Concèze (5/6) un festival dont l’écho résonne…
Qu’il est donc curieux et agréable de s’installer, de se laisser flotter dans cette douce habitude de se lever pour, tout comme la veille, venir frotter doucement sa peau contre d’autres peaux, ses oreilles contre d’autres oreilles, son âme contre d’autres belles âmes. C’est tout cela et plus encore, que ce délicieux festival DécOUVRIR de Concèze nous offre généreusement, et de quelle façon… Ah oui, petit point que j’avais omis de vous préciser, tout cela, ces quatre ou cinq concerts par soir, la présence de l’orchestre, les sourires de l’équipe, tout cela est gratuit. Par quelle sorcellerie, par quelle alchimie, allez savoir ? Il n’empêche que, tout en imaginant les coulisses incroyables de cette belle organisation, on ne peut que s’esbaudir devant ce parti pris à contre-courant total des dogmes de compétitivité et de rentabilité de notre belle société marchande. Et ce compliment n’est pas gratuit, lui…
Singulière découverte hier en tout début de soirée, avec le ping-pong verbal et musical de Jean-Pierre Milovanoff et Raphaël Lemonnier. Pianiste fort talentueux au toucher évoquant Mingus, accompagnateur ici même de China Moses l’an passé, celui-ci nous offre un contrepoint subtil et chaleureux aux textes dits avec une simplicité et une proximité désarmante. Quelques vieux standards jazzy (As time goes by, Quizas quizas) ou plus classiques tel une Gymnopédie, et la scène du festival se transforme en piano-bar à l’ambiance chaleureuse et feutrée au sein duquel, juché sur son tabouret, Jean-Pierre Milovanoff se confie à nous au fil d’une poésie simple et directe, à tel point que l’on a l’impression d’une conversation à bâtons rompus et que l’on se sent happés par cette belle présence humaine. Prose, prosodie, prosopopée, plus rien de tout cela n’a d’importance tant les mots et les confidences chuchotées viennent naturellement colorer ces mots du quotidien. Entre les Dialogues de Rousseau et les Diablogues de Dubillard, ces poèmes-chansons, ces chansons sans musiques sont de surcroit portés par une très belle diction sobre et chaude, à tel point que l’on songe parfois à la belle voix si particulière de Brassens lorsqu’il parlait. Une belle découverte.
Toujours dans le droit fil de ces enchainement très concèziens, nous retrouvons avec grand plaisir sur scène l’iconoclaste François Corbier. Oui, LE Corbier, celui-là même, mais un Corbier débarrassé de son encombrant passé télévisuel, qu’il ne renie d’ailleurs absolument pas, à tel point que le titre initial de son autobiographie était Vous étiez dans Dorothée ? Non, j’étais à côté ! Musicalement, il fait son chemin dans une veine résolument bluesy, voire country ou manouche, entouré de très bons musiciens (2 guitares, accordéon, contrebasse). Rappelant un peu en cela Wally, il se plait à intercaler entre les titres des chansons aussi courtes qu’hilarantes, sortes de haïkus hara-kiresques irrésistibles et bourrés d’humour noir. Une pêche d’enfer très communicative, par exemple lorsque le public le suit sur Les chanteurs de l’ossuaire, hommage à ces artistes vendant bien plus d’albums après leur mort… Et l’on s’amuse à reconnaitre entre les mots les carrières esquissées de Claude François, Brassens, Boby Lapointe, Gainsbourg, Dalida ou François Corbier… ! Il sait se faire aussi héraut d’une noble cause sur une belle adaptation écolo du Qui a tué Davy Moore ?, une chanson dit-il écrite en collaboration avec Bob Dylan, qui ne le sait pas… Mais derrière le nez rouge apparait volontiers, au détour d’un titre très poignant, une vraie tendresse emplie de bonhommie. Maitre Corbier sur sa guitare perchée…
Fin de soirée enfin, avec Francis Lalanne. C’est bien simple, je le tiens pour une des étoiles les plus flamboyantes au ciel de la Chanson Française. Ah non, ça c’est ce que Nougaro disait d’Allain Leprest, pardon… J’en appelle alors à Clarika : Joker !
Et demain est un autre jour…
Un de ces jours cher Patriiiiick, je te ferai découvrir (à Paris) une version du Funambule (de Caussimon) a capella, et là tu seras à genoux pour demander pardon à ton joker… je me comprends.
