que sa tante, Nathalie Fortin, lui a mis entre les mains des partitions des années 30. Alors, selon ses mots, ce fut une révélation, un coup de foudre, un coup d’amour, dont il ne s’est jamais beaucoup éloigné et qui l’a conduit à la sortie d’un album Chansons Oubliées 1930-1939 et à ce cabaret d’aujourd’hui. Le public choisit le programme parmi une soixantaine de titres et Coko, accompagné de Barbara Hammadi au piano, l’exécute dans la proximité et la connivence des cabarets où ces chansons là ont vu le jour, ont eu leur heure de gloire avant de sombrer dans l’oubli. Coko les arrache à cette petite mort là pour leur redonner vie avec sa voix, son corps, sa gestuelle de clown tragique, en écho aux voix de Damia, Trenet, Mireille, Fréhel, Marianne Oswald, Berthe Sylva, Marie Dubas, la môme Piaf, Fernandel, Georgius… et combien d’autres encore, ceux dont Barbara disait dans ses Mémoires interrompus : « C’étaient quand même de sérieux allumés qui, s’ils revenaient aujourd’hui, en remontreraient à beaucoup dans le non-conformisme ».
Les textes dessinent sous nos yeux les couleurs d’un temps de crise, de misère, d’un temps d’entre deux guerres, d’un temps mal foutu, mais où l’on aime, on rit, on chante…Car oui, on chante et sur tous les tons comme s’il fallait exorciser la menace. A la façon d’un Jean Anouilh, qui eut 20 ans en ce temps là, on pourrait classer ces chansons, comme lui le fit pour ses pièces, en chansons roses, noires, grinçantes, brillantes… car la tragédie, le mélodrame côtoie la farce – égrillarde souvent – l’ironie, le comique, le lyrisme et chaque fois Coko interprète, joue, comédien plus que chanteur.
Ce soir, dans ce café associatif, Coko et ses chansons ont trouvé scène à leur mesure, un petit lieu où vient une jeunesse qui se réjouit des airs et des textes qui parfois résonnent étrangement avec notre actualité.
Une autre Histoire ?
Le site de Corentin Coko, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui, c’est là.
Un trésor d’humanité et de talent, Coko et ses musiciens ! des poilus aux barbus, il est au poil !
Coko a été programmé à la seconde édition de notre festival Poèmélodies. Un excellent souvenir, en plus il a dormi chez moi. On a pu discuter de son énorme talent mais il n’en faisait pas cas. Que de chemins parcourus depuis 2008. Bravo.