Dis, Patrick, c’était vraiment si mauvais que ça, Lalanne ? (pire qu’Orso ?) Il a cabotiné ? A l’occasion, tu me raconteras..
Hé bien voilà, nous sommes trois à réagir comme de juste… trois au moins à guetter la nouvelle chronique de Concèze ! toujours un délicieux moment dans ma journée ! C’est dit !
Grâce à Patrick, je sais maintenant comment m’en sortir quand je ne renonce à une chronique et que j’en garde pour moi les raisons. J’écris Joker !
Personnellement c’est pas ma tasse de thé François Corbier que j’ai gentiment évité de chroniquer à Nogent (Bernard-Dimey en 2013)… j’ai trouvé sa prestation très potache. Mais autour de moi tout le monde avait l’air de vraiment se régaler… alors je me suis dit que j’étais un peu trop nunuche pour tout saisir de cet humour-là et je me suis empêché d’écrire… Qui sait j’aurais peut-être déclenché une série fleuve de commentaires ?
Va falloir que j’y songe la prochaine fois. Comme ça j’alimenterai le soupçons de racolage sur NosEnchanteurs.
Pour conclure, tes chroniques, Patrick, donnent furieusement envie d’aller là-bas !!
On va de découvertes en découvertes avec ces festivals ! Très bien le Corbier chanteur, et Francis Lalanne a de très belles chansons aussi :
https://www.youtube.com/watch?v=MowE7qcErQ8
Tout d’abord BRAVO à ce festival GRATUIT . Bien entendu on ne peut pas tout aimer mais dans l’ensemble on ne peut qu’être satisfaits et reconnaissants pour ce festival. Tout d’abord pour le travail que cela demande à organiser, ensuite pour les artistes qui acceptent de venir sans être payés et enfin pour l’ambiance chaleureuse et humaine qui se dégage de cette belle initiative. Bravo donc à Matthias et à tous ceux qui l’entourent.
Puis j’en viens à la soirée de clôture et celle de la vieille également. La poésie tout d’abord…Où sont les vers qui coulent, les odes qui bercent, les alexandrins qui portent .. » Art d’évoquer et de suggérer les sensations, les impressions, les émotions les plus vives par l’union intense des sons, des rythmes, des harmonies, en particulier par les vers? ( Larousse ) …Matthias Vincenot, Govrache, Jean-Pierre Milovanoff, Francis Lalanne, Claude Mercutio, Laurent Bourdelas ( un peu ) oui c’est de la poésie mais les autres…des textes…plus ou moins bons…mais aucunement de la poésie !
Pour la partie chantée j’ai été bluffée par Corbier …quand il veut bien être un peu plus sérieux…mais déçue par Lalanne qui n’a aucun respect pour le public et est tellement prétentieux à faire son cinéma que j’ai refusé de l’applaudir ou d’acheter son recueil pourtant excellemment écrit ! Pour qui se prend-il ??? C’est le contraire de l’ambiance de ce festival. Je suis sortie avant la fin quand il s’est mis au piano pour la dernière. Même hier il n’a pas su s’effacer pour Matthias.
Bravo à tous pour cette dernière soirée et à l’année prochaine !
PS : les artistes sont payés
Ca c’est votre avis personnel et je ne pense pas que ce soit l’avis de tout le monde.
Si vous n’aimez pas cet homme, ses chansons ou sa poesie cela vous regarde, mais ce n’est la peine d’être désagréable comme aurait pu l’être soit disant Francis Lalanne.
Pour ma part ma rencontre avec cet homme a été un moment exceptionnelle et inoubliable.
Ce message s’adressait a madame SYLVIE LASCAUX.
CORDIALEMENT.
GRATUIT oui, BRAVO… !!! mais avec des artistes qui ne sont pas payés… Euh, là évidemment tout le monde peut en faire autant. Je ne pense pas que ce soit le cas… une telle affirmation mérite vérification… Vite Patriciiiiiiiicjk…. !!!!!
Pour couper court à toute erreur, toute rumeur : les artistes sont payés à Concèze, je viens d’en avoir confirmation, si besoin était, par un des chanteurs de cette édition 2014, des années précédentes aussi.
Salut Michel
Le soir de mon passage j’ai fait du festival un résumé en situation avec le repas… J’ai rappelé que le public ne payait pas, et que nous n’étions pas payés non plus et que c’était sans doute pour cela qu’on nous avait servi une assiette de paleron… Calembour…
En fait nous sommes défrayés et personnellement ça me va très bien. Je veux rappeler que Matthias est venu me chercher au moment où j’étais au fond du trou et que je lui dois une fière chandelle, comme j’en dois une aussi au Thou Bout d’chant de Lyon qui m’a tenu la tête hors de l’eau quand je sombrais piteusement après les années télé.
Merci Michel de rectifier tout de suite… Mais je me souviens avoir déjà entendu cette rumeur… m’en être étonnée… Donc cette information pour le moins saugrenue circule bel et bien ! Étrange, non ?
C’est quand même bizarre, ces rumeurs qui se propagent régulièrement, c’est si difficile de poser la question aux intéressés au lieu de relayer des bavardages de comptoir ?? Comme si on pouvait imaginer qu’un festival programme des artistes sans les payer, et ce depuis plusieurs années..
Au demeurant, Norbert, ça ne doit pas être le cachet de l’année. Mais, en plus du cachet et des défraiements, c’est un plaisir rare pour les artistes. Hervé Cristiani m’en avait parlé comme d’ »une semaine de colonie de vacances offerte aux artistes »
Que la rumeur cesse immédiatement ! Les artistes sont payés à Concèze. Et si le Festival est à entrée libre, nous proposons des produits dérivés, pour que la solidarité de ceux qui peuvent en acheter permette à tous de pouvoir assister au Festival.
Il semblerait que cette (fausse) rumeur soit partie d’une plaisanterie de Corbier sur scène… C’est un homme facétieux que celui-ci.
Surtout Mathias, soyez fier de cette gratuité… !! et bien entendu nous ne manquerons pas de rectifier chaque fois que l’occasion nous en sera donnée !! Mais cette rumeur ne date pas de cette édition… J’ai pu moi-même mesurer à quel point un événement gratuit pouvait faire naître d’étranges commentaires… En fait le public ne s’interrogeait pas vraiment sur les sources de financement et souvent il n’avait aucune idée du travail associatif en amont…pendant …et après !! Peut-être le mesure-t-il davantage aujourd’hui que nous avons dû définitivement renoncer à l’organisation de notre festival gratuit!… puis du festival tout court ?
Voila un sujet qui mériterait un vaste débat, ce qui est gratuit est-il respectable dans ce monde? Et en corollaire, ce qui se fait « bénévolement » est parfois mal perçu, voire suspect… L’exemple de Ferré et de ses concerts de soutien (et tout ce qui en a découlé) est parfois très mal compris, et vilipendé… Pour un peu on nous ressortirait le coup de l’anar à la Rolls… (pour les distraits qui surfent sur des infos douteuses, Ferré n’a jamais eu de Rolls)
c’est pas avec des festivals (ou festivaux…je ne sais jamais!) gratuits que le capitalisme artistique va survivre! Bande de môvés citoyens!!!
C’est vrai, Léo. Si Matthias Vincenot fait venir Stromaé dans son festival gratuit, il provoquera une telle réaction en chaîne que le showbiz pourrait s’écrouler comme château de cartes (jubilation !). Eh, Matthias, t’es pas cap’ !
Matthias EST capable de tout. Mais je ne dirais rien, na…
Etant donné le contexte framboisier de la région, il me semble qu’un groupe s’impose « La Framboise Frivole »… avec peut-être Myrtille…
J’adoooore la Framboise Frivole, enfin de la chanson mûre…
Il sont de Cassis, non ?
Je n’ai rien à dire : c’était juste pour ramener ma fraise…
Ah ! avanie et framboise ! https://www.youtube.com/watch?v=hVEk1wiUxa0
C’est amusant, de lire que je fais « un peu » de la poésie! On ne me l’avait jamais faite, encore.
Finalement, ce fameux soir à Concèze, tous les invité(e)s, dont Marie-Noëlle Agniau en ont fait, jusqu’à Corbier inclus. L’excellent Corbier. Que j’ai découvert à cette occasion.
(Mais faire du Ronsard au 21ème siècle avec un air pontifiant, merci…).
Merci à Concèze pour son invitation, c’était bien agréable.
Le 20 septembre, Marie-Noëlle est l’invitée du Café littéraire à la Bfm de Limoges, à 18h.
Quelqu’un sur scène aurait donc, pour le moins, « pontifié » lors de cette si belle soirée corrézienne..? Des noms, des noms..!!!